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mercredi 15 juin 2011

Compte-rendu d'ITS2011

Contexte

Du 6 au 8 juin 2011, j'ai participé au congrès international ITS2011 sur la thématique de la mobilité intelligente : les systèmes d'informations pour le transport durable des biens et des personnes en région urbaine. Pour faire simple, il s'agit d'ajouter de l'intelligence dans les transports en ville via l'informatique.

The main focus of the Congress will be "Intelligent mobility - ITS for sustainable transport of persons and goods in urban regions", paying particular attention to the following topics:
  • Co-modal urban transport management
  • Electromobility
  • From cooperative systems to integrated mobility services
  • From smart concepts to successful implementation
  • Governance and business issues
  • Information and communication: providers and users
  • ITS for adaptive and resilient cities

Le congrès était fréquenté par trois types de personnes :

  • les Décideurs Stratégiques, habillés de somptueux costumes, venus pour faire la promotion de leurs entreprises et discuter avec les élus locaux et les représentants du gouvernement;
  • les commerciaux, habillés de moins beaux costumes, étaient présents pour vendre les services de leurs entreprises;
  • les ingénieurs, habillés de chemisettes, s'occupaient de tenir les stands, d'assurer les démonstrations et de répondre aux questions.

Vous l'aurez compris, pas d'informaticiens-barbus, ni de techno-wiz en t-shirt. Les scientifiques présents, via les programmes de la commission européenne, s'étaient réfugiés dans des salles à part pour travailler. À côté des hôtesses en tailleur de chez Orange, j'ai donc régulièrement attiré l'attention. Heureusement que le stand de l'ITS France (avec sa machine à café) était plus accueillant : il servait de point de ralliement aux chercheurs.

Quelques éléments du congrès

Orange Business Services : rien d'intéressant, Orange se focalise sur son modèle économique historique : vendre de la bande-passante. Développement de petites applications pour terminaux mobiles afin d'accéder aux réseaux sociaux tout en roulant (vocalisation de statuts Facebook, reconception d'interface web, etc)

Véhicule électrique de Mia, avec instrumentation par Orange

Véhicule électrique de Mia, avec instrumentation par Orange

Renaud Truck propose des logiciels pour assister les professionnels de la route. L'idée est de croiser des outils de géolocalisation, de capture d'image et de transmission de données afin de proposer des facilités aux besoins spécifiques des chauffeurs (capture de preuve sur l'état de la cargaison, par exemple). Également, des outils de calcul d'itinéraires et de tournées adaptés aux contraintes des camions (taille, poids, manœuvrabilité, réglementation, etc).

Ailleurs, rien d'intéressant : des voitures équipées de « tableaux de bord intelligents » (comprendre : qui intègre les capteurs de recul au lieu d'avoir un écran déporté), des systèmes d'analyses vidéo pour repérer et quantifier les embouteillages, des récepteurs satellites en veux-tu en voilà couplés à des bases de données privées… En dehors de quelques prototypes industriels sympathiques (drone aérien ou simulateur de conduite), rien d'innovant mais plutôt des intégrations de technologies existantes.

La vidéosurveillance est en très forte augmentation. Les arguments avancés sont des besoins en image de points stratégiques pour la congestion des transports et la sécurité des personnes, mais en pratique rien n'empêche l'usage parallèle des images pour la surveillance des personnes.

Dispositif de vidéosurveillance urbaine

Dispositif de vidéosurveillance urbaine

Niveau recherche, l'accent était mis sur les calculs d'autonomie des véhicules électriques. En fonction de l'usage (vitesse, charge, chauffage, musique, etc) et de l'environnement (qualité asphalte, vent, température) la tension de la batterie évolue différemment. D'où des besoins en analyses et prédictions des usages. Des idées de croisement des informations (trafic, météo, etc) des opérateurs de routes avec celle de la voiture pour affiner les calculs.

Aussi, des questions d'ergonomie : il faut utiliser des grandeurs utiles (kilomètres ou minutes restants) et pas abstraites (joules, watt, etc) qui ne donneraient pas d'info « utiles ».

Ce que je retiens du congrès

Un véhicule doit forcément être électrique, les autres technologies (gaz, pétrole, etc) ne sont même pas évoqués. En discutant avec les ingénieurs, on se rend compte que tout le monde est déjà passé dans l'après-pétrole au niveau des transports. Selon les cycles de vie des technologies (par exemple, 10 ans pour les camions), les avancés sont plus ou moins visibles, mais la solution des véhicules hybrides est évacuée : l'avenir est purement électrique; conserver 2 approches est trop coûteux.

L'expression clé du congrès était « interopérabilité ». Comprendre « interopérabilité technique », c'est à dire comment on peut interconnecter différents systèmes pour les faire travailler ensemble. Par exemple, pour croiser les informations de la ville sur l'encombrement des routes, le remplissage des stations Velo'v et les bus des TCL.

L'idée est très bonne, à un détail majeur près : PERSONNE n'est motivé pour ouvrir les données de ses systèmes. Donc chacun se regarde en chien de faïence, et rien n'avance sauf en dehors de « partenariat stratégique ». L'expression « open data » revient souvent, portée comme étant LA solution, mais dès qu'il s'agit d'ouvrir ses systèmes les entreprises refusent. Le problème est que les directions commerciales n'ont aucune réelle idée sur comment valorisée les données provenant de leurs systèmes, et que les directions juridiques bloquent de peur de se prendre des procès pour avoir exporter des données personnelles.

Drone radiocommandé de vidéosurveillance

Drone radiocommandé de vidéosurveillance

Le libre n'est jamais spontanément évoqué dans les discussions, en partie à cause du fait que les dirigeants ne sont pas au courant de ce genre d'approche. En revanche, les ingénieurs sont très intéressés (et même impliqués), le problème étant les politiques des entreprises qui bloquent sur les évolutions du droit d'auteur. De nombreuses réalisations présentées durant le congrès s'appuient sur le libre (serveurs, techno, etc) mais cela n'est jamais évoqué; un démonstrateur (commercial) a même eu l'air gêné quand j'ai posé la question à son « expert technique ». Il faut croire que c'est mal vu dans le domaine du transport.

La cérémonie d'ouverture était aussi longue qu'ennuyeuse, encombrée par des discours d'hommes politiques (oui, pas de femmes dans le transport) qui sont repartis aussitôt après être intervenus. Gérard Colomb et Jean-Jack Queyranne aiment bien mettre en valeur ce qu'ils disent faire en matière de transport, mais acceptent rarement d'en débattre avec des citoyens et des chercheurs; on se demande pourquoi… Ah si, je sais en fait : les TCL sont exécrable en matière de transport en commun, et personne n'ose faire quoi que ce soit. Sans parler de l'absence de réflexion sur les infrastructures de transport dans le projet du Grand Stade lyonnais.

Le buffet qui a suivi la cérémonie d'ouverture était quelconque : champagne bas de gamme pas assez frais, jus de fruits reconstitués, et petits-fours tellement gras qu'ils luisaient de mille feux sous les lumières. Heureusement que les canapés à la sauce de Roquefort ont sauvé les meubles.

Bonus

Mes photos sont sur Flickr.

Vidéo improvisée d'interludes artistiques durant la cérémonie d'ouverture. WTF ?! Première fois que je vois cela à un congrès technologique.

mercredi 9 juin 2010

Comparaison appliquée des principaux outils web de calcul d'itinéraire

J’ai eu récemment à faire un déplacement sur Vienne (Isère). Étant un villeurbannais sans voiture, mon choix s’est naturellement porté sur le train pour m’y rendre. Ne connaissant pas du tout Vienne, je me suis tourné vers les outils gratuits du web pour organiser le trajet depuis la gare de Vienne jusqu’à mon lieu de rendez-vous. Leur comparaison sur ce cas concret en dehors des grandes agglomérations fortement couvertes me laisse songeur sur la qualité des zones peu peuplées.

Informations sur le trajet à effectuer :

  • Départ : la gare d'Estressin, à Vienne, en France
  • Arrivée : le 49 avenue Marcelin Berthelot, à Vienne, en France
  • Mode de déplacement : piéton

Google maps

Réglages : Tester soi-même

  • Départ : Gare Estressin, Vienne, France
  • Arrivée : 49 avenue Marcelin Berthelot, Vienne, France
  • Option : piéton

Problème immédiat : Google ne connait pas la gare d'Estressin

# Gare de Vienne‎ - plus d'infos » Place Pierre Semard, 38200 Vienne

# Gare de Givors-Canal‎ - plus d'infos » Avenue du 11 Novembre 1918, 69700 Givors

# Gare de Givors-Ville‎ - plus d'infos »

# Gare du Péage-de-Roussillon‎ - plus d'infos » Place de la Gare, 38550 Péage de Roussillon (Le)

# Gare d'Oullins‎ - plus d'infos » 69600 Oullins

# Gare de Saint-Clair-Les Roches‎ - plus d'infos »

# Gare Saint Paul‎ - plus d'infos » Place Saint-Paul, 69005 Lyon

# Gare de Vénissieux‎ - plus d'infos »

# La Gare 12 Route Nationale, 69560 Sainte-Colombe

Lancer une nouvelle recherche de commerces et services à proximité pour afficher les 7 484 résultats pour Gare Estressin, Vienne

Et son mauvais mappage carte ↔ terrain lui fait placer le n°49 de l'avenue Berthelot à l'endroit du n°8. Vérifier soi-même

Résultat : la proposition d'itinéraire est complètement râtée. C'est dommage, car le mode Street View est extrêmement pratique pour se répérer durant le trajet.

Via Michelin

Réglages : Tester soi-même

  • Départ :
    • ville : Vienne (France)
    • emplacement : gare Estressin
  • Arrivée :
    • ville : Vienne (France)
    • emplacement : 49 avenue Marcelin Berthelot
  • Option : piéton

Suivent aussitôt deux questions & un nettoyage automatique :

  1. confirmer dans une liste que ma ville de Vienne se trouve bien dans l'Isère (38) ? Aucune idée, je dis oui
  2. « gare Estressin » est corrigé automatiquement en « Gare d’Estressin »; ah ben… merci
  3. confirmer dans une liste que ma ville de Vienne se trouve bien dans l'Isère (38), et que 'est bien le 49 avenue Berthelot que je demande ? Je dis oui

Résultat : il est immédiat et délicieux.

  • cartes : globale, détail du départ, détail de l'arrivée, détail sur chaque changement de direction
  • feuille de route très lisible (continuer sur… prendre à droite sur…), avec les distances en kilomètres et en temps
  • possibilité d'imprimer une version papier très lisible et complètes : principales cartes, directions, etc.
  • possibilité d'envoyer les information par email, ou sur un GPS (6 grands fabricants supportés)

Bref, yabon. On sent bien l’efficacité des bases de connaissances de Michelin : les détails sont précis et conformes à la réalité, les informations ultraclaires et tout a été pensé pour faciliter le déplacement de l’utilisateur.

Mappy

Réglages : Tester soi-même

  • Départ : Gare Estressin, Vienne, France
  • Arrivée : 49 avenue Marcelin Berthelot, Vienne, France
  • Option : piéton

Le formulaire de saisie me demande de préciser mon lieu de départ en choisissant entre le Parking de la gare d'Estressin, et la Gare d'Estressin; va pour la gare.

Résultat : il est sans appel.

  • Mappy interprète ma gare d'Estressin comme étant en fait la gare de Vienne, située à l'autre bout de la ville. Ce n'est pas du tout le résultat attendu. Pire, c’est même un résultat trompeur. Pourtant, j'aurais cru que… mais non. Et si je choisis à la place de la gare le parking de la gare d'Estressin, à Estressin, Mappy m'impose la gare de Vienne comme interprétation.
  • L'itinéraire proposé est du coup complètement faux, même s’il est très bien présenté : directions à prendre, distances en mètres et en temps, cartes locales… Mais il est faux.

Yahoo! maps

Réglages : Tester soi-même

  • Départ : Gare Estressin, Vienne, France
  • Arrivée : 49 avenue Marcelin Berthelot, Vienne, France

Résultat : What. The. Fuck. L’envoi de ma recherche est intercepté par un bulle d'aide jaune, à la Windows.

Le lieu que vous avez demandé est introuvable. Voulez-vous essayer avec cette adresse proche : 49, avenue Marcellin Berthelot ? Conseils :

* Vérifiez l’orthographe.

* Spécifiez une nouvelle valeur d’adresse (rue), de ville et de région (département/province/état), ou un code postal.

* Pour signaler une erreur de la carte, cliquez sur ce lien.

J'ai envie de dire « Mais pourquoi ? POURQUOI ? ».

Je valide la bulle d'aide et obtiens le résultat de ma recherche d'itinéraire, avec l'adresse telle que je l'ai demandée.

L'itinéraire proposé est correct, sans plus, car il est surtout adapté aux voitures. La présentation est touffue et les points de passages ne sont pas détaillées (panneaux à suivre, cartes, etc). La carte proposée pour visualiser le trajet est uniquement en mode « plan », aucune photo aérienne ou satellite n'est disponible pour afficher cette zone.

Splendide raté de Yahoo! Maps, car même s'il a trouvé un itinéraire je ne peux que difficilement l’utiliser.

Bing Cartes

Réglages : Tester soi-même

  • Départ : Gare Estressin, Vienne, France
  • Arrivée : 49 avenue Marcelin Berthelot, Vienne, France
  • Option : piéton

Ah ben ça commence bien. Ma gare de départ est inconnue de Bing.

Nous n'avons trouvé aucun résultat correspondant à votre recherche.

Aller, je lui donne un coup de pousse et corrige en « Gare Estressin, France » et je valide.

Résultat : Sans sourciller, Bing m'annonce que :

Aucun itinéraire aussi long n'est disponible pour les piétons. Modifiez vos préférences.

Ce qui est plutôt normal au vu du fait qu'il a interprété ma gare de départ comme étant « Gare, Nord, France ». Tout en quittant Bing, j'apprend en soupirant que Gare est un petit village situé à l'Est de Cambrais; qui se trouve effectivement dans le Nord.

Échec sans appel. En plus, la carte de résultat est moche. Aucun regret.

Conclusions

J'utilise les outils de préparation d'itinéraires depuis de nombreuses années, et je n'ai jamais eu à me plaindre des résultats pour les grandes villes : indication des stations de métro, des sens uniques ou encore des voies piétonnes, photos aériennes des changements de directions, calcul des distances au mètre prêt, etc, le résultat est presque toujours parfait; la différence entre les outils se fait alors sur leur ergonomie et fonctionnalités annexes.

Mais en ce qui concerne les zones moins peuplées (petites villes de province, campagnes, bords de mer, etc) les plans sont très souvent approximatifs. En effet, les outils de cartographie travaillent automatiquement à partir de photos aériennes et satellite, couplées à des données GPS collectées de façon assez cavalières.

Des projets comme OpenStreetMap permettent de réparer ces imprécisions en construisant des cartes libres à partir de différentes sources, libres elles-aussi. La prochaine étape pour améliorer les outils de calcul d'itinéraires sera logiquement de croiser ces bases de connaissances libres avec des bases de connaissances privées de qualité, telles que celle de Michelin.