Compte-rendus de déplacement

Compte-rendus et retour d'expérience sur divers déplacements. Et parfois, je prend des photos.

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mardi 14 avril 2015

J’ai essayé les opticiens discount Lunettes pour tous

J’ai testé pour vous l’opticien qui fait le buzz en ce moment, Lunettes pour tous.

J’ai déjà une très bonne paire de #lunettes de vue pour mon quotidien, et je songeais à acheter une seconde paire solaire, de qualité quelconque, pour quand je me déplace à vélo ou me promène. Lunettes pour tous ayant récemment ouvert à Lyon une boutique au 3 cours Gambetta, j’ai décidé de voir ce qu’ils proposaient.

En rentrant, la première chose qui vient à l’esprit est « Oh, un Apple Store avec des lunettes ». La décoration est à base de meubles bois et blanc, avec des grandes vitrines et un plafond haut. Les personnes sont jeunes, en jeans et pantalons de cuir, avec des t-shirts bleus et des iPads dans les mains pour saisir les informations clients, et des tatouages apparaissent ici et là. L’ambiance est dynamique et le magasin très lumineux, c’est agréable. Et ne vous fiez pas aux rumeurs, il est bien possible de s’assoir sur des banquettes.

Un mardi après-midi en semaine, j’ai compté une trentaine de clients qui suivaient le parcours d’achat. Ils étaient de tous âges, mais principalement jeunes avec quelques personnes âgées en couple.

On commence par choisir une monture sur les présentoirs. Il y en a de très bien à 5€ : solides, élégantes, légères, discrètes. Le choix des formes et des couleurs est limité, mais c’est sans faute de goût et on peut trouver son bonheur dans un style classique.

Une personne recueille alors vos coordonnées et vous ajoute sur la file d’attente pour voir un technicien. Cette liste d’attente est affichée sur un grand écran et on voit sa position remonter vers la tête de liste. Ça défile vite, car le personnel est nombreux.

Rapidement, vous êtes pris par un technicien qui complète votre fiche client avec les informations de l’ordonnance. Il est possible de venir sans, mais je ne sais pas si ça implique un surcoût pour les mesures à faire alors. Hop, centrage avec l’appareil photo de l’iPad (oui, il y a une app pour ça ! 😉) sur la monture choisie, et on discute des possibilités de verres.

Je voulais des solaires premier prix. Le devis proposé est 35€ le verre unifocal pour des corrections simples, aminci 1,5, solaire, traitement anti-rayures, anti-reflets et anti-salissures. Avec la monture, le devis final est donc 75€.

Mauvaise surprise, on est loin des 10€ mis en avant. Ce tarif correspond à une monture basique — comme celle que j’avais choisie — et deux verres bas de gamme blancs nus pour des corrections simples (qu’on appel péjorativement des bouts de Plexiglas). Je n’ai pas la possibilité de faire descendre le prix en prenant un verre plus épais ou en supprimant les traitements, car le magasin n’a qu’un nombre très réduit de références dans sa gamme de produits. Je renonce.

35€ pour un verre solaire de qualité correcte avec traitements est un très bon pris en boutique, il faut compter au moins 10€ de plus ailleurs. Mais le type de lunettes que j’avais en tête peut se commander sur internet pour une grosse quinzaine d’euro.

Malgré tout, je trouve très bien les Lunettes pour tous. Les produits sont de qualité honnête, et on peut obtenir facilement et rapidement des lunettes sans tout le tralala de semi-luxe que l’on a chez d’autres enseignes d’opticiens. Oui, ça va vite — on voit le compteur 7 minutes descendre sur l’iPad — mais c’est conçu pour les personnes qui veulent aller à l’essentiel.

jeudi 27 septembre 2012

Compte-rendu de la Conférence OpenData

J'étais invité à participer à La conférence OpenData, organisée au Ministère de l’Économie et des Finances, Paris Bercy. L'objectif était de rassembler différentes acteurs qui pensent, conçoivent et réalisent les données ouvertes en France, en apportant l'éclairage de ce qui se fait ailleurs dans le monde.

Logo Conférence OpenData

L’Open Data : fer de lance de la réforme de l’État ?

Gilles Babinet

  • but de l’intervention : poser le cadre des données ouvertes dans l’état
  • toujours des réticents des administrations
  • administrations impuissantes face aux demandes des citoyennes et aux exigences complexes de la loi
  • besoin des données ouvertes pour informer les citoyens sur le statut des administrations (taille des listes d’attente, etc.)
  • des administrations bloquent l’ouverture des données pour des raisons inconnues, ou pour limiter leur charge de travail
    • la CNAM interdit la reprise des données depuis ameli.fr
    • Pole Emploi refuse d’ouvrir la base de ses CV
    • les écoles ne publient pas leurs évaluations
    • l’INPI vent la base de données de ses marques alors qu’ailleurs en Europe elles sont publiques
  • au final, très difficile d’avoir la transparence des administrations et des élus car il y a une absence d’informations publiées
  • il est critique de ne pas bloquer les initiatives citoyennes, même si elles ne plaisent pas aux administrations
  • la CNIL bloque les avancées par crainte de perte de contrôle de la vie privée. Il faut sortir de cette angoisse

L’Open Data offre des perspectives de co-création entre Gouvernements et Communautés

Jonathan Reichantal

  • but de l’intervention : retour d’expérience de la ville Palo Alto
  • quand les villes ouvrent leurs données, elles provoquent le changement dans le gouvernement national
  • la technologie de consommation de la donnée influe sur la façon de publier les données. À Palo Alto, 25% des connexions via des terminaux mobiles
  • importance des hackathons au niveau de la ville, avec présence et participation de venture capitalists pour créer des entreprises sur les projets intéressants
  • la ville montre aux citoyens comment elle travaille, et avec quelles données, pour susciter la participation et l’aide
  • fortes interactions entre la municipalité et l’université pour développer des outils qui répondent aux besoins de la ville (bugtracker citoyen, interfaces mobiles, etc)
  • approche start-up pour aller rapidement, essayer et améliorer : faire vite et pas cher dans une démarche émergente et pas monolithique
  • des citoyens mieux informés prennent de meilleures décisions
  • les entreprises se lancent dans l’exploitation des données avec un décalage sur leur publication; et uniquement si elles sont effectivement disponible de façon pérenne

La diplomatie digitale : les états au cœur de la révolution des données

Jeanne Holm, Jeff Kaplan

  • le but final de l’opendata n’est pas de publier des données mais de les exploiter. Il est critique pour les administrations de construire, stimuler et alimenter les communautés de réutilisateurs
  • aider l’ensemble des nations à se mettre aux données ouvertes via la réutilisation d’une plate-forme libre d’OpenGov.
  • forte différence culturelle entre les États-Unis d’Amérique et la France : la France voit en premier les risques, là où les USA voient en premier les opportunités d’innovations et de business
  • travailler pour inciter les citoyens à s’engager dans les projets de données ouvertes : animations sur les réseaux sociaux, organisation d’ateliers, présentation de démonstrateurs, etc. Montrer que l’administration est impliquée → évangélisme
  • éviter absolument de se positionner dans une approche de retour sur investissement pour les données publiques
  • privilégier une fédération organisée de plate-formes de publication de données plutôt qu’un gros portail unique. Mais à moduler selon la situation des pays
Example de bugtracker citoyen : la ville de Chicago

Open Data 2.0 : la valorisation des données avant tout

Philippe Reynaud

  • difficulté aujourd’hui de libérer la valeur des données ouvertes pour la création de richesse et de citoyenneté → fossé entre les attentes et la réalité
  • enjeu fort de la pertinence et de la qualité des données pour réaliser la création de richesse.
  • la démarche de l’offre est insuffisante, il y a une nécessité d’amorcer le marché des entreprise
  • aller vers la publication des données plus riches et complexes : données dynamiques, temps réel, non-structurées, préalablement traitées, etc (par exemple : les capteurs publics)
  • ne pas juste proposer des données mais aussi proposer des services
  • privilégier la publication des données ouvertes centrées sur la réutilisation à forte valeur ajoutée

Open Data : enjeux et perspectives des nouvelles diplomaties digitales

Joa Holanda, Amparo Ballivian

  • à l’étranger, on se demande pourquoi la RATP refuse de publier ouvertement les horaires de ses transports
  • retour d’expérience sur l’ouverture des données publiques au Brésil :
    • problème au niveau local car les données exposent la corruption : danger pour les personnes
    • publication des salaires de tous les fonctionnaires
    • l’opendata n’est pas une solution aux problèmes mais une des approches de résolution
  • les citoyens sont très peu concernés directement par les données publiques, mais bénéficient grandement des réutilisations qui en sont faites
  • dans les pays en voie de développement, il faut s’appuyer davantage sur le téléphone mobile que sur internet : très forte couverture télécom, mais internet est lent et éradique. Ça change la réalisation de l’ouverture des données

How it all began and where it is going…

Nigel Shadbolt

  • au début, publication scientifique d’un journal contenant toutes les données liées à un code postal. C’était une démarche illégale en UK en 2009
  • les données ouvertes sont comme le web : pour tout le monde
  • Open : licences, standards, data, participation, source. Tout doit être ouvert
  • la publication des données publiques met une pression sociale sur les administrations les moins efficaces
  • présentation de quelques publications de données publiques anglaises, et pourquoi elles sont importantes : obésité, météo, criminalité, budgets…
  • un des enjeux est la capacité à lier les différents jeux de données (ce que la CNIL en France redoute par dessus tout)

Comment l’Open Data responsabilise-t-elle l’administration face aux citoyens ?

Agnès Verdier-Molinie, Kevin Hauswirth, George-Étienne Faure

  • la ville de Chicago fait énormément d’efforts pour impliquer et stimuler les communautés locales afin de susciter la réutilisation des données publiques
  • les citoyens ne peuvent pas faire seuls le travail d’épluchage des données : il faut le soutien des administrations, de la presse, etc.
  • grâce aux données ouvertes, l’iFRAP a mis en évidence en Île de France des associations qui recevaient des subventions publiques sans publier au Journal Officiel leurs comptes, conformément à la loi
  • en France, il faut réaliser des investissements pour le développement des écosystèmes sur les données ouvertes. Et ça ne doit pas être que le rôle du gouvernement
  • en France, le cas de la CNAM qui s’oppose à la réutilisation des données publiées sur Ameli. un des exemples où une administration torpille une start-up qui réalise un usage innovant des données publiques
  • en France, toutes les institutions ne sont pas obligées de publier leurs informations. Il faut songer à étendre la loi de 1978 ?
  • Chicago : deux millions de connexions par an sur le bugtracker citoyen pour s’informer de suivre la résolution des problèmes

L’Europe en avant-garde du mouvement

Thibaut Kleiner

  • l’Europe a un rôle d’aiguillon pour inciter les états à aller plus loin dans l’opendata
  • il y a des projets au niveau du parlement européen et de la commission européenne
  • le problème et l’enjeu : comment transformer les données en une croissance économique

Technologie et tendances provenant de la Silicon Valley

Georges Nahon

  • des outils de traitement automatique de données de plus en plus performants (suggestions Amazon, etc.)
  • accélération du changement engendré par l’évolution des outils
  • le coût de création d’une start-up a énormément baissé en dix ans: aujourd’hui ça ne coûte plus grand chopes de lancer une entreprise innovante sur l’informatique
  • les réseaux sociaux ont créé des sortes de webs parallèles avec leurs propres écosystèmes économiques (applications internes sur API, etc.)
Participants à La Conférence OpenData

SNCF OpenData : Ouvrons la voie à des services innovants

Patrick Ropert

  • la SNCF est plus intéressée par les questions de mobilités que par les données
  • l’opendata est une nouvelle culture de la donnée
  • example de réutilisation : Home’n’go pour trouver un logement en fonction de critères comme le loyer et le temps de trajet maison ↔ entreprise
  • c’est le tir au pigeon sur le représentant de la SNCF : les participants à la conférence font remonter tout un tas de différents problèmes rencontrés par les gens pour accéder aux données sur les trajets de la SNCF : lignes, horaires, disponibilité, etc.

Open knowledge : Open conversations

Peter Murray-Rust, Primavera de Filippi

  • en science, privilégier les données en licence CC-0 et les textes en CC-by
  • content mining for data is a right : le droit de lire est le droit de fouiller
  • guerre ouverte entre les chercheurs et les éditeurs de publications, afin de garantir la liberté des publications scientifiques

Les applications d’après-demain

Bernard Benhamou, Daniel Dardailler, Jean-Marc Lazard

  • 65% des métiers qu’exerceront les jeunes actuels n’existent pas encore aujourd’hui
  • depuis cinq ans, montée en puissance des terminaux mobiles. mais ils ne sont pas la fin : les objets connectés sont dans le viseur
  • l’information issue des capteurs va dépasser de très loin les informations crées par les humains
  • inflexion de la donnée générique vers la donnée personnelle
  • les premières demandes des citoyens concernent des données géolocalisées
  • allers vers plus de rigueur dans la manipulation des données : validation, certification d’authenticité (signature cryptographique), métadonnées, qualité de mise à disposition, etc.
  • importance de plus en plus grande de l’aspect temporel des données : évolution dans le temps des jeux de données
  • un enjeu critique est la capacité à évaluer la véracité des données

Résultat de l’enquête GFII-Serdalab sur les données publiques réutilisables

Marc Ribes, Louise Guerre

  • Intervention sans aucun intérêt. Pas d’information sur les personnes interrogées, la méthodologie employée, et la portée de l’étude : impossible de se faire une opinion sur l’interprétation des résultats présentés. Il n’est pas prévu de publier les données brutes de l’étude. Des chercheurs et collectifs citoyens interviennent pour critiquer ces manques, la représentante de GFII-Serdalab botte en touche. Fail.

Et si l’Open Data faisait rêver ?

Hervé Derycker

  • synthèse large et blabla sans lien avec l’opendata

Notes sur la Conférence OpenData

  • Tiens, on croise aussi des gens d’OVEI2 à la Conférence OpenData :)
  • Douze appareils bluetooth sont visibles depuis ma place, aucun avec un partage public de documents mais le tethering internet est ouvert et les appareils publient sauvagement des informations nominatives innocentes. Mais que font la CNIL et la HADOPI ? Ah oui, c’est vrai : elles s’acharnent à vouloir imposer des législations obsolètes :)
  • Yeah ! On m’a félicité pour mon « super t-shirt de geek » \o/ Il s’agit de celui d’XKCD : « Science : it works, bitches »
  • On mange bien au Ministère de l’Économie et des Finances, et les portions sont généreuses (trois merguez et une tranche de bacon, ¼ de camembert, etc.) au point que je n’ai pas réussi à finir mon plateau-repas.
  • Le Ministère est vaste, avec de grands espaces dégagés et nets. On a une impression d’ordre et de recherche de fonctionnalités. Bonus : dans les bureaux on peut apercevoir des calendriers avec des chats : ça doit être un endroit agréable pour y travailler
  • Dans la salle de conférence la 3G ne passe presque pas, le wifi est bridé sur des ports, et pas d’IPv6
  • La sécurité des lieux est assurée par les douanes qui passent tous les piétons aux détecteurs de métaux. Problème : les gens entrant en voiture ne sont pas fouillés (pas même le coffre), et il est possible de faire passer n’importe quoi au travers des grilles de l’enceinte qui entourent le Ministère. Quand j’ai fait remarquer cela aux douaniers, ils ont très mal reçus mes remarques sur la protection effectives des lieux. Le théâtre de la sécurité a encore de beaux jours devant lui.
  • la tendance du moment pour les SVP : ne plus mettre son email mais son compte Twitter
  • présence de Regard Citoyen et OpenData71
  • participants fortement internationaux, âgés principalement entre 35 et 40 ans. Bonne présence des femmes. C’est appréciable
  • présence de quelques geeks : je suis le seul en tenue classique t-shirt+barbe+cheveux longs, mais un autre est habillé en orange flou avec une casquette. WTF ?
  • les français qui insistent pour s’exprimer en en anglais sans maîtriser correctement la langue, ça gonfle tout le monde.
  • info amusante : juste à côté du Ministère de l’Économie et des Finances se trouve une agence du Pôle Emploi :)
  • des photos de la Conférence OpenData

mercredi 26 septembre 2012

Compte-rendu de la seconde édition d’OVEI

OVEI, seconde édition

Dans la suite de la première édition, j’ai été invité à participer à OVEI2. Rappel : l’objectif d’OVEI est de permettre la rencontre informelle entre des élus, hauts responsables d’administrations, et experts techniques de la vie civile.

Arrivée des participants

Cette seconde édition d’OVEI avait lieu au Palais d’Iéna qui accueille le Conseil économique, social et environnemental, un soir en semaine, avec un format plus cadré que la fois précédente puisque trois ateliers étaient proposés après une session plénière. J'ai participé au premier qui traitait des questions de souveraineté et de gouvernance sur internet.

Il y avait environ une centaine de participants, avec des proportions égales de geeks et de politiques. La presse spécialisée était également cette fois plus présente, la presse généraliste représentée indirectement.

Discours d'ouverture

Jean-Paul Develoye, président du CESE :

  • c'est la crise. Saura-t'on faire évoluer les structures — et surtout les gens — pour s'adapter ?
  • difficulté au changement : problème culturel français
  • jusqu'où aller dans l'ouverture et la transparence ?
  • internet est encore décrit comme « l'aventure »
  • retour sur l'expérience d'évolution du CESE : email remplace papier, livetweet des séances, streaming vidéo. Fait peur au début, mais une fois apprivoisé est très stimulant
  • la France est un pays qui — curieusement — a peur de l'innovation
  • nécessité de la prise de contrôle par les citoyens de l'espace politique pour construire les projets de société
  • les élus et les institutions sont les responsables du status quo politique en France/ Besoin de rouvrir les camps pour les faire bouger
  • les gens sont connectés (à internet) mais déconnectés (de la politique) : ça parle mais ça ne s'implique pas

Laure de La Raudière, députée :

  • but d'OVEI : assurer un dialogue entre les geeks (qui connaissent et font internet) et les politiques (qui représentent les citoyens et leurs intérêts) sans lobbies
  • il n'y a pas de questions naïves
  • il faut comprendre le fonctionnement d'internet pour pouvoir légiférer correctement à son sujet

Benjamin Bayart, président de FDN :

  • il y a toujours un intérêt à mieux se connaître et à mieux se comprendre. Qui ça concerne ? Le monde d'internet et le monde politique
  • difficulté d'expliquer l'importance du net aux personnes qui ne le comprennent pas
  • importance de dénoncer les absurdité de la législation faite par des gens ne comprenant pas internet : droit à l'oubli, filtrage de contenus, zone de non-droit, etc.
  • la notion clé est la peur : c'est sur internet donc c'est grave/dangereux car incontrôlable
  • c'est la société qui a choisi d'utiliser internet pour réaliser son changement (technologie adaptée au bon moment), ce n'est pas internet qui change la société
  • aberration du droit à l'oubli : une fois que c'est publié sur internet, on ne peut pas forcer les gens à oublier ou à ne pas lire. Les archives sont la mémoire : on ne doit pas imposer des lobotomies; ouverture sur des dérives ultérieures de réécriture du passé

Atelier 1 : Gouvernance d'internet et souveraineté

Quinze personnes, dont six filles et zéro chat

Participants à l'atelier Souveraineté nationale et trans-frontalité d’internet d'OVEI2
  • Tour de table : chercheurs, entrepreneurs, institutionnels, direction ICANN, bidouilleurs de l'hébergement, journaliste, attachés parlementaires, hacktivistes du net
  • Problématique de la gouvernance d'internet en France : pas de responsable clairement désigné pour coordonner. Cas d'ACTA : pas de ministère initialement en charge (culture, extérieur, industrie, etc, qui bottent en touche). Réaction des citoyens qui ont pointé du doigt les délégués français, et qui leur ont demandé de rendre des comptes
  • Difficulté : pas de représentant des internautes en France, comme Chirac était le représentant des agriculteurs. Pas d'incarnation du net.
  • La culture diplomatique française est de signer des accords puis de négocier des exceptions. Problème : pas réaliste dans le cadre d'internet
  • Le politique n'a rien à gagner dans le net, donc ne s'investit pas → donc les lobbies industriels prennent le contrôle
  • Des politiques ont le réflexe d'un (supposé) pilotage du net par poussage de boutons : couper les DNS, filtrer les paquets, etc
  • Les plate-formes deviennent des territoires : dans Facebook on respecte la loi de Facebook, sur les services et serveurs Google on respecte la loi de Google. Glissement de la notion de souveraineté vers des espaces dirigés par le privé et non plus par les états.
  • Exposition des problèmes sur la souveraineté des nations sur le net
  • Pour l'ICANN : le problème n'est pas tant le poids du gouvernement US que celui du droit californien
  • La gouvernance sur internet est moins un problème de droit qu'un problème d'influence : comment obliger les autres à respecter notre volonté ?
  • Au final, on a le contrôle uniquement sur ses équipements physiques nationaux

Notes sur l’atelier « Atelier gouvernance et souveraineté »

  • très fortes discussions sur l'ICANN, son rôle (et sa supposée justification), et les acteurs qui l'influencent
  • les représentants de l'ICANN défendent farouchement leur bifteck… et son existence
  • discussion uniquement techniques entre geeks, les politiques restent en retrait. Pas sûr qu'ils aient retenu (compris ?) ce qui a été dit dans les discussions
  • durée trop courte de l'atelier
  • l'atelier aurait du être nommé « l'ICANN », ou mieux « Pour Nicolas Arpagian l'ICANN est un organisme de centralisation du net sous la trop grande influence des USA ». Là au moins on aurait compris ce qui allait être rabâché durant une heure…
  • les tentatives d'aborder un autre angle des problématiques ont toutes été torpillées pour revenir de force sur la question de l'ICANN : systèmes anationaux ou transnationaux (Freenet, TOR…), racines alternatives du DNS, systèmes parallèles et réorganisations, etc. Rien à faire : il fallait absolument parler de l'ICANN et du gouvernement américain ; très gênant car la thématique de l'atelier n'a été abordée qu'avec un angle unique, celui des institutionnels qui veulent une gouvernance forte et centralisée permettant — hypothétiquement — d'appliquer une contrôle strict sur internet. Cette centralisation étant alors contraire aux fondements technologiques d'internet, cela pose problème.

Notes sur OVEI2

Le palais d’Iéna est un bâtiment un peu étrange, avec des allures d’ancien habillé d’une décoration contemporaine. L’impression qui s’en dégage est celle des hôtels internationaux : consensuel, neutre et immémoriale. On ne retient pas son existence. Peut-être est-ce voulu pour encourager l’attention à se porter sur le travail ? Mais ça laisse un goût de fade en bouche

Cette seconde édition d’OVEI est une demi-réussite. Les geeks ont bien sûr répondu présents sans hésiter, mais si la participation des élus était légèrement en hausse elle était bien en deçà de ce que l’on pouvait espérer. Même avec une organisation en semaine en plein Paris — contrairement à l’hippodrome de Rambouillet un dimanche — les politiques ont été peu nombreux à faire le déplacement. Il y en avait des déjà sensibles aux questions du numériques — directement présents ou via leur assistant — mais les principales personnes qui auraient gagné à s'intéresser à internet n'ont pas fait l'effort du déplacement malgré tout le poids institutionnel donné à l'événement.

Les ateliers apportent un gros plus pour la stimulation des discussions, mais peuvent encore être améliorés : ils étaient trop courts, pas assez cadrés thématiquement, et avec une faible préparation des participants. Un de leurs inconvénients est de fortement segmenter les discussions ; on perd la sérendipité du rassemblement de personnes aux profiles très variés, qui discutent spontanément sur des sujets libres. Le buffet final permet de rattraper cela, mais gagnerait à être introduit par une courte synthèse des ateliers afin de favoriser le brassage pour que les groupes se mélangent au lieu de poursuivre des discussions précédentes.

La prochaine étape ? L'organisation d'un « OVEI à Lyon » !

Ressources

jeudi 19 avril 2012

Participation du collectif OpenData69 à la conférence www2012, sur les données ouvertes

Le collectif OpenData69, qui travaille pour la mise en place des données ouvertes à Lyon (et plus largement dans le Rhône) avait un créneau à la conférence internationale du web www2012.

Malheureusement, j'étais bloqué en réunion de projet mais Samy Rabih a fièrement présenté le travail du collectif dans une intervention nommée « OpenData : la libération des données ».

@misc{OpenData69:2012:OpenData-la-liberation-des-donnees,
	title = "OpenData : la libération des données",
	year = "2012",
	month = apr,
	day = 19,
	url = {https://damien.clauzel.eu/post/2012/04/19/Participation-du-collectif-OpenData69-à-la-conférence-www2012,-sur-les-données-ouvertes},
	author = "Clauzel, Damien",
	keywords = "Lyon, opendata, données ouvertes, OpenData69, Rhône, www2012",
	language = {french},
	abstract = "Présentation durant la conférence www2012",
}

vendredi 16 mars 2012

Participation au Printemps de l'entreprise

J'ai été invité à intervenir durant la 8e édition du Printemps de l'entreprise à Vannes. 200 organisateurs sur 6 mois (étudiants, chefs d'entreprise, enseignants)

Participants : surtout des étudiants, quelques enseignants et une pincée d'industriels. Fait intéressant : plusieurs enseignants étaient aussi des élus locaux.

Interventions

Conférence plénière : Des données ouvertes pour l'agglomération

Les principales questions et remarques ont porté sur l'impact des données ouvertes sur la société et l'entreprise : la visibilité de ce qui était auparavant dans l'ombre (mais accessible) inquiète parfois. Exemple : publication sur internet des évaluations des enseignants par les élèves, et moyennes des promotions. Problème d'image publique de l'université dans le cadre de l'autonomie des universités (contrainte d'attractivité vis à vis des étudiants).

Une autre remarque intéressante à concerné la notion de vie privée telle qu'elle existe auprès des adolescent actuels (partage massif au sein de petites communautés fermées); comment ces jeunes travailleurs pourront être intégrés demain en entreprise, où les pratiques actuelles sont complètement différentes.

@misc{Clauzel:2012:Donnees-ouvertes-pour-agglomeration,
        title = "Des données ouvertes pour l’agglomération",
        year = "2012",
        month = mar,
        day = 16,
        url = {https://damien.clauzel.eu/post/2012/03/16/Participation-au-Printemps-de-l-entreprise},
        author = "Clauzel, Damien",
        keywords = "données ouvertes, Parti Pirate, Vannes, OpenData69",
        language = {french},
        abstract = "Introduction à discussion sur les données ouvertes locales. Présentation du domaine, de l'environnement local, des réalisations attendues",
}

Atelier : approfondissement par le concret des données ouvertes pour l'agglomération

J'ai ensuite animé un atelier portant sur le même thème, qui nous a permis d'approfondir les questions concrètes sur la mise en place des données ouvertes, avec principalement un angle social (perception réflexive des citoyens, changement de mentalité à apporter, culture de l'acceptation de l'échec, etc).

Avec un élu et des étudiants, nous avons explorer l'impact que pourrait avoir la mise en place des données ouvertes à Vannes, ainsi que dans la vie universitaire.

Le déplacement

Accueil très chaleureux des étudiants du département informatique de l'IUT de Vannes, avec accompagnement poussé. Un vrai bonheur de se faire ainsi prendre en charge après 7 heures de train.

Actuellement, le TGV 1e classe  c'est :

  • comme toujours, je suis le plus jeune et le seul en t-shirt (geek, en plus)
  • pas de prise de courant dans ce Lyon-Paris ! Vraiment très casse-pied, je suis obligé de tirer sur la batterie du portable. Ou de migrer vers le bar surchargé, car lui a des prises de courant
  • curieusement, le train est plein à craquer alors qu'on est dans le gras d'une semaine creuse. Beaucoup trop de personnes qui lisent un document identique, avec une bannière DRAFT, pour que ça soit une coïncidence ;)

Bonus

Par mégarde, je crois que j'ai provoqué la création de la 1e cellule locale en Bretagne du Parti Pirate. Même pas honte :)

Aussi, une excellente vidéo réalisée par les étudiants du DUT informatique de l'IUT de Vannes, à la façon Bref, sur la vie d'un étudiant.

mercredi 14 décembre 2011

Participation au forum 2011 des Interconnectés

Dans le cadre de mes activités politiques (Parti Pirate Rhône-Alpes et OpenData69) à Lyon, j'étais invité à intervenir au forum 2011 des Interconnectés.

Les exposants du salon :

  • des PME inconnues, qui proposent des clones d’outils existant déjà, avec une grosse surcouche de mercatique
  • ALDIL, présente car invitée chaque année par des relations « pour apporter un contre-point »
  • quelques grands institutionnels (régions)
  • des grands groupes industriels (CISCO, VMware, Orange…)

Les Interconnectés 2011

Atelier : Le pari de l'open-data: pourquoi ouvrir mes données ?

Animateur : M. Charles Nepote, la FING

Intervenants:

  • M. Frédéric Théodore, Communauté urbaine de Bordeaux
  • M. Romain Lacombe, ETALAB
  • Mme Claire Gallon, Directrice LiberTIC
  • Mme Karine Feige, Directrice du projet SITRA
  • M. Jean-Marie Bourgogne, Ville de Montpellier
  • M. Damien Clauzel, Parti Pirate Rhône-Alpes
  • Mme Bernadette Kessler, ville de Rennes
  • M. Mickaël Douchin, Gestionnaire de projet, entreprise réutilisatrice 3liz

J'étais invité à intervenir dans cet atelier sur les données ouvertes aux côtés d'élus, de groupement de citoyen et d'entrepreneur. Nous avons partagé notre expérience sur la mise en place et le travail avec les données ouvertes dans nos communes et agglomérations respectives.

Participants et public

  • Âge moyen d’un peu plus de 40 ans, avec un écart-type pas trop grand.
  • Surtout des hommes en costumes légers. Je crois bien être le seul participant en t-shirt, ou à avoir les cheveux longs.
  • Surtout des institutionnels et des représentants locaux de grands groupes dans les télécoms et l’informatique. Quasiment pas d’élus.
  • Les gens qui portent les plus beaux costumes sont sagement assis au premier rang, à porté des caméras de retransmission :)
  • La présence du Parti Pirate surprend mais est tout à fait comprise. Les gens ont presque tous une vague idée de qui nous sommes et de ce que nous faisons.
  • Très (trop) peu de personnes capable de répondre aux interrogations techniques concrètes (interconnexion des SI' etc)
  • Une pincée de SS2L, mais militantes
  • Quelques personnes techniques, qui semblent surtout accompagner les « responsables » ayant pouvoir de décision

Ma contribution au débat a porté sur le travail de sensibilisation que nous effectuons au PPRA, ainsi que la promotion du collectif naissant OpenData69.

Il en est ressorti que chaque situation locale présentée était fortement différente des autres de part la taille, la nature des données disponibles, les besoins des administrations et les attentes des citoyens.

Les institutionnels ont compris qu’il se passe quelque chose au niveau de l’innovation, que quelque chose nommé « données ouvertes » est mis en avant (sans comprendre précisément de quoi il s’agit) et qu’il faut s’y intéresser maintenant sous peine d’être largué.

Les institutions (collectivités, administrations) recherchent des interlocuteurs pour les guider sur les données ouvertes. Pas de compétence en interne, pas de référent étatique. Du coup, elles se copient les unes sur les autres pour cloner des initiatives ; problème : les terrains varient grandement et donc les initiatives ne prennent pas sans que les gens en comprennent la raison. Il y a donc un besoin de réflexion au niveau supérieur (via des chercheurs et des experts)

Les institutionnels sont bien souvent dépassés : ils viennent juste d’intégrer les pratique de la numérisation des données, et on leur demande de « tout casser pour faire des données ouvertes ». Ils manquent grandement de compétences informatique et ingénierie en interne. Ils sont très peu intéressés pour renforcer leurs effectifs à ce niveau car ils considèrent que ce n’est pas leur mission de « faire de l’informatique ».

Des gens parlent encore du « numérique » comme s’il s’agissait d’un domaine à part. Problème : notre société repose désormais sur internet, et est donc de facto numérique.

En réponse aux beaux discours des groupes industriels, les défenseurs du libre interrogent sur les conditions d’accès et de réutilisation aux données. Bottage en touche gêné, il est sous-entendu que les grands industriels préfèrent vendre les données publiques qu’ils produisent (WTF ?).

La dimension des données ouvertes qui revient le plus souvent est celle de la cartographie avec les SIG. OpenStreetMap apparaît comme la base standard pour construire des outils de présentation des données géolocalisées.

On repère très aisément deux catégories de participants : ceux qui savent ce qu’ils disent quand ils évoquent les données ouvertes car ils ont mis les mains dedans, et les gestionnaires qui parlent de « projets » et de « volonté » sans vraiment savoir ce que ça implique sur le terrain derrière.

Il n’y a pas de cadre général des données ouvertes en France : chaque terrain est différent : origine du projet, acteurs moteurs, communauté des utilisateurs et des réutilisateurs, etc.

Conférence plénière : Repenser le politique à l'heure du numérique: vers un gain démocratique ?

J'étais également invité à participer à la session plénière sur le thème « Repenser le politique à l'heure du numérique: vers un gain démocratique ? » aux côtés de plusieurs élus. De part la composition du panel, c'était LA session potentiellement la plus intéressante de la conférence, mais aussi la plus agitée[1].

Animateur : M. Patrice Carré, France Télécom Orange

Intervenants :

  • M. Dominique Cardon, sociologue et chercheur
  • M. Fabrice Dalongeville, vice-président de l'AMRF et maire d'Auger-Saint-Vincent
  • M. Daniel Nouaille, président de la Communauté de Communes du Val de Vienne
  • M. Benjamin Lancar, conseiller régional d'Ile-de-France
  • Mme Pascale Luciani-Boyer, maire-adjointe de Saint-Maur-des-Fossés et vice-présidente de l'association des maires d' Ile-de-France
  • M. Damien Clauzel, Parti Pirate Rhône-Alpes

L'idée était de discuter sur l'impact d'internet sur les pratiques démocratiques en France (prise de décision, retour des citoyens, etc.)

J'ai été très agréablement surpris par les positions de Benjamin Lancar[2], qui allait à l'encontre de celles défendues par les autres membres de son parti UMP. Il a fait un très joli plaidoyer en faveur de l'ouverture du travail des élus en direction des citoyens, et sur l'importance de la transparence et de l'application des prises de décision sur les sujets sensibles tels que l'attribution des logements sociaux. Sa proposition d'associer les citoyens aux commissions d'études des demandes est une idée que pourrait totalement défendre le Parti Pirate.

Ma principale contribution a été d'exposer la problématique de l'augmentation de l'envie de démocratie participative exprimée par les citoyens au travers d'internet.

Évolution de la pratique démocratique en France

Il y a un siècle de cela, le temps politique et la représentation du peuple n'était pas les mêmes qu'aujourd'hui. Les gens choisissaient un lettré — au sens premier du terme, car peu de gens savaient lire et écrire —et l'envoyaient à Paris pour les représenter. Le voyage était long (parfois plus d'une semaine) et les correspondances épistolaires rendaient les discussions assez longues.

Avance rapide en 2011. L'analphabétisme a presque disparu de France, les déplacements sont aisés et les communications instantanées. Les personnes échangent massivement sur les réseaux sociaux, commentent l'actualité et expriment leurs opinions. Tout naturellement, les critiques (bonnes ou mauvaises) de leurs élus font parti des sujets abordés.

La suite logique est pour les citoyens d'interpeller leurs élus au travers de ces outils informatiques. Là où avant les secrétariats et les portes fermées des bureaux isolaient les élus, ils se retrouvent désormais beaucoup plus proches des citoyens. Voire même trop proche d'après certains élus… Le reproche qu'ils font est de se sentir scrutés par les citoyens qu'ils représentent, l'un parle même « d'invitation forcée dans mon bureau pour regarder par dessus mon épaule ».

En exprimant un désir fort de s'impliquer dans la prise de décisions politiques, et d'une façon plus large d'avoir un impact sur leur vie quotidienne, les citoyens se réapproprient des sujets qu'ils avaient délaissés; ou même jamais abordé.

La démocratie liquide

J'introduis ensuite la notion de démocratie liquide, concept simple à comprendre. Il s'agit d'une technique de vote qui correspond aux caractéristiques suivantes :

  • délégation transitive des voix : un votant peut confier tout ou une partie des voix dont il est dépositaire à une ou plusieurs autres votants. Un votant à qui on confie des voix peut les exprimer ou les confier à un autre votant
  • contrôle des voix : à chaque instant, un votant peut savoir qui est détenteur de sa voix, et la récupérer s'il le souhaite. Il peut alors la confier de nouveau à un votant, ou la conserver pour l'exprimer
  • le vote se déroule durant une période déterminée, à l'issue de laquelle les voix sont figées et leurs détenteurs les expriment.

Le résultat est un système fluide où les voix circulent et s'accumulent après des personnes estimées les plus compétences ou représentatives parmi les votants. Les différentes méthodes habituelles de calculs peuvent être utilisées pour départager les choix : majorité absolue ou relative, méthode de Condorcet, proportionnelle, etc. La démocratie liquide est une technique de vote et non pas une méthode de calcul des voix.

La remise en question de la place de l'élu

La question que je pose au final est de déterminer quels sont désormais les places et rôles des élus dans une société où les citoyens leur reprennent une partie des responsabilités qu'ils leurs ont confié.

Le résultat fut épique : applaudissements de l'audience et outrage des élus du panel (surtout UMP, Lancar excepté car il se pose des questions similaires). Les réponses des élus ont fusé spontanément et dans le désordre. J'ai relevé entre autre :

  • Pascale Luciani-Boyer, élue UMP : « je crois au geste de mettre un bulletin dans l'urne. Pour moi c'est un geste important et vital dans notre société »
  • Daniel Nouaille : « oui mais là ce que vous proposez c'est l'anarchie ! Plus d'élus, tout le monde est chef et chacun se mêle de n'importe quoi ! »
  • un élu semblait un peu perdu, le regard fuyant, dépassé en prenant connaissance de cette question et surtout de la réaction de la salle.
  • Patrice Carré , l'animateur du panel et historien, était amusé par les réactions et partageait ce constat historique et social.

Apparemment j'ai touché un point sensible : le rôle et la porté de l'élu. Je l'explique entre autre par le fait que nombreux sont les élus qui ont choisi de faire carrière dans ce milieu, allant de mandat en mandat. Ils n'ont alors pas de « vrai métier » en dehors de celui d'être « élu ». D'où la peur engendrée par la remise en question de leur activité professionnelle. À mon sens, c'est là une partie du problème : être élu n'est pas un métier, et on ne peut donc pas y faire carrière. La société civile bénéficierait du renouvellement des personnes en charge de la piloter. Pour moi, quand un élu passe du siège de maire à celui de député, pour ensuite aller vers un siège de président de région, pour enfin redevenir maire, il ne s'agit pas d'un changement mais d'une relocalisation. La société ne bénéficie pas de l'apport de compétences et d'idées fraîches, et donc stagne.

Une autre partie du problème est qu'il n'y a pas de véritable statut juridique de l'élu, avec cotisation (chômage, retraite, etc) associées. Un élu qui arrive en fin de mandat se retrouve sans emploi, et ne peut donc compter que sur les particularités spécifiques prévues (identités de départ, caisse, etc) ou sur le soutien de son parti politique afin de leui procurer un autre mandat. Cette approche me déplait fortement car des groupes de personnes travaillent donc à maintenir leurs statuts, alors que leur principale activité doit être de travailler sur les tâches que leur a confié la société.

D'une façon générale, ce qui est ressorti de cette session est que les élus ne sont pas à l'aise avec les outils numériques et les pratiques sociales sur le net, ont peur et se sentent dépassés car en perte de contrôle.

Conclusion

Le bilan que je fais de cette journée de rencontres collectivités-entreprises est que les membres de la société civile sont très inégalement à l'aise avec les pratiques liées au numérique : valorisation des données, échanges sociaux de masse, gestion collective… Il y a (encore !) un gros travail d'information à faire sur l'impact du numérique dans la vie quotidienne. Si les collectivités locales ont pris en main leurs obligations légales, elles restent néanmoins en retrait pour accueillir les citoyens dans cette démarche d'ouverte et de collaboration.

Notes

[1] Heureusement, à part une Rageuse qui a interpellé une élue UMP sur les illuminations de Noël, ça s'est plutôt bien passé. Tendu car des positions surprenantes se sont révélées, mais correct.

[2] quel dommage que sur Twitter il soit aussi tête-à-claque, s'il faisait moins de communication politicienne, on découvrirait qu'il a des choses très intéressantes à dire.

dimanche 24 juillet 2011

Compte-rendu de la première édition d’OVEI

OVEI ?

J’ai été invité à participer à la première édition d’OVEI, organisée par Bruno Spiquel (expert technique à la HADOPI et entrepreneur) et Laure de La Raudière (députée). L’objectif d’OVEI est de permettre la rencontre informelle entre des élus, hauts responsables d’administrations, et experts techniques de la vie civile. Étaient présentes 59 personnes autour d’un barbecue fédérateur.

J’emploi ici les termes « geeks » et « politiques » pour coller à la terminologie choisie par OVEI. Il serait plus correct de parler d’élus, d’administrateurs, de développeurs, de magistrats, de sysadmins, de chercheurs, etc. Mais faisons simple.

Je suis donc parti de Lyon de bon matin, accompagné de Romain Rivière venant de Genève, pour passer le weekend à Rambouillet. Hasard des choses, nous avons ramassé dans le TER deux « geeks » (en opposition à « politiques » pour cette journée de rencontre) et fini le trajet dans le tank étiqueté de Spyou.

OVEI, en pratique

Lancement de la journée par trois interventions sur :

  • l’évolution des moyens de partage des savoirs au travers de l’histoire, et les révolutions de société que cela à engendré;
  • internet et sa résilience face aux pannes et à la division, avec en perspective de l’autonomie;
  • le droit de réponse, puis le droit au secret dans les affaires publiques.

Discussion sur les questions de droit au secret dans les affaires publiques.

Discours d'ouverture d'OVEI

Discussion à propos du droit de réponse sur internet :

  • problème de la législation française dans un internet structurellement transnational
  • pertinence de la législation actuelle :
    • internet autorise la publication personnelle sans restriction ni filtrage, contrairement aux médias unidirectionnels tels que la presse papier et la télévision où la publication est liée à l’acceptation par un directeur des contenus éditoriaux
    • la publication peut être réalisée via des outils décentralisés ou qui ne permettent techniquement pas d’y associer une publication tierce[1]; comment alors gérer un droit de réponse obligatoire ?
  • introduction de la notion de « même médium » pour appliquer le droit de réponse : publication sur un « espace de communication » → réponse au même endroit. Problème de la définition d’ « endroit » (mashup de données externes) et de mise en pratique.

Ma réflexion actuelle est que le droit de réponse, défini initialement par la loi de 1881, n’est pas adapté à internet qui a une approche multidirectionnelle sans barrières. Là où la loi originale permettait à une personne de bénéficier d’une garanti de prise de parole « juste » quand elle était nominalement concernée, internet met sur un pied d’égalité chacun en lui permettant de s’exprimer; cet aspect du droit de réponse perd alors son sens.

En revanche, internet introduit possiblement une différence sur l’exposition : certaines publications ont plus de visibilité que d’autres; comment alors garantir à un droit de réponse une diffusion semblable à la publication originale, sachant qu’on ne peut pas obliger les gens à consulter une ressource[2]. Tiens, d’ailleurs si l’auteur était anonyme ou que la publication avait lieu hors de la juridiction française, on ferait quoi ?

Discussion sur le grand banditisme sur internet :

  • montée en puissance de l’argent liquide numérique anonyme (bitcoin, carte VISA prépayée)
  • problème de l’insuffisance des compétences chez les enquêteurs et les juges face à l’évolution des technologies et des pratiques.
  • partage d’anecdotes sur la rencontre informaticien + numérique + police.

Discussion sur le TLD rebelle et autogéré .42 : intérêts, approches techniques et sociales, conséquences. Pourquoi le faire au juste ? Parce qu’internet permet cette liberté, et en protestation à la politique de gestion de l’ICANN.

Discussion sur la nature et l’approche politique du Parti Pirate. Comparaison avec les Verts à leurs débuts (d’abord en opposition en Allemagne sur les missiles nucléaires, puis conception d’un projet de société).

(On me murmure que des geeks, pour conclure dignement cette journée, ont grassement trollé[3] des gens de la HADOPI. Je n’ose le croire tellement c’est inconcevable :)

Ce que je retiens d’OVEI

Le concept est validé : une rencontre informelle permet aux différents acteurs de se rencontrer sans pression et de s’apprivoiser. La forme est à ajuster légèrement pour inciter et renforcer les échanges : le cloisonnement est un réflexe fort, probablement en raison de centres d’intérêts trop différents au premier abord.

BBQ OVEI

Les politiques sont arrivés avec des exemples très précis de problèmes qui les touchent directement, principalement liés à leur image et activité publique. Les geeks sont arrivés les mains dans les poches et la bouche en cœur, appâtés par la promesse d’un BBQ arrosé gratuit.

Je m’attendais à plus de questions techniques sur le fonctionnement du net et les implications de faisabilités des technologies, mais en fait les discussions ont portées sur des principes de société et de comment il était possible de les imposer sur internet. Cela a fait tiquer les geeks présents qui étaient de culture principalement libertaire.

Les politiques ont une approche très nationale du net, centrée sur sa partie web, et posent comme prémisse que les problèmes qu’ils souhaitent traiter se font au travers de la législation française. Faire remarquer que les acteurs (entreprises ou personnes) qu’ils veulent cibler peuvent se trouver entièrement à l’étranger[4] (ou même nul part) leur fait grincer les dents car cela les confronte à leur incapacité d’intervention. D’où quelques réactions irritées à base de « on est supposé ne rien faire alors ? »; si j’avais la solution je leur donnerais avec plaisir, mais je ne l’ai pas. Il va falloir qu’ils intègrent le fait qu’on ne peut pas légiférer pour internet comme pour le territoire français, car la police n’a pas les mêmes capacités d’intervention pour y faire appliquer la loi[5].

Si les politiques ont compris qu’internet est de nature décentralisée et maillée, ils ne l’ont pas nécessairement intégré : le réflexe du Minitel 2.0 n’est jamais très loin.

Le pâté de Chartres, c’est délicieux ! Mais faire un BBQ sur un hippodrome sans viande de cheval c’est un peu de la tromperie sur la marchandise :)

Les politiques peuvent se montrer très chatouilleux face au troll gentil, là où le geek ne voit qu’une occasion de tester des éléments d’argumentation. Ah, la différence de culture… Il est possible que cela soit lié à la pratique régulière par le geek de l’autodérision et de la critique franche pour éviter les ambiguïtés; on peut également songer à l’importance que peuvent attacher les politiques à leurs image publique, là où les geeks seront davantage chatouilleux sur la remise en question de leurs compétences.

Les geeks aiment afficher leurs convictions et étaient facilement identifiables sur leurs natures et leurs activités… à conditions de savoir interpréter leurs déclaration d’appartenance; exemples :

  • pin’s π et parle de .42 : membre de la Quadrature du net et participe au projet 42Registry;
  • sticker Parti Pirate et t-shirt cypherpunk : travail contre HADOPI et fait la promotion des pratiques cryptographiques.

Les politiques sont difficiles à décrypter au premier regard pour les geeks : qui appartient à quoi, et s’occupe de quels problématiques. En effet, ils ne portent pas de t-shirts à message ;) Un badge serait alors le bienvenu.

Je suis conforté dans mon idée de monter une micro-entreprise pour faire du négoce de bitcoin en France et en présentiel. Juste pour le lulz vis à vis de la législation, et voir ce que veut dire de matérialiser des transactions monétaires structurellement immatérielles.

J’ai énormément apprécié que l’on arrive enfin à rapprocher les politiques des geeks; cela aurait été impossible y a encore 5 ans, comme quoi les choses s’améliorent quand on se donne du mal. Vouloir légiférer sur internet sans écouter les informaticiens est une aberration, surtout quand ce sont eux au final qui le font fonctionner et non pas le législateur.

Compléments

Notes

[1] Exemple : instance StatusNet ou liste de diffusion à émetteurs restreints

[2] le premier qui dit « on n’a qu’à obliger les FAI à envoyer à leurs clients les droits de réponse ! », je le mord

[3] Pour mémoire, le troll n’est pas nécessairement méchant : il peut aussi être affectueux. Sauf quand il s’agit de VIM et d’EMACS, car tout le monde sait que VIM est clairement supérieur ;P

[4] Par exemple, un éditeur canadien de contenus lus par des francophones, et qui aurait ses infrastructure en Chine pour des raisons de coût. Des politiques insistaient pour revendiquer que le droit français doit pouvoir être appliqué (par exemple, pour le droit de réponse). Personnellement, je ne vois pas de possibilités techniques et juridiques de le faire. Le législateur doit intégrer les contraintes externes imposées par les environnements numériques.

[5] Et une loi non appliquée on sait ce que ça donne…

mercredi 15 juin 2011

Compte-rendu d'ITS2011

Contexte

Du 6 au 8 juin 2011, j'ai participé au congrès international ITS2011 sur la thématique de la mobilité intelligente : les systèmes d'informations pour le transport durable des biens et des personnes en région urbaine. Pour faire simple, il s'agit d'ajouter de l'intelligence dans les transports en ville via l'informatique.

The main focus of the Congress will be "Intelligent mobility - ITS for sustainable transport of persons and goods in urban regions", paying particular attention to the following topics:
  • Co-modal urban transport management
  • Electromobility
  • From cooperative systems to integrated mobility services
  • From smart concepts to successful implementation
  • Governance and business issues
  • Information and communication: providers and users
  • ITS for adaptive and resilient cities

Le congrès était fréquenté par trois types de personnes :

  • les Décideurs Stratégiques, habillés de somptueux costumes, venus pour faire la promotion de leurs entreprises et discuter avec les élus locaux et les représentants du gouvernement;
  • les commerciaux, habillés de moins beaux costumes, étaient présents pour vendre les services de leurs entreprises;
  • les ingénieurs, habillés de chemisettes, s'occupaient de tenir les stands, d'assurer les démonstrations et de répondre aux questions.

Vous l'aurez compris, pas d'informaticiens-barbus, ni de techno-wiz en t-shirt. Les scientifiques présents, via les programmes de la commission européenne, s'étaient réfugiés dans des salles à part pour travailler. À côté des hôtesses en tailleur de chez Orange, j'ai donc régulièrement attiré l'attention. Heureusement que le stand de l'ITS France (avec sa machine à café) était plus accueillant : il servait de point de ralliement aux chercheurs.

Quelques éléments du congrès

Orange Business Services : rien d'intéressant, Orange se focalise sur son modèle économique historique : vendre de la bande-passante. Développement de petites applications pour terminaux mobiles afin d'accéder aux réseaux sociaux tout en roulant (vocalisation de statuts Facebook, reconception d'interface web, etc)

Véhicule électrique de Mia, avec instrumentation par Orange

Véhicule électrique de Mia, avec instrumentation par Orange

Renaud Truck propose des logiciels pour assister les professionnels de la route. L'idée est de croiser des outils de géolocalisation, de capture d'image et de transmission de données afin de proposer des facilités aux besoins spécifiques des chauffeurs (capture de preuve sur l'état de la cargaison, par exemple). Également, des outils de calcul d'itinéraires et de tournées adaptés aux contraintes des camions (taille, poids, manœuvrabilité, réglementation, etc).

Ailleurs, rien d'intéressant : des voitures équipées de « tableaux de bord intelligents » (comprendre : qui intègre les capteurs de recul au lieu d'avoir un écran déporté), des systèmes d'analyses vidéo pour repérer et quantifier les embouteillages, des récepteurs satellites en veux-tu en voilà couplés à des bases de données privées… En dehors de quelques prototypes industriels sympathiques (drone aérien ou simulateur de conduite), rien d'innovant mais plutôt des intégrations de technologies existantes.

La vidéosurveillance est en très forte augmentation. Les arguments avancés sont des besoins en image de points stratégiques pour la congestion des transports et la sécurité des personnes, mais en pratique rien n'empêche l'usage parallèle des images pour la surveillance des personnes.

Dispositif de vidéosurveillance urbaine

Dispositif de vidéosurveillance urbaine

Niveau recherche, l'accent était mis sur les calculs d'autonomie des véhicules électriques. En fonction de l'usage (vitesse, charge, chauffage, musique, etc) et de l'environnement (qualité asphalte, vent, température) la tension de la batterie évolue différemment. D'où des besoins en analyses et prédictions des usages. Des idées de croisement des informations (trafic, météo, etc) des opérateurs de routes avec celle de la voiture pour affiner les calculs.

Aussi, des questions d'ergonomie : il faut utiliser des grandeurs utiles (kilomètres ou minutes restants) et pas abstraites (joules, watt, etc) qui ne donneraient pas d'info « utiles ».

Ce que je retiens du congrès

Un véhicule doit forcément être électrique, les autres technologies (gaz, pétrole, etc) ne sont même pas évoqués. En discutant avec les ingénieurs, on se rend compte que tout le monde est déjà passé dans l'après-pétrole au niveau des transports. Selon les cycles de vie des technologies (par exemple, 10 ans pour les camions), les avancés sont plus ou moins visibles, mais la solution des véhicules hybrides est évacuée : l'avenir est purement électrique; conserver 2 approches est trop coûteux.

L'expression clé du congrès était « interopérabilité ». Comprendre « interopérabilité technique », c'est à dire comment on peut interconnecter différents systèmes pour les faire travailler ensemble. Par exemple, pour croiser les informations de la ville sur l'encombrement des routes, le remplissage des stations Velo'v et les bus des TCL.

L'idée est très bonne, à un détail majeur près : PERSONNE n'est motivé pour ouvrir les données de ses systèmes. Donc chacun se regarde en chien de faïence, et rien n'avance sauf en dehors de « partenariat stratégique ». L'expression « open data » revient souvent, portée comme étant LA solution, mais dès qu'il s'agit d'ouvrir ses systèmes les entreprises refusent. Le problème est que les directions commerciales n'ont aucune réelle idée sur comment valorisée les données provenant de leurs systèmes, et que les directions juridiques bloquent de peur de se prendre des procès pour avoir exporter des données personnelles.

Drone radiocommandé de vidéosurveillance

Drone radiocommandé de vidéosurveillance

Le libre n'est jamais spontanément évoqué dans les discussions, en partie à cause du fait que les dirigeants ne sont pas au courant de ce genre d'approche. En revanche, les ingénieurs sont très intéressés (et même impliqués), le problème étant les politiques des entreprises qui bloquent sur les évolutions du droit d'auteur. De nombreuses réalisations présentées durant le congrès s'appuient sur le libre (serveurs, techno, etc) mais cela n'est jamais évoqué; un démonstrateur (commercial) a même eu l'air gêné quand j'ai posé la question à son « expert technique ». Il faut croire que c'est mal vu dans le domaine du transport.

La cérémonie d'ouverture était aussi longue qu'ennuyeuse, encombrée par des discours d'hommes politiques (oui, pas de femmes dans le transport) qui sont repartis aussitôt après être intervenus. Gérard Colomb et Jean-Jack Queyranne aiment bien mettre en valeur ce qu'ils disent faire en matière de transport, mais acceptent rarement d'en débattre avec des citoyens et des chercheurs; on se demande pourquoi… Ah si, je sais en fait : les TCL sont exécrable en matière de transport en commun, et personne n'ose faire quoi que ce soit. Sans parler de l'absence de réflexion sur les infrastructures de transport dans le projet du Grand Stade lyonnais.

Le buffet qui a suivi la cérémonie d'ouverture était quelconque : champagne bas de gamme pas assez frais, jus de fruits reconstitués, et petits-fours tellement gras qu'ils luisaient de mille feux sous les lumières. Heureusement que les canapés à la sauce de Roquefort ont sauvé les meubles.

Bonus

Mes photos sont sur Flickr.

Vidéo improvisée d'interludes artistiques durant la cérémonie d'ouverture. WTF ?! Première fois que je vois cela à un congrès technologique.

jeudi 10 février 2011

Participation au cercle de réflexion sur « L'économie numérique, les libertés publiques et les biens communs »

J'étais invité à participer au cercle de réflexion des Radicaux de Gauche, sur la thématique « L'économie numérique, les libertés publiques et les biens communs ».

Mes interventions ont porté principalement sur l'évolution des pratiques du partage de la culture dans notre société, et la nécessité d'adapter les modèles économiques actuels. Et ce de gré ou de force, car puisque les pratiques changent, la législation et l'économie doivent les suivre et non les prescrire.

@misc{Clauzel:2011:Regard-sur-le-partage-de-la-culture-le-cas-de-la-musique-en-France",
        title = "Regard sur le partage de la culture — le cas de la musique en France",
        year = "2011",
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        author = "Clauzel, Damien",
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        abstract = "Introduction à discussion avec le Cercle de réflexion des Radicaux de gauche sur Lyon, sur le thème du partage de la culture et des connaissances",
}

mardi 10 novembre 2009

Compte-rendu d'InCos2009

Avant-propos

Pour ce billet, je vais essayer quelque chose de nouveau en y introduisant une touche de sémantique. Ainsi, les passages strictement scientifiques seront en gras, mes remarques personnelles en italique (à lire à la manière d'apartés), et le reste en normal. Naturellement, des combinaisons sont possibles : je peux très bien faire une remarque scientifique en gras et italique.

De cette façon, les personnes voulant aller droit au but pourront juste se contenter de lire les parties qui les intéressent, alors que celles prenant un café auront le temps de le terminer en considérant mes bafouilles :)

Le déplacement

Plaza real Armé de ma profonde non-maîtrise de la langue espagnole (pour tout vous dire, mon espagnol est encore plus mauvais que mon néerlandais, et je n'arrive à parler néerlandais que lorsque je suis totalement ivre; c'est dire le niveau), j'ai donc débarqué à l'aéroport de Barcelone. Aéroport qui, naturellement, ne porte le nom de Barcelone que par un surprenant hasard vu la distance qui sépare ces deux endroits…

Plage de Barcelone Honnêtement, Barcelone est une ville superbe : des vieux quartiers, des œuvres d'art moderne un peu partout, des immeubles au style design… En plus, il y fait beau et chaud, mais pas trop. La mer est juste aux pieds de la ville, et surtout le nombre de palmiers au mètre carré est limite indécent. Je vous le dis, moi : il faut relocaliser SILEX à Barcelone :)

La conférence

Il s’agissait de la première édition de la conférence, ce qui expliquait son flottement sur le papier. En revanche, une fois sur place tout était clair.

Séance de postersJ’ai donc assisté aux présentations qui nous intéressent dans SILEX; deux thèmes se sont dégagés :

  1. réseaux sociaux : interconnections, services web, exploitation, analyse nœuds forts, critiques, etc)
  2. e-learning :
    • en s'appuyant sur les plates-formes sociales
    • s'appuyer sur Wikipédia (récupérer automatiquement des groupes de ressources liées au thème)

Globalement, la conférence avait un niveau moyen, mais correct. Les thématiques flottaient un peu, mais les organisateurs ont maintenant une vision plus claire de ce qu'ils veulent faire. Pour moi, le principal intérêt de cette conférence était de discuter avec les espagnols qu’on ne voit habituellement quasiment jamais en France.

Comment reconnaître un espagnol dans une soirée ? C'est celui qui parle le plus fort. Comment savoir qu'on est à une conférence espagnole ? Tout les locaux parlent fort !

Il y avait beaucoup, beaucoup, mais alors beaucoup d'asiatiques (chinois, japonais, thaïlandais); ils sont partout désormais ! Ce qui les intéresse surtout :

  • télécom, surtout mobilité
  • e-learning :
    • langue (anglais oral, pour conversation)
    • reprise individuelle des cours d'un professeur (rejouer les annotations et schémas du prof au lieu d'avoir juste le résultat statique)

L’authentification biométrique, c'est un peu la loose quand ça ne fonctionne pas, surtout en plein écran sur le vidéo projecteur : être logué en dehors de sa machine car on a les doigts gras, c'est pas lol du tout :) Bref, les chinois ont pleins de gadgets sympa dans les poches, mais la qualité est… chinoise, on dira.

Travaux intéressants vus sur place

Je n’ai rien vu qu’y ait spécialement retenu mon attention, mais j’ai malgré tout noté quelques petites choses qui m’ont titillé.

Group Intelligence: a distributed cognition perspectivePoster « Group Intelligence: a distributed cognition perspective » : vision du web 2 selon un point de vue de cognition distribuée.

Educational Games based on Open ContentPoster « Social Educational Games based on Open Content » : le but de leurs travaux est, entre autre, d'arriver à mettre en place un système d'e-learning ludique construit automatiquement à partir de ressources libres; ça peut être des jeux de questions-réponses, de coloriage de cartes, etc. J'aime bien l'idée, mais je n'en sais pas suffisamment sur leurs approches pour dire ce que ça vaut.

Miloš Kovačević, un serbe, qui travaille sur la création automatique de moteurs de recherche spécialisés à partir d'une simple liste d'URL. Par exemple, on lui fourni une collection de liens pointant vers des ressources choisies par un enseignant pour documenter son cours, et l'outil va construire automatiquement un corpus étendu à partir des liens hypertextes initiaux, pour ensuite alimenter un moteur de recherche; du coup, avec juste quelques liens on se retrouve avec un vaste ensemble de documents. Il cherche à améliorer son travail en collectant automatiquement des ressources jugées pertinentes, en se basant sur la navigation de l'utilisateur, ses échanges avec d'autres personnes, etc. Donc, hop des traces.

Ma présentation

Passant en dernier, j’avais décidé de réveiller la salle en dynamisant un peu la présentation; pas de doute, ça a marché : c'est moi qui ai distribué le plus de cartes de visite dans le panel (bon, OK, les traces modélisées ont intéressées les gens bossant sur la collaboration et l'apprentissage; mais quand même). Un des participants du panel n’étant pas présent, j’ai pu (discrètement :) récupérer son temps de parole pour continuer à discuter sur les traces.

D'ailleurs, le LIRIS devrait vraiment donner des cartes de visite aux doctorants, car là j'ai lâché mes cartes pro à moi, et pas celles aux couleurs du labo… (mais je ne me plains pas, hein ;)

Retours et questions

Expliqué simplement, avec moult dessins et pas de choses qui font peur, le concept de la trace modélisée est facilement compris; surtout en l'appuyant dès le début avec des exemples concrets. Les questions ont porté sur :

  • la possibilité de raisonnement à partir des traces : j'ai tracé en deux lignes le RàPET
  • la nature du modèle : j'en parlais beaucoup mais n'en montrais jamais concrètement. J'ai commencé par sortir un bout de RDF, mais comme j'ai senti que ça ne passait pas j'ai repris ma métaphore de la boîte à chaussure et du catalogue; et là c'était bon.
  • l'utilisation des traces pour fournir à une classe d'élèves des information sur leur travail, leur activité, etc. Comme je ne sais pas vraiment ce qui se fait dans l'équipe en terme de traces dans les EIAH, j'ai renvoyé vers le site de SILEX.
  • les gens du e-learning sont d'accord avec le fait qu'on ne peut pas se passer de l'intention et de l'objectif quand on travaille avec des traces modélisées pour l'humain
  • quid de l'utilisations des traces passées ? J'ai déroulé l'exemple de KM à base d'insertion d'image dans Word (très très bien cet exemple pour faire comprendre aux gens l'utilisation de traces)
  • est-ce qu'on n'a pas peur de rater des informations sur l'utilisateur dans son activité ? J'ai répondu que dans notre cas de l'apprentissage collaboratif synchrone, cela est très peu probable car on construit le modèle en fonction de l'objectif, de l'activité réalisé et des ressources impliquées. Mais c'est à voir dans d'autres circonstances; rapide évocation de la génération automatique de modèle

Beaucoup de questions, donc, aussi bien théoriques que très pratiques : comment construit-on un modèle ? Quelles sont les possibilités de liaisons avec des outils existants ? Comment exploiter les traces pour faire telle ou telle chose ? Ce qui est régulièrement revenu est la question de faire des inférences automatiques sur les traces, pour produire des nouvelles choses.

Et maintenant ?

Que faire pour exploiter les retours de cette conférence ? Très simplement, il me vient immédiatement à l’esprit qu’il faut :

  • une page web de vulgarisation pour présenter les traces
  • une courte liste de nos principales publications pour la compréhension des traces
  • renforcer la communication au sein de l'équipe (mais je l'ai déjà dit ça, non ? :)
  • renforcer le travail en commun au sein de l'équipe

On peut également songer à faire une base de connaissance pour nos déplacements : hôtels où descendre, pièges à éviter, etc. Par exemple :

Barcelone

Hôtel :

  • Pension 45, juste à côté de la Placa de Catalunya; fortes connexions pour les transports en commun
  • confort simple, tranquille, le wifi gratuit est bon quand il n'est pas saturé par une andouille qui pompe des torrents

Aéroport :

  • les navettes avec Barcelone se trouvent au Terminal 1, et se nomment « aérobus »; 5 euros le trajet, des billets A/R existent; vont jusqu'à la Placa de Catalunya
  • difficile de trouver des prises de courant dans le Sky Center; il faut les chercher au pied des blocs élévateurs

Transport :

  • le ticket à l'unité est cher
  • il existe un ticket donnant droit à 10 trajets, pour pas cher du tout
  • les portillons du métro sont fourbes : selon le dispositif, soit il faut passer à gauche de la borne, soit il faut passer à droite

Vie quotidienne :

  • on survit très bien avec juste quelques mots de vocabulaire, et une langue bien pendue
  • les barcelonaises sont faciles à aborder et aident volontiers les touristes

Les documents

J'ai mis, comme d'habitude, mes documents sur SlideShare. Voici les widgets embarqués dans le billet.

Et bien sur, le carton qui-va-bien Best Paper Award

Damien recevant le Best Paper Award

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