J'étais invité à participer à La conférence OpenData, organisée au Ministère de l’Économie et des Finances, Paris Bercy. L'objectif était de rassembler différentes acteurs qui pensent, conçoivent et réalisent les données ouvertes en France, en apportant l'éclairage de ce qui se fait ailleurs dans le monde.
L’Open Data : fer de lance de la réforme de l’État ?
Gilles Babinet
- but de l’intervention : poser le cadre des données ouvertes dans l’état
- toujours des réticents des administrations
- administrations impuissantes face aux demandes des citoyennes et aux exigences complexes de la loi
- besoin des données ouvertes pour informer les citoyens sur le statut des administrations (taille des listes d’attente, etc.)
- des administrations bloquent l’ouverture des données pour des raisons inconnues, ou pour limiter leur charge de travail
- la CNAM interdit la reprise des données depuis ameli.fr
- Pole Emploi refuse d’ouvrir la base de ses CV
- les écoles ne publient pas leurs évaluations
- l’INPI vent la base de données de ses marques alors qu’ailleurs en Europe elles sont publiques
- au final, très difficile d’avoir la transparence des administrations et des élus car il y a une absence d’informations publiées
- il est critique de ne pas bloquer les initiatives citoyennes, même si elles ne plaisent pas aux administrations
- la CNIL bloque les avancées par crainte de perte de contrôle de la vie privée. Il faut sortir de cette angoisse
L’Open Data offre des perspectives de co-création entre Gouvernements et Communautés
Jonathan Reichantal
- but de l’intervention : retour d’expérience de la ville Palo Alto
- quand les villes ouvrent leurs données, elles provoquent le changement dans le gouvernement national
- la technologie de consommation de la donnée influe sur la façon de publier les données. À Palo Alto, 25% des connexions via des terminaux mobiles
- importance des hackathons au niveau de la ville, avec présence et participation de venture capitalists pour créer des entreprises sur les projets intéressants
- la ville montre aux citoyens comment elle travaille, et avec quelles données, pour susciter la participation et l’aide
- fortes interactions entre la municipalité et l’université pour développer des outils qui répondent aux besoins de la ville (bugtracker citoyen, interfaces mobiles, etc)
- approche start-up pour aller rapidement, essayer et améliorer : faire vite et pas cher dans une démarche émergente et pas monolithique
- des citoyens mieux informés prennent de meilleures décisions
- les entreprises se lancent dans l’exploitation des données avec un décalage sur leur publication; et uniquement si elles sont effectivement disponible de façon pérenne
La diplomatie digitale : les états au cœur de la révolution des données
Jeanne Holm, Jeff Kaplan
- le but final de l’opendata n’est pas de publier des données mais de les exploiter. Il est critique pour les administrations de construire, stimuler et alimenter les communautés de réutilisateurs
- aider l’ensemble des nations à se mettre aux données ouvertes via la réutilisation d’une plate-forme libre d’OpenGov.
- forte différence culturelle entre les États-Unis d’Amérique et la France : la France voit en premier les risques, là où les USA voient en premier les opportunités d’innovations et de business
- travailler pour inciter les citoyens à s’engager dans les projets de données ouvertes : animations sur les réseaux sociaux, organisation d’ateliers, présentation de démonstrateurs, etc. Montrer que l’administration est impliquée → évangélisme
- éviter absolument de se positionner dans une approche de retour sur investissement pour les données publiques
- privilégier une fédération organisée de plate-formes de publication de données plutôt qu’un gros portail unique. Mais à moduler selon la situation des pays
Open Data 2.0 : la valorisation des données avant tout
Philippe Reynaud
- difficulté aujourd’hui de libérer la valeur des données ouvertes pour la création de richesse et de citoyenneté → fossé entre les attentes et la réalité
- enjeu fort de la pertinence et de la qualité des données pour réaliser la création de richesse.
- la démarche de l’offre est insuffisante, il y a une nécessité d’amorcer le marché des entreprise
- aller vers la publication des données plus riches et complexes : données dynamiques, temps réel, non-structurées, préalablement traitées, etc (par exemple : les capteurs publics)
- ne pas juste proposer des données mais aussi proposer des services
- privilégier la publication des données ouvertes centrées sur la réutilisation à forte valeur ajoutée
Open Data : enjeux et perspectives des nouvelles diplomaties digitales
Joa Holanda, Amparo Ballivian
- à l’étranger, on se demande pourquoi la RATP refuse de publier ouvertement les horaires de ses transports
- retour d’expérience sur l’ouverture des données publiques au Brésil :
- problème au niveau local car les données exposent la corruption : danger pour les personnes
- publication des salaires de tous les fonctionnaires
- l’opendata n’est pas une solution aux problèmes mais une des approches de résolution
- les citoyens sont très peu concernés directement par les données publiques, mais bénéficient grandement des réutilisations qui en sont faites
- dans les pays en voie de développement, il faut s’appuyer davantage sur le téléphone mobile que sur internet : très forte couverture télécom, mais internet est lent et éradique. Ça change la réalisation de l’ouverture des données
How it all began and where it is going…
Nigel Shadbolt
- au début, publication scientifique d’un journal contenant toutes les données liées à un code postal. C’était une démarche illégale en UK en 2009
- les données ouvertes sont comme le web : pour tout le monde
- Open : licences, standards, data, participation, source. Tout doit être ouvert
- la publication des données publiques met une pression sociale sur les administrations les moins efficaces
- présentation de quelques publications de données publiques anglaises, et pourquoi elles sont importantes : obésité, météo, criminalité, budgets…
- un des enjeux est la capacité à lier les différents jeux de données (ce que la CNIL en France redoute par dessus tout)
Comment l’Open Data responsabilise-t-elle l’administration face aux citoyens ?
Agnès Verdier-Molinie, Kevin Hauswirth, George-Étienne Faure
- la ville de Chicago fait énormément d’efforts pour impliquer et stimuler les communautés locales afin de susciter la réutilisation des données publiques
- les citoyens ne peuvent pas faire seuls le travail d’épluchage des données : il faut le soutien des administrations, de la presse, etc.
- grâce aux données ouvertes, l’iFRAP a mis en évidence en Île de France des associations qui recevaient des subventions publiques sans publier au Journal Officiel leurs comptes, conformément à la loi
- en France, il faut réaliser des investissements pour le développement des écosystèmes sur les données ouvertes. Et ça ne doit pas être que le rôle du gouvernement
- en France, le cas de la CNAM qui s’oppose à la réutilisation des données publiées sur Ameli. un des exemples où une administration torpille une start-up qui réalise un usage innovant des données publiques
- en France, toutes les institutions ne sont pas obligées de publier leurs informations. Il faut songer à étendre la loi de 1978 ?
- Chicago : deux millions de connexions par an sur le bugtracker citoyen pour s’informer de suivre la résolution des problèmes
L’Europe en avant-garde du mouvement
Thibaut Kleiner
- l’Europe a un rôle d’aiguillon pour inciter les états à aller plus loin dans l’opendata
- il y a des projets au niveau du parlement européen et de la commission européenne
- le problème et l’enjeu : comment transformer les données en une croissance économique
Technologie et tendances provenant de la Silicon Valley
Georges Nahon
- des outils de traitement automatique de données de plus en plus performants (suggestions Amazon, etc.)
- accélération du changement engendré par l’évolution des outils
- le coût de création d’une start-up a énormément baissé en dix ans: aujourd’hui ça ne coûte plus grand chopes de lancer une entreprise innovante sur l’informatique
- les réseaux sociaux ont créé des sortes de webs parallèles avec leurs propres écosystèmes économiques (applications internes sur API, etc.)
SNCF OpenData : Ouvrons la voie à des services innovants
Patrick Ropert
- la SNCF est plus intéressée par les questions de mobilités que par les données
- l’opendata est une nouvelle culture de la donnée
- example de réutilisation : Home’n’go pour trouver un logement en fonction de critères comme le loyer et le temps de trajet maison ↔ entreprise
- c’est le tir au pigeon sur le représentant de la SNCF : les participants à la conférence font remonter tout un tas de différents problèmes rencontrés par les gens pour accéder aux données sur les trajets de la SNCF : lignes, horaires, disponibilité, etc.
Open knowledge : Open conversations
Peter Murray-Rust, Primavera de Filippi
- en science, privilégier les données en licence CC-0 et les textes en CC-by
- content mining for data is a right : le droit de lire est le droit de fouiller
- guerre ouverte entre les chercheurs et les éditeurs de publications, afin de garantir la liberté des publications scientifiques
Les applications d’après-demain
Bernard Benhamou, Daniel Dardailler, Jean-Marc Lazard
- 65% des métiers qu’exerceront les jeunes actuels n’existent pas encore aujourd’hui
- depuis cinq ans, montée en puissance des terminaux mobiles. mais ils ne sont pas la fin : les objets connectés sont dans le viseur
- l’information issue des capteurs va dépasser de très loin les informations crées par les humains
- inflexion de la donnée générique vers la donnée personnelle
- les premières demandes des citoyens concernent des données géolocalisées
- allers vers plus de rigueur dans la manipulation des données : validation, certification d’authenticité (signature cryptographique), métadonnées, qualité de mise à disposition, etc.
- importance de plus en plus grande de l’aspect temporel des données : évolution dans le temps des jeux de données
- un enjeu critique est la capacité à évaluer la véracité des données
Résultat de l’enquête GFII-Serdalab sur les données publiques réutilisables
Marc Ribes, Louise Guerre
- Intervention sans aucun intérêt. Pas d’information sur les personnes interrogées, la méthodologie employée, et la portée de l’étude : impossible de se faire une opinion sur l’interprétation des résultats présentés. Il n’est pas prévu de publier les données brutes de l’étude. Des chercheurs et collectifs citoyens interviennent pour critiquer ces manques, la représentante de GFII-Serdalab botte en touche. Fail.
Et si l’Open Data faisait rêver ?
Hervé Derycker
- synthèse large et blabla sans lien avec l’opendata
Notes sur la Conférence OpenData
- Tiens, on croise aussi des gens d’OVEI2 à la Conférence OpenData :)
- Douze appareils bluetooth sont visibles depuis ma place, aucun avec un partage public de documents mais le tethering internet est ouvert et les appareils publient sauvagement des informations nominatives innocentes. Mais que font la CNIL et la HADOPI ? Ah oui, c’est vrai : elles s’acharnent à vouloir imposer des législations obsolètes :)
- Yeah ! On m’a félicité pour mon « super t-shirt de geek » \o/ Il s’agit de celui d’XKCD : « Science : it works, bitches »
- On mange bien au Ministère de l’Économie et des Finances, et les portions sont généreuses (trois merguez et une tranche de bacon, ¼ de camembert, etc.) au point que je n’ai pas réussi à finir mon plateau-repas.
- Le Ministère est vaste, avec de grands espaces dégagés et nets. On a une impression d’ordre et de recherche de fonctionnalités. Bonus : dans les bureaux on peut apercevoir des calendriers avec des chats : ça doit être un endroit agréable pour y travailler
- Dans la salle de conférence la 3G ne passe presque pas, le wifi est bridé sur des ports, et pas d’IPv6
- La sécurité des lieux est assurée par les douanes qui passent tous les piétons aux détecteurs de métaux. Problème : les gens entrant en voiture ne sont pas fouillés (pas même le coffre), et il est possible de faire passer n’importe quoi au travers des grilles de l’enceinte qui entourent le Ministère. Quand j’ai fait remarquer cela aux douaniers, ils ont très mal reçus mes remarques sur la protection effectives des lieux. Le théâtre de la sécurité a encore de beaux jours devant lui.
- la tendance du moment pour les SVP : ne plus mettre son email mais son compte Twitter
- présence de Regard Citoyen et OpenData71
- participants fortement internationaux, âgés principalement entre 35 et 40 ans. Bonne présence des femmes. C’est appréciable
- présence de quelques geeks : je suis le seul en tenue classique t-shirt+barbe+cheveux longs, mais un autre est habillé en orange flou avec une casquette. WTF ?
- les français qui insistent pour s’exprimer en en anglais sans maîtriser correctement la langue, ça gonfle tout le monde.
- info amusante : juste à côté du Ministère de l’Économie et des Finances se trouve une agence du Pôle Emploi :)
- des photos de la Conférence OpenData
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