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jeudi 12 janvier 2012

Interview pour Rue89Lyon : « Lyon est-elle fermée à l’ouverture des données publiques ? »

Je travail que je réalise sur les données ouvertes à Lyon, au sein du groupe OpenData69, commence à porter ses fruits. La presse reprend les interrogations que nous nous posons sur la démarche du Grand Lyon.

Numérique / La mise en ligne du site opendata.gouv a donné le ton pour 2012 : les institutions publiques sont invitées à « la transparence », en mettant en ligne l’ensemble de leurs données. Des collectifs se sont créés pour faire du lobbying auprès des autorités publiques. A Lyon, on s’éveille tout juste au principe, les volontés politiques sont encore discrètes. Un groupe indépendant, opendata69, tente toutefois de faire émerger le débat autour d’enjeux locaux majeurs de l’opendata, tels que les transports en commun.

@article{Clauzel:2011:Lyon-est-elle-fermee-a-l-ouverture-des-donnees-publiques,
  title = {Lyon est-elle fermée à l’ouverture des données publiques ?},
  journal = {Rue89Lyon},
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  month = jan,
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  author = {Clauzel, Damien and Daoud, Dalya and Vial, Philippe and Rabih, Samy and Vézine, Marion and Blachier, Romain},
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mercredi 15 juin 2011

Compte-rendu d'ITS2011

Contexte

Du 6 au 8 juin 2011, j'ai participé au congrès international ITS2011 sur la thématique de la mobilité intelligente : les systèmes d'informations pour le transport durable des biens et des personnes en région urbaine. Pour faire simple, il s'agit d'ajouter de l'intelligence dans les transports en ville via l'informatique.

The main focus of the Congress will be "Intelligent mobility - ITS for sustainable transport of persons and goods in urban regions", paying particular attention to the following topics:
  • Co-modal urban transport management
  • Electromobility
  • From cooperative systems to integrated mobility services
  • From smart concepts to successful implementation
  • Governance and business issues
  • Information and communication: providers and users
  • ITS for adaptive and resilient cities

Le congrès était fréquenté par trois types de personnes :

  • les Décideurs Stratégiques, habillés de somptueux costumes, venus pour faire la promotion de leurs entreprises et discuter avec les élus locaux et les représentants du gouvernement;
  • les commerciaux, habillés de moins beaux costumes, étaient présents pour vendre les services de leurs entreprises;
  • les ingénieurs, habillés de chemisettes, s'occupaient de tenir les stands, d'assurer les démonstrations et de répondre aux questions.

Vous l'aurez compris, pas d'informaticiens-barbus, ni de techno-wiz en t-shirt. Les scientifiques présents, via les programmes de la commission européenne, s'étaient réfugiés dans des salles à part pour travailler. À côté des hôtesses en tailleur de chez Orange, j'ai donc régulièrement attiré l'attention. Heureusement que le stand de l'ITS France (avec sa machine à café) était plus accueillant : il servait de point de ralliement aux chercheurs.

Quelques éléments du congrès

Orange Business Services : rien d'intéressant, Orange se focalise sur son modèle économique historique : vendre de la bande-passante. Développement de petites applications pour terminaux mobiles afin d'accéder aux réseaux sociaux tout en roulant (vocalisation de statuts Facebook, reconception d'interface web, etc)

Véhicule électrique de Mia, avec instrumentation par Orange

Véhicule électrique de Mia, avec instrumentation par Orange

Renaud Truck propose des logiciels pour assister les professionnels de la route. L'idée est de croiser des outils de géolocalisation, de capture d'image et de transmission de données afin de proposer des facilités aux besoins spécifiques des chauffeurs (capture de preuve sur l'état de la cargaison, par exemple). Également, des outils de calcul d'itinéraires et de tournées adaptés aux contraintes des camions (taille, poids, manœuvrabilité, réglementation, etc).

Ailleurs, rien d'intéressant : des voitures équipées de « tableaux de bord intelligents » (comprendre : qui intègre les capteurs de recul au lieu d'avoir un écran déporté), des systèmes d'analyses vidéo pour repérer et quantifier les embouteillages, des récepteurs satellites en veux-tu en voilà couplés à des bases de données privées… En dehors de quelques prototypes industriels sympathiques (drone aérien ou simulateur de conduite), rien d'innovant mais plutôt des intégrations de technologies existantes.

La vidéosurveillance est en très forte augmentation. Les arguments avancés sont des besoins en image de points stratégiques pour la congestion des transports et la sécurité des personnes, mais en pratique rien n'empêche l'usage parallèle des images pour la surveillance des personnes.

Dispositif de vidéosurveillance urbaine

Dispositif de vidéosurveillance urbaine

Niveau recherche, l'accent était mis sur les calculs d'autonomie des véhicules électriques. En fonction de l'usage (vitesse, charge, chauffage, musique, etc) et de l'environnement (qualité asphalte, vent, température) la tension de la batterie évolue différemment. D'où des besoins en analyses et prédictions des usages. Des idées de croisement des informations (trafic, météo, etc) des opérateurs de routes avec celle de la voiture pour affiner les calculs.

Aussi, des questions d'ergonomie : il faut utiliser des grandeurs utiles (kilomètres ou minutes restants) et pas abstraites (joules, watt, etc) qui ne donneraient pas d'info « utiles ».

Ce que je retiens du congrès

Un véhicule doit forcément être électrique, les autres technologies (gaz, pétrole, etc) ne sont même pas évoqués. En discutant avec les ingénieurs, on se rend compte que tout le monde est déjà passé dans l'après-pétrole au niveau des transports. Selon les cycles de vie des technologies (par exemple, 10 ans pour les camions), les avancés sont plus ou moins visibles, mais la solution des véhicules hybrides est évacuée : l'avenir est purement électrique; conserver 2 approches est trop coûteux.

L'expression clé du congrès était « interopérabilité ». Comprendre « interopérabilité technique », c'est à dire comment on peut interconnecter différents systèmes pour les faire travailler ensemble. Par exemple, pour croiser les informations de la ville sur l'encombrement des routes, le remplissage des stations Velo'v et les bus des TCL.

L'idée est très bonne, à un détail majeur près : PERSONNE n'est motivé pour ouvrir les données de ses systèmes. Donc chacun se regarde en chien de faïence, et rien n'avance sauf en dehors de « partenariat stratégique ». L'expression « open data » revient souvent, portée comme étant LA solution, mais dès qu'il s'agit d'ouvrir ses systèmes les entreprises refusent. Le problème est que les directions commerciales n'ont aucune réelle idée sur comment valorisée les données provenant de leurs systèmes, et que les directions juridiques bloquent de peur de se prendre des procès pour avoir exporter des données personnelles.

Drone radiocommandé de vidéosurveillance

Drone radiocommandé de vidéosurveillance

Le libre n'est jamais spontanément évoqué dans les discussions, en partie à cause du fait que les dirigeants ne sont pas au courant de ce genre d'approche. En revanche, les ingénieurs sont très intéressés (et même impliqués), le problème étant les politiques des entreprises qui bloquent sur les évolutions du droit d'auteur. De nombreuses réalisations présentées durant le congrès s'appuient sur le libre (serveurs, techno, etc) mais cela n'est jamais évoqué; un démonstrateur (commercial) a même eu l'air gêné quand j'ai posé la question à son « expert technique ». Il faut croire que c'est mal vu dans le domaine du transport.

La cérémonie d'ouverture était aussi longue qu'ennuyeuse, encombrée par des discours d'hommes politiques (oui, pas de femmes dans le transport) qui sont repartis aussitôt après être intervenus. Gérard Colomb et Jean-Jack Queyranne aiment bien mettre en valeur ce qu'ils disent faire en matière de transport, mais acceptent rarement d'en débattre avec des citoyens et des chercheurs; on se demande pourquoi… Ah si, je sais en fait : les TCL sont exécrable en matière de transport en commun, et personne n'ose faire quoi que ce soit. Sans parler de l'absence de réflexion sur les infrastructures de transport dans le projet du Grand Stade lyonnais.

Le buffet qui a suivi la cérémonie d'ouverture était quelconque : champagne bas de gamme pas assez frais, jus de fruits reconstitués, et petits-fours tellement gras qu'ils luisaient de mille feux sous les lumières. Heureusement que les canapés à la sauce de Roquefort ont sauvé les meubles.

Bonus

Mes photos sont sur Flickr.

Vidéo improvisée d'interludes artistiques durant la cérémonie d'ouverture. WTF ?! Première fois que je vois cela à un congrès technologique.

samedi 7 mai 2011

Positionnement sur la nature et le statut de l'adresse IP

En lien avec mon positionnement sur la vie privée, je prend aussi position sur la nature et le statut de l'adresse IP.

Rappel sur l'IP

Une adresse IP est une série de chiffres et de lettres qui permet de contacter un dispositif informatique au travers d'un réseau, via une méthode de communication spécifique (protocole IP). Ainsi, tous les ordinateurs connectés à internet ne sont pas obligatoirement désignés par une adresse IP; ils le sont en revanche dans l'immense majorité des cas, mais pas de façon unique : un ordinateur a souvent plusieurs adresses IP qui permettent de le joindre et ces adresses peuvent changer [1].

Ce que (ne) dit (pas) la loi

Juridiquement, le statut de l'adresse IP est incertain : tantôt un juge la traite d'un manière, tantôt un autre la classe différemment. D'où un flou qui n'arrange personne en cas de dépôt de plainte [2].

Ainsi, pour la justice l'adresse IP est actuellement :

  • soit une donnée purement technique qui ne porte pas de valeur particulière et sert uniquement à l'interconnexion des équipements;
  • soit une information nominative qui permet d'identifier une personne derrière un ordinateur;
  • soit quelque chose entre les deux, une sorte de données technique qui peut devenir une fiche d'identité au travers d'un traitement adapté et en liaison avec d'autres données.

En résumé : il y a donc une grande incertitude sur le statut de l'adresse IP en France, ce qui ouvre la porte à toutes sortes de problèmes, mais aussi à des possibilités d'utilisation.

Networking 101 Networking 101

La question de savoir si l'adresse IP permet d'identifier (ou non !) la ou les personnes qui ont utilisé un ordinateur ordinateur est critique, car elle permet le traitement judiciaire : seule l'autorité légitime pour poursuivre l'enquête (police ou gendarmerie) pour obtenir du fournisseur d’accès l'identité de l'utilisateur

En effet, l'adresse IP est une série de chiffres et de lettres qui ne constitue en rien une donnée indirectement nominative relative à la personne dans la mesure où elle ne se rapporte qu'à une machine, et non à l'individu qui utilise l'ordinateur pour se livrer à une activité.

On a donc bien une différence entre l'identification d'une machine, et l'identification d'un humain. La mise en relation n'est pas automatique et doit être prouvée.

Lorsqu'on lis le Décret n°2011-219 du 25 février 2011 « relatif à la conservation et à la communication des données permettant d'identifier toute personne ayant contribué à la création d'un contenu mis en ligne », ce n'est pas plus clair pour autant : si les particuliers, associations et autres n'ont pas le statut juridique de « fournisseur d'accès à internet » (qui est soumis à une autorisation de l'ARCEP), ils n'ont pas non plus nécessairement le statut juridique d' « hébergeur » (les critères sont bordéliques). La loi n'apporte donc pas réponse aux questions posées.

Je comprend la loi comme disant entre les lignes que l'IP n'est pas juridiquement classée comme une donnée d'identification nominative, et n'est donc pas pas soumise à un encadrement spécifique pour les particuliers et associations.

Les logs, en pratique

Dans le cadre des services informatiques sur internet, il est habituel que ceux-ci conservent des enregistrements sur leurs activités et les dispositifs avec lesquels ils interagissent : ce sont les « logs ».

Techniquement, un log est juste une trace numérique que l'on défini comme on veut. Il n'y a donc pas un seul format de log, mais une multitude ayant des natures et contenus différents. Un même service peut conserver des enregistrements des interactions homme-machine et machine-machine sous plusieurs formes plus ou moins explicites. Pour parler de log, il faut donc bien le préciser.

Person Network Person Network

Le mot log ne doit pas être tabou de la discussion sur la vie privée en le classant immédiatement comme pratique intrusive; il est indispensable au bon fonctionnement du net, car le log constitue la mémoire de travail des services. Sans log, toute l'informatique navigue à vue.

Dans le cadre d'un log d'apache au format combiné, je comprend que le log est anonyme, vis à vis de la loi, car l'adresse IP n'est pas une donnée qui permet à elle seule d'identifier un individu.

Ce qui me laisse perplexe, c'est la double valeur que des gens prêtent à une adresse IP. Je constate les deux discours suivants :

  1. Dans les transferts par BitTorrent, on ne peut pas identifier l'utilisateur car une IP n'est pas une personne, c'est une simple information technique pour faire circuler les données; elle peut être falsifiée, détournée, contrefaite…
  2. Dans les logs de services web (ou autres tels que le courriel), on peut identifier l'utilisateur par son adresse IP, car c'est une information nominative.

D'où ma remarque : il faut être cohérent et se poser les questions suivantes :

  • supposément, qu'est-ce qui oblige à anonymer les logs d'un serveur web ?
  • supposément, qu'est-ce qui interdit de publier les logs, anonymés ou non, d'un serveur web ?
  • un particulier ou une association mettant en ligne un site web non-participatif (c'est à dire que les visiteurs ne peuvent pas contribuer à son contenu) sont-ils des « hébergeurs » au sens de la loi ?
  • quels sont les critères qui permettent de qualifier une donnée comme étant nominative ou qui permette de réaliser l'identification d'une personne ?

Réflexion dans le cadre du Parti Ꝓirate

Le Parti Ꝓirate (PꝒ) a pris position sur le fait que l'adresse IP n'est pas une donnée nominative qui permet d'identifier la personne qui télécharge via BitTorrent. Il me semble donc logique de conclure que l'adresse IP n'est pas, pour le Parti Ꝓirate, une donnée nominative qui permet d'identifier une personne se connectant à un service web.

Le fait est que, pour qu'il y ait publication, il faut auparavant qu'il y ait collecte.

Prenons le cas du PꝒ qui, très probablement (on va dire que oui si ce n'est pas le cas) conserve un log des transactions sur son serveur web.

Est-ce que je peux demander au PꝒ de consulter et supprimer de ce log toutes les informations personnelles qui me concerne ? Bien sur, c'est ce que la loi liberté et informatique de 1978 me garanti. En revanche, le PꝒ va très certainement me répondre « on veut bien, mais on ne peut pas : on n'a pas de données personnelles sur toi ».

Qu'à cela ne tienne, je demande alors au PꝒ de me dire tout ce qui concerne l'adresse IP de mon ordinateur (par exemple, 82.239.197.205). Et là, le PꝒ me répond « heu, qu'est-ce qui me prouve que c'est bien toi derrière cet ordinateur, et pas quelqu'un d'autre ? Et même si c'est le cas, vous n'êtes pas plusieurs dans ton foyer à utiliser cet ordinateur ? ». Godferdom ! Est-ce que le PꝒ refuserait de se plier à la loi ? Non, il ne fait que l'appliquer strictement, car la loi ne l'oblige pas de communiquer tout ou une parti des log de son serveur web.

Si la collecte d'adresse IP est obligatoire à différents niveaux pour plusieurs raisons, la publication de log anonyme de serveur web est donc bien un choix que l'on peut faire, ou pas.

Conclusion

À mon sens, cette mise à disposition d'informations est neutre sur l'usage : un individu peut s'en servir pour faire de la recherche scientifique (ce qui est légal), pour assurer de façon neutre le bon fonctionnement des systèmes informatique (c'est souhaitable), mais pas pour espionner une personne (c'est illégal). Le PꝒ n'endosse pas ici le rôle du législateur qui fait la loi, du juge qui l'arbitre, ou du policier qui la fait appliquer. Il se borne à faire ce qu'il veut, dans le cadre de cette loi.

De la même façon qu'on n'interdit pas la vente des couteaux en supermarché sous prétexte que quelqu'un pourrait faire quelque chose de mal avec, il ne faut pas, à mon sens, interdire a priori le partage des données sous prétexte que cela peut être dangereux.

T3 - L'anonymat T3 - L'anonymat

L'argument le plus courant pour refuser le partage des logs d'un serveur web est le droit à l'anonymat. L'adresse IP pouvant être utilisée (au même titre qu'un numéro de téléphone, une plaque d'immatriculation, etc) pour réaliser l'identification une personne, il faut alors la protéger. Je ne suis pas entièrement de cet avis.

S'il était vrai il y a encore dix ans qu'une adresse IP permettait de faire le lien entre une personne et un ordinateur d'une façon très fiable, ce n'est plus le cas de nos jours. Les pratiques (roaming, réseaux ouverts…) et technologies (NAT, IPv6, VPN) ont évoluées suffisamment pour aboutir à un découplage toujours croissant entre l'adresse IP (qui pointe vers un dispositif technique) et une personne se trouvant en bout de la chaîne de communication.

Il me semble dangereux de statuer sur la valeur nominative de l'adresse IP : cela entraîne des fausses identifications et donc des accusations portées à tord, et bride l'innovation en contraignant fortement la collecte et le travail sur des données. L'objectif final étant ici de forcer l'anonymat sur internet, je ne pense pas que ça soit la bonne méthode.

De plus, l'anonymat doit être un choix, garanti par la loi, et non une obligation. Prendre position en faveur d'un anonymat forcé, c'est pour moi vouloir maintenir une conception citadine de la vie privée datant des années 80. Les populations ont changées, les outils et les pratiques aussi, il ne faut donc pas imposer une stagnation législative qui empêche l'accompagnement de la vie.

À lire aussi

Notes

[1] cas de l'IPv6 qui permet d'affecter plusieurs adresses à la même interface

[2] CF les commentaires de Nicolas Herzog et la fiche Jurispédia sur l'adresse IP

lundi 12 juillet 2010

Le manager d'innovations

Accompagnant l'évolution du travail centré sur la gestion des connaissances, les rôles et compétences nécessaires dans les entreprises évoluent. Ainsi, on a vu apparaître il y a quelques années le « manager d'innovations ».

La définition du manager d'innovations et ses domaines d'interventions sont encore flous, mais un consensus se forme pour tendre vers un cadre unique :

Conception d'un modèle de traces

Que peut-on alors retenir pour définir le rôle du manager d'innovations ? Une liste de compétences, et des domaines d'interventions; l'innovation étant par nature variée il est difficile de proposer un cadre très strict :

  • participer à ou diriger la recherche;
  • participer à la conception de la stratégie marketing de l'innovation;
  • piloter le cycle entier de la recherche sur un produit;
  • réaliser la veille technologique;
  • réaliser la veille scientifique;
  • faire le lien entre l'entreprise, les programmes de recherche nationaux et européens, et les laboratoires publics;
  • évaluation des risques et enjeux liés à la R&D.

Tout ceci est en fait très lié aux besoins et objectifs de l'entreprise : un service de R&D industriel n'aura pas les mêmes besoins, en terme d'innovations, qu'une société proposant de l'accompagnement dans les projets scientifiques. Et pourtant, dans les deux cas elles feront appel à un manager d'innovations.

Une autre façon d'aborder la question est de considérer le manager d'innovations comme une redistribution des casquettes de :

Ces différents rôles dépendront bien sûr des spécialités propres à chaque personne. Mais une constante demeure dans la capacité du manager d'innovation à établir des passerelles transversales entre les différents pôles de son entreprise. Il est certes spécialisé dans ses thématiques personnelles, mais son expérience (et sa capacité d'apprentissage !) lui permet d'aller vers les secteurs qui ne lui sont pas familiers afin de servir d'interface avec le reste de son équipe.

Rôle du manager d'innovations

vendredi 30 avril 2010

Présentation de Flattr, un système social de micropaiement

Logo de FlattrImaginé et conçu par des fondateurs de The Pirate Bay (qui habituellement savent ce qu'ils font), Flattr se décrit comme le premier système social de micropaiement; son but étant d'aider les gens à partager non seulement du contenu, mais également de l'argent.

L'idée principale est de favoriser la rémunération de la création, en prenant en compte deux aspects fondamentaux :

  • le mode opératoire doit être le plus simple possible, pour éviter les barrières;
  • les utilisateurs doivent avoir une vision et un contrôle clairs de leurs finances.

Le fonctionnement de Flattr est simple, souple et précis.

Mise en place

Pour commencer, l'utilisateur crée un compte sur Flattr. Ce compte est associé à deux cagnottes :

  • une cagnotte pour les revenus, provenant des flatteries des autres membres de Flattr;
  • une cagnotte pour les flatteries, afin de soutenir et remercier les personnes créant des contenus.

Choix des montants

Une fois le compte créé, l'utilisateur alimente sa cagnotte « flatteries » avec la somme de son choix (via PayPal).

L'utilisateur peut alors fixer combien il va consacrer par mois à flatter les gens : 2€, 5€, 10€ ou 20€. Ce montant, fixe, sera réparti entre les différentes flatteries distribuées. Il ne sera jamais dépensé plus ou moins, le contrôle du budget est donc précis.

Création de contenu

L'utilisateur peut maintenant associer un bouton Flattr à ses créations[1]. Concrètement, il s'agit d'ajouter un fragment HTML à une page où se trouve l'œuvre créé par l'utilisateur : billet de blog, musique, film, dessin, photo, etc.

Le bouton Flattr permet aux visiteur, en cliquant dessus, de distribuer une flatterie.

En associant l'œuvre à un bouton Flattr, l'utilisateur spécifie également sur Flattr plusieurs métadonnées : mots-clés, type de ressources, etc. Cela permet de rechercher aisément du contenu valorisable. Il existe également des API pour enregistrer automatiquement des ressources sur Flattr, ce qui limite les manipulations répétitives.

Flatter et soutenir la création d'œuvres numériques

L'utilisateur peut désormais distribuer des flatteries aux créateurs, selon un modèle transparent et strictement contrôlé.

La valeur d'une flatterie est calculée en fin de mois par la formule suivante. Elle est dérivée du montant consacré à flatter et du nombre de flatteries distribuées au cours du mois.

Montant consacré à flatter / nombre de flatteries distribuées = valeur d'une flatterie

Exemple pour un mois : montant de 2€, 8 flatteries distribuées.

2€ / 8 = 0.25€

L'utilisateur peut ainsi librement flatter autant que bon lui semble, sans se préoccuper d'avoir à surveiller son budget; celui-ci étant fixé en début de mois. Cette approche permet d'abaisser au maximum la barrière à la rémunération, puisqu'une flatterie distribuée ne coute rien (le montant étant prépayé).

Percevoir des revenus

Les flatteries reçues chaque mois sont accumulées dans la cagnotte « revenus ». L'utilisateur à la possibilité de les reverser dans sa cagnotte « flatteries », ou bien de les transférer sur son compte PayPal pour sortir l'argent de Flattr.

La perception de revenus importants se fait sur le volume de flatteries reçues. Cela oblige un créateur à fortement assurer la promotion de ses œuvres pour dégager des revenus importants, mais cet aspect n'est actuellement pas ciblé par Flattr qui met en avant l'approche sociale du système : l'argent, tout comme les œuvres, doit circuler.

Réflexions sur le modèle Flattr

En pleine période HADOPI, avec la question centrale de la rémunération de la création, Flattr se positionne comme une solution extrêmement intéressante. Il permet non seulement de définir mensuellement la somme qui sera consacrée à soutenir les auteurs (comme une sorte de licence globale :), mais aussi de court-circuiter les intermédiaires (majors, distributeurs et revendeurs) qui sont à l'origine du prix élevé des œuvres numériques. La mise en relation directe de l'artiste avec ses « consommateurs » permet, au travers du mécanisme transparent qu'est Flattr, de répondre aux besoins des créateurs émergents et indépendants.

Note

[1] comme le bouton en bas de ce billet

lundi 21 septembre 2009

Les 10 ans de Créalys

Créalys, l'incubateur d'entreprises issues de la recherche, fête ses 10 années d'existence. Et comme il se doit, cela se traduit par un buffet accompagné de discours.

Livre blanc de l'innovation

Étaient présentes une bonne centaine de personnes, principalement des chefs de (jeunes) entreprises (en tenue de ville), des banquiers/investisseurs/financiers (en costumes cravatés), des gens de la région/département/etc (aux cheveux poivre et sel) et des doctorants (avec des t-shirts variés). Bref, que du normal.

J'ai trouvé qu'il y avait un nombre important de doctorants, pour ce genre d'évènement : environ 10%, quasiment tous en fin de thèse ou en début de post-thèse. Un bon nombre était en train de porter un projet de conception d'entreprise, à partir de travaux auxquels ils avaient participé dans leurs équipes de recherche.

Niveau recherche, il y avait beaucoup de personnes du LIP (doctorants principalement), et l'INSERM était bien représenté. Les SHS étaient quasi absentes, et curieusement les sciences de la vie étaient en retrait. Le gros des troupes était orienté physique, chimie, et sciences de l'information (surtout réseau)

J'ai discuté avec plusieurs personnes sur les questions du financement initial, fait un lâché de cartes de visites, et globalement réseauté en attendant que le buffet ouvre. Malheureusement, il a fallu attendre que passe la série de discours et de petits films d'autopromo, pour ensuite être rejoint par Olivier et enfin attraper quelque chose à manger.

Bref, un évènement quelconque servant surtout à se faire voir et à prendre de la doc; mais ça valait le coup d'y aller en étant sur place.

vendredi 19 juin 2009

Outil de partage pour les supports visuels de présentation

SlideShare est un outil web de partage de support visuel de présentation (SVP).

Il permet simplement de mettre en ligne ses SVP afin de les diffuser. Mais il apporte en plus des fonctionnalités intéressantes, comme :

  • la notion de groupe, pour rassembler les membres d'une équipe
  • la définition d'une licence pour l'exploitation des contenus
  • des outils à la YouTube pour intégrer les SVP dans une page web
  • un système de commentaire pour obtenir des retours sur ses œuvres
  • des fonctionnalités d'exportation et de téléchargement
  • des fonctionnalités d'enrichissement possible par piste audio
  • le suivi de personnes et d'œuvres intéressantes
  • etc.

Bref, yabon. Fini de s'embêter avec le FTP, la construction (et maintenance !) de page d'index rassemblant le matériel... 3 clics et c'est fait.

En revanche, il ne faut pas oublier qu'un SVP n'est pas un document qui se suffit à lui-même. En effet, comme son nom l'indique c'est bien un support et non pas une ressource autoportée. J'en parle un peu ici.

Pour vous donner une idée de ce qu'il est possible de faire, voici une collection de mes SVP. Sexy, non ?

lundi 8 juin 2009

Diigo : un outil de web social

Diigo est un outil d'enrichissement partagé du web.

Ses principales fonctionnalités sont :

  • la gestion de bookmarks en collections (comme Reddit)
  • la gestion de groupes d'utilisateurs (comme Reddit)
  • le partage de bookmarks entre utilisateurs et groupes (comme Reddit)
  • le marquage par tags de bookmarks (comme Reddit)

Jusqu'ici, que du très classique me direz-vous. Là où Diigo devient intéressant, c'est avec ses possibilités d'enrichissement du contenu.

Il est ainsi possible d'annoter une page web, de la même façon qu'on annoterait un PDF. Ces annotations peuvent être privées ou partagées. Des outils permettent de trouver rapidement toutes les annotations partagées au sein d'un groupe et de les consulter, autorisant ainsi une lecture collective asynchrone de ressources web.

Les annotations sont attachées à des éléments précis d'une page web (zone de texte, par exemple) pour créer une forte contextualisation.

Annotations dans Diigo

Lors de la navigation web, il est possible de filtrer les annotations existant pour une page afin de ne visualiser que celles provenant de personnes ou de groupe précis.

Filtrage des annotations dans Diigo

Également, Diigo permet des commenter des pages et sites web. À la différence des annotations, ces commentaires sont globaux et approprié à la mise en place de discussions simples.

Commentaires dans Diigo

En revanche, Diigo ne permet que de « plusser » des bookmarks afin de leur attribuer une note globale, là où d'autres outils (comme Reddit) ont plus de possibilités.

Une des fonctionnalités de Diigo est très intéressante pour SILEX : il est possible de s'abonner aux flux RSS de presque tous les éléments existants : activité des membres d'un groupe, annotations liées à une page, commentaires, mot-clé, etc. Ce qui veut dire qu'en mettant en place un préparateur de trace RSS→observé on a la possibilité d'alimenter le SGBT, et donc d'avoir un traçage d'une activité collective tournant autour des bookmarks.

Ah oui, et aussi : Diigo pourrait permettre à SILEX de partager simplement des trouvailles sur le web ;)

dimanche 17 mai 2009

Applications collaboratives à découvrir : jeu et outils

Comme pour les billets précédents|fr], un petit tour du web sur ce qui se fait d'intéressant pour l'activité collective.

Drawball

Drawbal est un… jeu ? une expérience ? En tout cas, c'est collectif synchrone et consiste à dessiner ensemble sur un disque gigantesque.

MeBeam

MeBeam est un outil web de visioconférence en Flash, avec chat intégré.

Très sommaire, mais fonctionnel. Il permet de faire ce que ne permet Skype, à savoir de la visioconférence à plus de 2 personnes; et cela intégré dans une page web.

Toutefois, sa gestion du son n'est pas terrible.

Transcriva

Transcriva est outil d'aide à la transcription de document temporel audio et/ou vidéo. Il peut également être utilisé pour faire de l’annotation.

mercredi 25 février 2009

HADOPI - Le Net en France : black-out

Pourquoi ?

  • Parce qu'HADOPI est technologiquement inapplicable avec les méthodes actuelles de cryptographie;
  • parce qu'HADOPI ne sert qu'à protéger les revenus d'une poignée d'entreprises aux modèles économiques obsolètes;
  • parce qu'HADOPI pénalise l'innovation industrielle en interdisant le développement de nouvelles technologies utilisées dans le reste du monde;
  • parce qu'HADOPI arrive trop tard;
  • parce qu'HADOPI a une mauvaise compréhension des pratiques sociales au quotidien;
  • parce qu'HADOPI est décriée par le parlement européen;
  • parce qu'HADOPI est décriée par la commission européen;
  • parce qu'HADOPI est décriée par la CNIL;

Parce que les citoyens ne veulent pas d'HADOPI, tout simplement.

Quadrature black-out HADOPI

Aller plus loin

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