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dimanche 11 décembre 2011

Bilan de début de parcours sur la mise en place des données ouvertes à Lyon

Contexte

Dans le cadre de mes activités avec le Parti Ꝓirate Rhône-Alpes pour la mise en place globale des données ouvertes à Lyon, je suis amené à rencontrer de nombreux élus, gestionnaires de collectivités, et responsables d’entreprises.

Si la première étape (rassemblement de personnes au fait des problématiques et motivées pour y répondre) de la mise en place est réalisée depuis de nombreux mois, la seconde (amorçage avec quelques partenaires industriels et administrations choisis et réactifs) est fortement bloquée. Les suivantes (implications des citoyens, établissement d'un écosystème, etc.) sont quant à elles incertaines.

Je liste ici les principaux problèmes que nous rencontrons et je tente d’y répondre par des propositions.

Problèmes rencontrés

Entreprises

Les PME & PMI sont mal informées sur les données ouvertes. Bien souvent elles ne connaissent pas cette démarche ou en ont une vision incomplète.

Les entreprises expriment de nombreuses craintes sur la publication de leurs données : harcèlement de démarcheurs commerciaux, intérêt économique de réaliser cet investissement, perte de contrôle sur l'activité, etc.

Les entreprises qui assurent des missions de service public (comme les TCL) refusent d’ouvrir leurs données les plus basiques sur les services qu’elles fournissent aux citoyens, argumentant que cela ne fait pas parti de leur contrat passé avec la ville. Elles déclarent les commercialiser selon des engagements spécifiques (non-redistribution, etc.)

Administrations

Il y a une absence flagrante de responsables dans les administrations locales : la pratique des données ouvertes y est quasi inexistante ; il n'y a donc pas d’organisation. Personne ne possède l’attribution de piloter l'ouverture des données, donc personne ne prend en charge cette question ; les services se renvoient la balle en se déclarant incompétents.

Citoyens

Les citoyens qui désirent individuellement mettre en place des initiatives de données ouvertes n'ont pas accès aux données nécessaires. Les entreprises leur claquent la porte au nez, et les administrations les promènent de service en service pour finalement les ignorer.

Propositions pour soutenir le développement des données ouvertes à Lyon

Les administrations doivent être motrices de l’amorçage de l’environnement des données ouvertes. Ce ne seront ni les entreprises (par crainte) qui seront à Lyon le moteur initial des données ouvertes, ni les citoyens (tributaires des données captives).

La collecte, la diffusion et l'utilisation de données ouvertes sauvages[1] est une solution tout à fait envisageable auprès de certaines entreprises récalcitrantes qui remplissent des missions de service public. Cette approche permet de mettre directement les entreprises en face de la question des données ouvertes, et de les obliger à prendre en compte l'évolution de la société.

Dans les administrations, il est nécessaire d'attribuer visiblement la responsabilité de la mise en place et de la gestion des données ouvertes, et ce dans une approche transversale des différents services. Le point de blocage étant ici politique, il est nécessaire de le régler à ce niveau via des personnes (élus, hauts responsables…) pouvant prendre des décisions et mettre en œuvre la démarche des données ouvertes.

Note

[1] J’appelle « données ouvertes sauvages » des données légalement mises à la disposition du public, mais non destinées par leur propriétaire à être réutilisées dans un cadre plus vaste. Par exemple, il peut s'agir d'informations sur un réseau de transport public, collectées via une aspiration de site web suivi d'une extraction. De telles données sont actuellement dans le cadre gris de la loi : pas explicitement interdites, mais pas non plus encadrées. Exemple : Indian Rail Database

mardi 11 octobre 2011

Atelier Création d’entreprise

À force de rencontrer des personnes et de discuter avec des structures de conseil sur la création d’entreprise, je me suis laissé persuader d’inclure dans Galère autre chose que les expérimentations sur le trading nominal de bitcoin. Des gens me parlent sans cesse de brevets[1], de transferts de technologies venant de mes activités de recherche, de conseils aux entreprises pour les aider à valoriser leurs productions technologiques et scientifiques; du coup j'inclus tout ça en fourre-tout dans le projet, et on verra. Eh, si c'était plus structuré, ça serait moins drôle :)

Par un cheminement compliqué, je me suis retrouvé à participer à l’atelier « Création d’entreprise » du Pôle Emploi. Au programme, 3 heures ultra longues de monologue.

Création d’entreprise au Pôle Emploi

Pôle Emploi :

  • sensibilisation de la création d’entreprise
  • orientation vers les structures
  • bla bla bla… intervenant SOPORIFIQUE À MORT

La CCI :

  • réunion « s’informer pour entreprendre »
  • 3 heures, gratuit

Utilisation du DIF de l’employeur précédent (« DIF portable ») pour formation/accompagnement à la CCI.

« Espace Entreprise », service du développement économique, Ville de Villeurbanne :

  • 50 rue Racine, Villeurbanne
  • accompagnement
  • RDV avec avocat d’affaires et expert-comptables pour aide
  • antenne de la CCI

Paperasse

Association ADL :

  • 13 rue Docteur Ollier, Villeurbanne
  • dossier NACRE gratuit

Structure CREONS SCOP :

  • gratuit pour villeurbannais
  • 25 rue du Bat d’argent, Lyon 1e

Le processus de création d’entreprise

Adéquation homme/projet

  • faire le bilan personnel et professionnel
  • formaliser l’idée
  • repérer les opportunités
  • lister les contraintes légales et humaines
  • utiliser les structures d’aides pour servir de miroir cognitif

Le Pôle Emploi propose des prestations gratuites :

  • bilan de compétences avancé
  • évaluation dans le milieu de travail

Étude de marché + étude technique de moyens

But :

  • valider la faisabilité commerciale de l’entreprise
  • positionnement sur le marché
  • établissement du CA prévisionnel
  • identifier :
    • marché : organisation des acteurs, tendances, réglementation, géographie
    • concurrent : directs et indirects, offres, positionnement, implantation, politique commerciale
    • clients : profiles
    • réseaux : entreprises amont et aval de l’activité
  • établir stratégie commerciale

Étude de marché :

  • quoi
  • à qui vendre
  • clients : nombre, lieux, habitudes, besoins, contraintes
  • concurrence directe et indirecte : gamme produits, prix, horaires, SAV, communication
  • fournisseurs
  • prescripteurs
  • où s’installer
  • comment vendre : stratégie de communication
  • combien : prix, coût de production, moyens de travail, CA escompté, nombre de clients potentiels

Voir les fiches professionnelles de l'APCE.

TI-82

Étude financière

Le dossier financier en 4 parties :

  • plan de financement initial (PFI)
  • compte de résultat prévisionnel (CRP)
  • plan de trésorerie
  • plan de financement sur 3 ans : autofinancement, investissement en matériel…

PFI : tableau équilibré (cf page 13 du livret PE« Organiser son projet de création ou de reprise d’entreprise »)

  • besoins
  • ressources

CRP : tableau équilibré, par perte ou bénéfice (cf page 15 du livret PE« Organiser son projet de création ou de reprise d’entreprise »)

  • charges : exploitation, externes (loyer, assurances, frais de transport, publicité), salaires + charges sociales, impôts et taxes
  • recettes : chiffre d’affaire

Charges sociales : 46% du CA avant impôts et taxes → travailleur non-salarié → régime social RSI → pas d’assurance-chômage → pertinence d’une assurance personnelle

µ-entreprise : pas un statut mais une option fiscale

⚠ Penser à l’ACCRE lors de la création si éligible

Étude juridique, sociale et fiscale

pas vu, plus le temps

Recherche de financements et d’aides

pas vu, plus le temps

Les formalités de création

pas vu, plus le temps

Lancement du démarrage de l’activité

pas vu, plus le temps

Notes & conclusion

Je prend note : cet atelier ne sert qu’aux personnes qui se réveillent un matin en se disant « tiens, et si je créais mon entreprise » ? Cela vient aussi du fait que l’atelier était chargé en personnes, chacune avec un profile, des objectifs et un avancement différents. Du coup, il était très difficile d’échanger; pas grand chose en commun entre une personne qui veut ouvrir un point chaud, une qui fait du transfert de technologies, une qui fait de la vente… Rien d’inintéressant, mais rien non plus d’utile pour moi. Il s’agissait d’une présentation générale du processus de création d’entreprise.

Au Pôle Emploi, ils n’aiment pas le statut d’auto-entrepreneur : très peu de personnes qui se lancent dedans génèrent suffisamment de bénéfices pour vivre.

Et bien sur, toujours, ça parle d’activité « sur INTERNET ». Genre, le net est un univers à part…

Comme souvent, j’étais le seul avec un ordinateur, mais c’était bourré d’iPhones et les gens relevaient leurs mails.

Les autocollants du Parti Ꝓirate font toujours autant d’effet :P

Sieste de chat-ninja

Tout le travail préparatoire à faire me donne envie de faire comme le chat : une sieste… Monter (correctement) une entreprise (crédible) en même temps que bosser, ça demande une énergie folle.

Bonus : dans les toilettes pour hommes du Pôle Emploi, il y a un très joli câble ethernet (CAT 5E) qui descend du faux-plafond pour disparaître dans le faux-plancher. Avec 5 minutes, une bonne pince coupante et un connecteur, on pourrait en faire des choses… ;P

TODO :

  • faire une étude de marché propre : mon activité est peu connue donc il faut savoir où je mets les pieds
  • monter le business plan ; même sans besoin de financement ça permettra d’estimer le niveau de génération de profits
  • potasser la réglementation sur la Jeune Entreprise Innovante
  • regarder du côté du régime de la micro-assurance
  • voir module EPCRE (Évaluation Pour la Création et la Reprise d’Entreprise) et stage I-Declic auprès de la région

Note

[1] brevets qui, je le rappel, n’existent pas sur les logiciels

dimanche 18 septembre 2011

Pourquoi je crée mon entreprise

Oui, pourquoi au juste ?

Je m'intéresse actuellement aux Ƀitcoins; je souhaite étudier leurs usages et implications en France. Par exemple :

  • impôts et taxes : comment sont-ils classés ?
  • législation : c’est quoi, juridiquement, un Ƀitcoin ? Et un achat/vente de Ƀitcoin en France, en Europe, à l'international ?
  • utilisation quotidienne : comment on les manipule, on les échange, on les place et les emprunte…

Les questions que je me pose sont du genre : Mascotte Ƀitcoins

  • Que signifie faire un usage nominal du Ƀitcoin ?
  • Quelle est la perception du Ƀitcoin par les citoyens français ? CF les monnaies alternatives (SEL, abeille)

Je pourrais naturellement étudier ces questions du point de vue de l'individu, mais j'ai trouvé intéressant de changer mes habitudes et de regarder cela au travers du cadre professionnel. Un particulier n'est pas une association, qui elle-même n'est pas une entreprise.

Uh, Ƀitcoin ?

Le Ƀitcoin est une « monnaie » (à défaut d’un meilleur terme) décentralisée, anonyme (si utilisée correctement), sans structure de régulation.

Le statut juridique

Le gouvernement a récemment mis en place une série de lois pour faciliter l'entrepreneuriat : simplification des procédures administratives, ajustement de l'imposition par rapport à l'activité réelle, absence de cotisation sociale, etc. Ce qui était alors impossible (créer sans frais indécents une entreprise) le devient. Et du coup, cela change tout.

Le statut que j'ai retenu est celui de la micro-entreprise associé à celui d'auto-entrepreneur; avec par la suite le passage en EIRL. Ces dispositions correspondent très bien aux activités que je vais mettre en place. Ce statut me permet de ne pas payer d’impôts s’il n’y a pas de chiffre d’affaire; ce qui est le cas car Galère est une plate-forme juridique pour me permettre de tester des idées sans objectifs de gains supérieurs à 100 €.

Pirate coulé dans Astérix

Pourquoi le nom « Galère » ?

Parce qu’il permet de faire des phrases amusantes : « Le Ƀitcoin, c’est Galère ! », « L’informatique, c’est Galère ! », « La recherche, c’est Galère ! » :)

Et donc, le blog ?

En science, la démarche est aussi (si ce n'est plus) importante que le résultat, donc je vais prendre le temps de détailler les différentes démarches afin de permettre à d'autres de reprendre mon travail. Je suis adepte des données ouvertes[1] sous licence libre.

Note

[1] essayons de parler français : je ne vais pas utiliser le terme « Open Data » :)

mercredi 15 juin 2011

Compte-rendu d'ITS2011

Contexte

Du 6 au 8 juin 2011, j'ai participé au congrès international ITS2011 sur la thématique de la mobilité intelligente : les systèmes d'informations pour le transport durable des biens et des personnes en région urbaine. Pour faire simple, il s'agit d'ajouter de l'intelligence dans les transports en ville via l'informatique.

The main focus of the Congress will be "Intelligent mobility - ITS for sustainable transport of persons and goods in urban regions", paying particular attention to the following topics:
  • Co-modal urban transport management
  • Electromobility
  • From cooperative systems to integrated mobility services
  • From smart concepts to successful implementation
  • Governance and business issues
  • Information and communication: providers and users
  • ITS for adaptive and resilient cities

Le congrès était fréquenté par trois types de personnes :

  • les Décideurs Stratégiques, habillés de somptueux costumes, venus pour faire la promotion de leurs entreprises et discuter avec les élus locaux et les représentants du gouvernement;
  • les commerciaux, habillés de moins beaux costumes, étaient présents pour vendre les services de leurs entreprises;
  • les ingénieurs, habillés de chemisettes, s'occupaient de tenir les stands, d'assurer les démonstrations et de répondre aux questions.

Vous l'aurez compris, pas d'informaticiens-barbus, ni de techno-wiz en t-shirt. Les scientifiques présents, via les programmes de la commission européenne, s'étaient réfugiés dans des salles à part pour travailler. À côté des hôtesses en tailleur de chez Orange, j'ai donc régulièrement attiré l'attention. Heureusement que le stand de l'ITS France (avec sa machine à café) était plus accueillant : il servait de point de ralliement aux chercheurs.

Quelques éléments du congrès

Orange Business Services : rien d'intéressant, Orange se focalise sur son modèle économique historique : vendre de la bande-passante. Développement de petites applications pour terminaux mobiles afin d'accéder aux réseaux sociaux tout en roulant (vocalisation de statuts Facebook, reconception d'interface web, etc)

Véhicule électrique de Mia, avec instrumentation par Orange

Véhicule électrique de Mia, avec instrumentation par Orange

Renaud Truck propose des logiciels pour assister les professionnels de la route. L'idée est de croiser des outils de géolocalisation, de capture d'image et de transmission de données afin de proposer des facilités aux besoins spécifiques des chauffeurs (capture de preuve sur l'état de la cargaison, par exemple). Également, des outils de calcul d'itinéraires et de tournées adaptés aux contraintes des camions (taille, poids, manœuvrabilité, réglementation, etc).

Ailleurs, rien d'intéressant : des voitures équipées de « tableaux de bord intelligents » (comprendre : qui intègre les capteurs de recul au lieu d'avoir un écran déporté), des systèmes d'analyses vidéo pour repérer et quantifier les embouteillages, des récepteurs satellites en veux-tu en voilà couplés à des bases de données privées… En dehors de quelques prototypes industriels sympathiques (drone aérien ou simulateur de conduite), rien d'innovant mais plutôt des intégrations de technologies existantes.

La vidéosurveillance est en très forte augmentation. Les arguments avancés sont des besoins en image de points stratégiques pour la congestion des transports et la sécurité des personnes, mais en pratique rien n'empêche l'usage parallèle des images pour la surveillance des personnes.

Dispositif de vidéosurveillance urbaine

Dispositif de vidéosurveillance urbaine

Niveau recherche, l'accent était mis sur les calculs d'autonomie des véhicules électriques. En fonction de l'usage (vitesse, charge, chauffage, musique, etc) et de l'environnement (qualité asphalte, vent, température) la tension de la batterie évolue différemment. D'où des besoins en analyses et prédictions des usages. Des idées de croisement des informations (trafic, météo, etc) des opérateurs de routes avec celle de la voiture pour affiner les calculs.

Aussi, des questions d'ergonomie : il faut utiliser des grandeurs utiles (kilomètres ou minutes restants) et pas abstraites (joules, watt, etc) qui ne donneraient pas d'info « utiles ».

Ce que je retiens du congrès

Un véhicule doit forcément être électrique, les autres technologies (gaz, pétrole, etc) ne sont même pas évoqués. En discutant avec les ingénieurs, on se rend compte que tout le monde est déjà passé dans l'après-pétrole au niveau des transports. Selon les cycles de vie des technologies (par exemple, 10 ans pour les camions), les avancés sont plus ou moins visibles, mais la solution des véhicules hybrides est évacuée : l'avenir est purement électrique; conserver 2 approches est trop coûteux.

L'expression clé du congrès était « interopérabilité ». Comprendre « interopérabilité technique », c'est à dire comment on peut interconnecter différents systèmes pour les faire travailler ensemble. Par exemple, pour croiser les informations de la ville sur l'encombrement des routes, le remplissage des stations Velo'v et les bus des TCL.

L'idée est très bonne, à un détail majeur près : PERSONNE n'est motivé pour ouvrir les données de ses systèmes. Donc chacun se regarde en chien de faïence, et rien n'avance sauf en dehors de « partenariat stratégique ». L'expression « open data » revient souvent, portée comme étant LA solution, mais dès qu'il s'agit d'ouvrir ses systèmes les entreprises refusent. Le problème est que les directions commerciales n'ont aucune réelle idée sur comment valorisée les données provenant de leurs systèmes, et que les directions juridiques bloquent de peur de se prendre des procès pour avoir exporter des données personnelles.

Drone radiocommandé de vidéosurveillance

Drone radiocommandé de vidéosurveillance

Le libre n'est jamais spontanément évoqué dans les discussions, en partie à cause du fait que les dirigeants ne sont pas au courant de ce genre d'approche. En revanche, les ingénieurs sont très intéressés (et même impliqués), le problème étant les politiques des entreprises qui bloquent sur les évolutions du droit d'auteur. De nombreuses réalisations présentées durant le congrès s'appuient sur le libre (serveurs, techno, etc) mais cela n'est jamais évoqué; un démonstrateur (commercial) a même eu l'air gêné quand j'ai posé la question à son « expert technique ». Il faut croire que c'est mal vu dans le domaine du transport.

La cérémonie d'ouverture était aussi longue qu'ennuyeuse, encombrée par des discours d'hommes politiques (oui, pas de femmes dans le transport) qui sont repartis aussitôt après être intervenus. Gérard Colomb et Jean-Jack Queyranne aiment bien mettre en valeur ce qu'ils disent faire en matière de transport, mais acceptent rarement d'en débattre avec des citoyens et des chercheurs; on se demande pourquoi… Ah si, je sais en fait : les TCL sont exécrable en matière de transport en commun, et personne n'ose faire quoi que ce soit. Sans parler de l'absence de réflexion sur les infrastructures de transport dans le projet du Grand Stade lyonnais.

Le buffet qui a suivi la cérémonie d'ouverture était quelconque : champagne bas de gamme pas assez frais, jus de fruits reconstitués, et petits-fours tellement gras qu'ils luisaient de mille feux sous les lumières. Heureusement que les canapés à la sauce de Roquefort ont sauvé les meubles.

Bonus

Mes photos sont sur Flickr.

Vidéo improvisée d'interludes artistiques durant la cérémonie d'ouverture. WTF ?! Première fois que je vois cela à un congrès technologique.

dimanche 24 avril 2011

Regard sur le conflit des générations dans le monde de l'entreprise

Problématique : différentes façons de vivre en entreprise

La fin de la génération du baby boom et la montée en puissance de celle des natifs du numérique[1] donnent lieu a des croisements intéressants en entreprise : les pratiques des seniors, établies depuis les années 60, et celles des nouveaux travailleurs, nourris au web social, sont de nature très différentes.

Touche Entrée d’un clavier

Pour faire simple, nous avons affaire à deux générations :

  • l'ancienne génération : organisée en hiérarchie pyramidale, avec la recherche et l'accumulation du pouvoir; les relations de travail s'inscrivent dans un rapport de force
  • la nouvelle génération : organisée de façon horizontale, avec la mise en avant du partage et des interactions; les relations de travail se fondent sur la collaboration étalée dans l'espace et le temps

Les protagonistes étant posés et le milieu de l'entreprise étant un endroit privilégié pour la naissance des tensions humaines, il ne nous reste plus qu'à observer comment toutes ces personnes vont s'adapter et travailler ensemble. Il y a plusieurs possibilités.

Possibilité : la nouvelle génération doit entrer dans le moule de l'ancienne

Les anciens étant aux commandes de l'entreprise (direction, responsabilités, etc), le changement est verrouillé : saugrenu de remettre en question quelque chose qui a fait ses preuves ! La nouvelle génération claque les talons et se plie aux pratiques en vigueur. Il se produit alors un décalage de plus en plus grand entre la façon de penser et de travailler de l'entreprise, et celle de la vie quotidienne qui continue d'évoluer.

Les perspectives sont très sombres pour l'entreprise, et nul doute que les jeunes employés ne songent qu'à une seule chose : partir vers des lieux plus accueillant. L'entreprise perd son potentiel humain et doit faire face au changement sans les ressources internes nécessaires.

Possibilité : l'ancienne génération s'adapte

Consciente que la société a changé et que l'entreprise doit faire de même pour la suivre, l'ancienne génération se met aux pratiques actuelles : communication des idées en amont, partage des responsabilités, réorganisation de la gestion de projets, outils de travail… tout y passe. À grands renforts de formations en groupe et de coaching individuel, les fax sont mis au placard pour être remplacés par des courriers électroniques.

L'ancienne génération fait alors sienne les pratiques de la nouvelle. Soyons réalistes, cela ne se produit que très rarement.

Possibilité : rien de significatif n'est fait

Devant l’ampleur de la tâche à accomplir et les montagnes de réticences passives et actives à vaincre, les RH préfèrent souvent baisser les bras et s'en remettre « à la bonne volonté de chacun ». Sans l'appui d'une direction impliquée, il est difficile pour eux de mettre en place une telle évolution. Cela aboutit à deux suites possibles.

Le conflit ouvert

Office war

Laissés à eux-même, les membres de l'entreprise s'auto-organisent. Des clans se forment entre les « connectés » et les « déconnectés » : les communications se font respectivement par messagerie instantanée et par affichage sur le tableau à épingle, la mémoire des projets est éparpillée entre wiki et chemises cartonnées, et des gens refusent de travailler ensemble.

Le résultat est l'explosion de la force de l'entreprise, qui conduit inévitablement à sa chute et à la fuite de la nouvelle génération (ce qui revient au même).

La sélection naturelle

L'autre dénouement possible est la réalisation de la théorie scientifique de l'évolution : les plus adaptés au changement survivent.

When Sysadmins Ruled the Earth

L'ancienne génération étant principalement caractérisée par son âge qui entraîne des divergences culturelles avec la nouvelle, c'est tout naturellement qu'elle cède sa place à cette dernière avec une vitesse de plus en plus grande. Le départ en retraite évacue la question de quel style de travail l'entreprise doit adopter, car la nouvelle génération se retrouve de facto majoritaire avec le temps qui passe.

Durant cette période de transition les tensions grandissent habituellement de plus en plus, cela rend la vie interne de l'entreprise compliquée. Ou bien, l'ancienne génération se retranche peu à peu dans une tour d'ivoire et le « corps » de l'entreprise se retrouve alors sans « tête »; cette situation n'est pas non plus des plus avantageuse…

Conclusion

Mon ressenti de l'évolution du conflit (technologico)culturel de l'entreprise est très sévère; j'en suis conscient, les gens des RH me le disent régulièrement. Mais pour avoir visité bon nombre d'entreprises et avoir mis les mains dans leur cœur le plus intime (leurs systèmes d'information), je ne peux que constater les oppositions frontales entre des groupes au sein des entreprises dont la taille dépasse quelques dizaines de personnes; la définition de ces groupes se faisant principalement au final sur l'âge, car cela engendre toute l'approche sociale et les utilisations des technologies qui sont faites par les personnes.

Je n'ai malheureusement pas de solution simple à proposer : si elle existait, nul doute qu'elle serait déjà mise en place. Mais la nécessité de faire correspondre l'entreprise aux pratiques de la société est indiscutable.

Note

[1] les digital natives, pour nos amis les Décideurs Pressés

jeudi 19 août 2010

Les chercheurs, la voiture et le plot : une réflexion sur l'usage de la force brute

Au LIRIS, nous n'hésitons à pas donner de notre personne pour résoudre les problèmes. Surtout quand il ne sont pas du domaine de nos spécialités. Laissez-moi vous raconter une histoire.

L'histoire

Il était une fois, un groupe de chercheurs qui sortaient de leur laboratoire afin de rentrer chez-eux.

Chemin faisant, ils se firent héler par une splendide demoiselle aux doux yeux maquillés tel le dieu Ra. La jeune fille était bien en peine car sa voiture, suite à une mauvaise manœuvre, se trouvait perchée sur un plot de béton.

Voiture coincée

Les chercheurs étaient emplis de bonne volonté et s’approchèrent afin d’examiner cette curiosité. Ils se mirent à tourner autour de la voiture, à palper des éléments, à poser des hypothèses et à estimer les différents paramètres.

Leur conclusion fut sans appel : oui, cette voiture était effectivement bloquée sur le plot en béton, et le dégagement allait être une opération délicate car son dessous commençait à être endommagé.

Voiture coincée, vue de dessous avant, protection endommagée
Voiture coincée, vue de dessous avant, protection endommagée

Une fois ce constat établit, restait aux chercheurs à proposer et à mettre en œuvre une solution. En effet, la demoiselle en détresse n'avait pas fait appel à eux pour lui apprendre ce qu'elle savait déjà (à savoir que sa voiture était coincée sur un plot de béton), mais bien pour y apporter une réponse.

Comme nos chercheurs étaient emplis de bonne volonté et se sentaient d'humeur virile, ils affirmèrent vouloir relever ce défi. Mais comment faire ? Deux courants de pensée apparurent.

Il y avait d'une part des chercheurs, emportés dans un élan idéaliste, qui songeaient à fournir des appuis supplémentaires à la voiture afin de lui permettre de se mouvoir de nouveau; et donc de se dégager par elle-même. En langage courant on appelle cette technique « mettre une rampe sous les roues ».

Et d'autre part, des chercheurs (sans doute pressés de rentrer chez eux vu l'heure déjà tardive; qui pourrait leur en vouloir ?) préféraient dégager la voiture à la main en la portant.

En personnes civilisées, les chercheurs se sont mis à débattre du pour et du contre de ces deux approches. Pendant que la demoiselle en détresse commençait à désespérer de voir son problème résolu (surtout que, apparemment, la voiture n'était pas à elle…).

Ne pouvant arbitrer, mais restant toujours bons collègues, les chercheurs établirent le compromis de réaliser les deux solutions.

Le premier petit groupe de chercheurs s'en allât emprunter sur un chantier voisins des matériaux de construction : parpaings, planches épaisses, cales… ils étaient certains d'y trouver les ressources nécessaires à leur entreprise.

Pendant ce temps, hésitant sur la conduite à tenir durant l'expédition du premier groupe, le second groupe de chercheurs rassurait la demoiselle en détresse. Se faisant, les chercheurs examinaient aussi la voiture; cherchant qui des points de levage, qui estimant l'effort à fournir pour lever et porter la voiture, etc.

Voiture libérée

Finalement, n'y tenant plus et ne voyant toujours pas revenir le premier groupe, les chercheurs du second se rassemblèrent autour de la voiture, la levèrent et la portèrent au delà du plot bétonné.

Folle de bonheur, la demoiselle remercia ses sauveurs et s'en allât rejoindre son prince charmant. Ne voyant toujours pas revenir ceux du premier le groupe, les chercheurs se dispersèrent pour rentrer chez eux.

Nul ne sut jamais ce qu'il advint des autres chercheurs partis en quête de matériaux.

Conclusion

Il ne faut pas sous-estimer la capacité de la force brute à résoudre un problème complexe ou sensible.


Discussion

Régulièrement dénigrée dans le monde de la recherche où elle peut être qualifiée d' « inélégante » et de « simpliste », la force brute n'est pas pour autant dénuée de qualités.

En effet, utilisée correctement, elle permet de répondre à un besoin avec des coûts modérés et une mise en œuvre rapide.

Par exemple, supposons que nous aillons à examiner 30000 heures de vidéo provenant de caméras de surveillance pour en relever les passages d'un personne. Les images, qui proviennent d'appareils de qualité moyenne, sont régulièrement floues ou bruitées.

Quelle est la solution la plus rentable ? Concevoir et développer un logiciel d'analyse d'image avec détection de formes et reconnaissance de visages, ou d'embaucher 100 chinois 10 heures par jour durant 30 jours ?

Dans le premier cas, il faut recruter des experts, des ingénieurs et des développeurs dans de nombreuses disciplines : génie logiciel, analyse de signal, traitement de données temporelles, etc. Cela coûte cher et l'estimation du temps nécessaire à la mise en œuvre est imprécise.

Dans le second cas, avec 100 chinois payés $5 par jour durant 30 jours, le coût sera de $15000 et le travail aisé à planifier.

Certes, on peut avancer que le développement du logiciel de reconnaissance est un investissement et permet donc de diminuer le coût unitaire à la longue. Mais en contrepartie, il est moins adaptable que les humains à qui on pourra demander de rechercher dans les images une voiture, une personne portant une valise précise, etc.

Il est également important d'évaluer le coût de maintenance : revient-il plus cher de remplacer un élément déficient (pour cause de maladie ou de casse) d'un système base sur la force brute (tel un ouvrier chinois ou encore un ordinateur basic), ou bien de remplacer un élément d'un système sophistiqué (tel un expert international ou un supercalculateur intégré) ?

Malgré tout, il ne faut pas oublier que l’apparente simplicité d'une solution à base de force brute est illusoire. Cette approche demande des investissements en coordination et en gestion des nombreux éléments : il est loin d'être évident d'interconnecter des milliers d'ordinateurs, et lorsqu'il s'agit de travailleurs humains le support devient une tâche à part entière (rotation d'équipes, restauration, commodités, etc.)

Le choix de la stratégie d'approche intervient tôt dans le cycle de résolution de problème; on constate qu'il peut avoir un impact significatif sur le reste du projet. il est donc important d'évoquer la question suffisamment tôt, par exemple durant la phase d'analyse, afin de ne pas se retrouver piéger.

lundi 12 juillet 2010

Le manager d'innovations

Accompagnant l'évolution du travail centré sur la gestion des connaissances, les rôles et compétences nécessaires dans les entreprises évoluent. Ainsi, on a vu apparaître il y a quelques années le « manager d'innovations ».

La définition du manager d'innovations et ses domaines d'interventions sont encore flous, mais un consensus se forme pour tendre vers un cadre unique :

Conception d'un modèle de traces

Que peut-on alors retenir pour définir le rôle du manager d'innovations ? Une liste de compétences, et des domaines d'interventions; l'innovation étant par nature variée il est difficile de proposer un cadre très strict :

  • participer à ou diriger la recherche;
  • participer à la conception de la stratégie marketing de l'innovation;
  • piloter le cycle entier de la recherche sur un produit;
  • réaliser la veille technologique;
  • réaliser la veille scientifique;
  • faire le lien entre l'entreprise, les programmes de recherche nationaux et européens, et les laboratoires publics;
  • évaluation des risques et enjeux liés à la R&D.

Tout ceci est en fait très lié aux besoins et objectifs de l'entreprise : un service de R&D industriel n'aura pas les mêmes besoins, en terme d'innovations, qu'une société proposant de l'accompagnement dans les projets scientifiques. Et pourtant, dans les deux cas elles feront appel à un manager d'innovations.

Une autre façon d'aborder la question est de considérer le manager d'innovations comme une redistribution des casquettes de :

Ces différents rôles dépendront bien sûr des spécialités propres à chaque personne. Mais une constante demeure dans la capacité du manager d'innovation à établir des passerelles transversales entre les différents pôles de son entreprise. Il est certes spécialisé dans ses thématiques personnelles, mais son expérience (et sa capacité d'apprentissage !) lui permet d'aller vers les secteurs qui ne lui sont pas familiers afin de servir d'interface avec le reste de son équipe.

Rôle du manager d'innovations

jeudi 22 avril 2010

Censure de la recherche et du Libre par l'INPI

Isabelle Vodjdani, enseignante-chercheuse, a participé à la conception d'une exposition sur la contrefaçon; sa contribution était sous la forme d'une présentation du Libre. Mais l'INPI l'a censurée. Je reprends ci-dessous sa contribution à l'exposition.

« Une exposition aux intentions pédagogiques sur la Propriété Intellectuelle, décrit toutes les formes de contrefaçon mais censure les informations se rapportant aux pratiques licites du Libre et de l’Open-Source. Si on avait voulu faire l’apologie des pratiques illicites on ne s’y serait pas mieux pris ! »

Texte sous Licence Art Libre

Le libre, un phénomène en expansion

Dans le cadre du droit d’auteur qui protège les créations littéraires et artistiques, un nombre croissant d’auteurs choisissent de mettre leurs œuvres à la disposition du public avec un type de contrats bien spécifiques qu’on appelle des licences libres. Ces licences autorisent quiconque à diffuser des copies de l’œuvre. Elles l’autorisent également à publier sous sa propre responsabilité d’auteur des versions modifiées de l’œuvre. Ces autorisations sont assorties de deux conditions :

  • Premièrement, il faut mentionner l’auteur de l’œuvre initiale et donner accès à ses sources
  • Deuxièmement, les copies ou versions modifiées de l’œuvre doivent être publiées avec les mêmes autorisations.

Les œuvres libres sont nécessairement divulguées avec une licence qui garantit ces conditions. Parmi ces licences, on peut citer la GNU GPL, pour les logiciels, et la Licence Art Libre, pour les œuvres culturelles. Le domaine des œuvres libres n’est donc ni une zone de non droit ni assimilable au gratuit. D’ailleurs les anglo-saxons associent le mot français « libre » au mot « free » pour écarter toute confusion, car il y a des œuvres gratuites qui ne sont pas du tout libres, et il y a des œuvres libres payantes.

On parle aussi du « monde du libre » pour désigner l’ensemble des acteurs qui participent à la promotion et au développement du domaine du libre. Ce mouvement s’inspire des usages qui régissent la circulation des connaissances dans les milieux académiques. Mais depuis 1983, ce sont les développeurs de logiciels qui sont à l’avant-garde de ce mouvement et de sa formalisation juridique, car dans ce secteur d’activité la nécessité d’innovation est constante et les utilisateurs ont tout intérêt à mettre la main à l’ouvrage pour améliorer les défauts d’un logiciel ou l’adapter à leurs besoins. Ainsi, ils deviennent à leur tour auteurs.

Ce modèle de développement correspond aux aspirations d’une société démocratique composée de citoyens qui apportent une contribution constructive à la vie publique et ne se contentent pas d’être seulement gouvernés. L’intérêt que suscite le Libre est donc d’abord d’ordre politique. Cet intérêt est exacerbé par le fait que les législations de plus en plus restrictives sur le droit d’auteur évoluent à contresens de l’intérêt du public et deviennent des freins pour la création. Dans ce contexte, les licences libres apparaissent comme une issue légale et pragmatique pour constituer un domaine dans lequel les obstacles à la diffusion et à la réutilisation créative des œuvres sont levés.

Dans le domaine de la création artistique et de la publication scientifique, le modèle du libre correspond aussi à une réalité sociale. C’est l’émergence d’une société d’amateurs qui, à la faveur d’un meilleur accès à l’éducation, au temps libre, aux moyens de production et de communication, s’invitent sur la scène en bousculant parfois les positions établies. Ces amateurs sont les vecteurs, les acteurs et les transformateurs de la culture, ils en sont le corps vivant ; sans eux les œuvres resteraient « lettre morte ».

Depuis le 19ème siècle, avec la création des musées et la naissance du droit d’auteur, notre culture a privilégié les moyens de la conservation pour assurer la pérennité des œuvres. Aujourd’hui, les supports numériques et internet sont en train de devenir les principaux moyens de diffusion des œuvres. Certes, internet est un puissant moyen de communication, mais il n’a pas encore fait ses preuves en tant que moyen de conservation. Ce qui se profile avec le modèle du libre, c’est que parallèlement aux efforts de conservation dont le principe n’est pas remis en cause, une autre forme de pérennisation retrouve sa place dans notre culture ; il s’agit de la transmission, qui fonde aussi la tradition. Or, l’acte de transmission passe par un processus d’appropriation (on ne peut transmettre que ce qu’on a déjà acquis ou assimilé), et cela implique des transformations qui font évoluer les œuvres. C’est la condition d’une culture vivante, une culture portée par des acteurs plutôt que supportée par des sujets.

lundi 26 octobre 2009

Compte-rendu de l'EDF Energy Day 2009

L' « EDF Energy day » , 3e édition; avec un nom pareil on aurait pu se croire sur un n-ième casting d'une émission M6, mais en fait non. Cela se tenait à la grande halle de la Villette, le 22 octobre 2009.

Il se trouve que, par hasard, j'ai été invité à y participer. EDF prenant en charge tous les frais (train, restauration, métro), pourquoi dire non ? La présentation donne envie, mais la réalité était toute autre.

Vue générale

La journée, rapidement

RDV 6h00 à Perrache pour départ du train à 6h41, avec arrêt de 10 minutes à Part-Dieu; on quitte donc Lyon vers 7 heures du matin. EDF prend de la marge, mais quand même, j'aurais préféré dormir une heure de plus. Et pas de wifi dans le TGV Lyon Paris, c'est quand même la loose.

Point très appréciable : des hôtesses engagées par EDF pour nous attendre au départ et à l'arrivée du train. Même en le voulant, impossible de se perdre. EDF a mis les petits plats dans les grands.

Nous sommes environ 5O étudiants de Lyon pour arriver, whoua, tout pleins à la Villette. À vue de nez, je dirais qu'il y a eu 5000 visiteurs sur la journée. C'est un beau score, au regard du public visé (jeunes hauts diplômés dans les sciences ultra-dures).

De Lyon, il y avait surtout des gens de l'INSA et de Centrale (des ingénieurs, donc, et pas énormément de doctorants). Dans l'ensemble, l'âge moyen était d'environ 25 ans avec un écart-type de deux ans.

Comparons le contenu de la brochure avec la réalité

Ingénieurs et techniciens, étudiants ou jeunes diplômés cette journée est la vôtre. C’est une occasion unique de découvrir concrètement les réalités d’un grand groupe, d’échanger avec 300 experts, d’appréhender toute la richesse et la diversité de nos 240 métiers et les perspectives de carrières que nous proposons.

Bon, ok, d'accord. Des choses concrètes, beaucoup d'experts, et un appel ciblé sur les hautes qualifications techniques. En plus c'est tous frais payés, alors hop, dans le train.

Energy Day, c’est une journée durant laquelle vous composez votre propre programme :

Des espaces de rencontre : pour échanger librement sur l’ensemble de nos métiers techniques, dans tous nos domaines d’interventions : nucléaire, hydraulique, thermique, IT, réseau, énergies renouvelables, R&D, gaz, optimisation et trading.

EDf avait installé des jolis petits stands aux couleurs thématiques dans la halle, avec à chaque fois une borne à eau, des brochures (partout les mêmes), et des petits pchit de solution hydro-alcooliques pour lutter contre le méchant virus H1N1.

Les 300 experts, en revanche, on les a cherché. Chaque stand (nucléaire, R&D, thermique, informatique & télécom, énergies nouvelles, groupe international et sais plus quoi) avait deux ou trois personnes de permanence chargées de sauter sur les gens qui passent pour engager la conversation et leur refiler les brochures.

Stand R&D

Ces personnes, toutes employées d'EDF dans leur pôle respectif, avaient été clairement briefées pour répondre de façon unique à certaines requêtes : qui contacter pour avoir des information sur le recrutement, (im)possibilité de refiler son CV, comment (ne pas) garder contact avec la personne, etc. En revanche elles étaient ouvertes pour parler de leur métier au quotidien.

Bon, on va dire que pour les gens (des futurs cadres supérieurs, quand même) n'ayant aucune idée de ce qu'est un responsable télécom ou un directeur des procédés, c'était intéressant. Mais sinon, à part tailler la bavette, bof.

Des forums : pour une présentation et un dialogue en aparté sur nos projets.

Il s'agissait en fait, pour chaque stand, d'organiser 3 petites présentations tournantes sur une des thématiques du pôle. Par exemple, l'implantation d'hydrauliennes au nord de l'Écosse. L'intervenant était un acteur direct sur ces projets, à chaque fois clairement compétent du point de vue technique et avec un bon contact. Les SVP étaient propres et bien faits, et le discours huilé avec de la graisse de silicone qualité militaire & espace. Rien à redire.

Des conférences : pour découvrir nos grands enjeux et la contribution de nos équipes pour changer l’énergie ensemble.

Pour les gens cherchant à passer la journée au chaud, EDF organisait des conférences sur des thèmes comme « c'est nous les plus écolo », « j'aime la jeunesse », « l'énergie est un secteur d'avenir », « pourquoi on est les meilleurs ». Du pur blabla commercial présentant l'entreprise. intérêt zéro, on apprend la même chose sur internet.

Des entretiens d’orientation professionnelle : nos consultants en recrutement et nos équipes sont présents pour vous orienter dans votre projet professionnel et vous faire découvrir nos offres de stages.

Aaaaaa, voilà la partie intéressante ! Celle qu'attendent tous les étudiants : les chasseurs de tête ! Grosse, mais alors grosse déception là-dessus : EDF avait simplement mis en place des bornes multimédias sur lesquelles les gens pouvaient consulter les postes ouverts d'EDF, et se renseigner sur les stages. Autrement dit, zou, un aller direct sur le site web d'EDF. Les personnes en charge de cette partie du programme étaient de simples hôtesses sans rôle particulier, si ce n'est de distribuer des brochures. Youpi, les gens ont ralés sec.

Il faut les comprendre, les étudiants. Beaucoup s'étaient mis sur leur 31 en pensant pouvoir rencontrer des recruteurs, glisser des CV ou des cartes de visites. Je ne comptais même plus le nombre d'étudiants que j'avais croisé dans le train ou les toilettes, une housse de veste à épaulettes sur l'épaule et des chaussures vernies à la main. Et bien non, raté.

Les seules « consultants en recrutement » que j'ai croisé faisait des enquêtes d'opinion pour déterminer quelle image les jeunes diplômés avaient d'EDF.

Une table ronde : réunissant des personnalités d’EDF et de la société civile, qui vous permet de mieux connaître les enjeux énergétiques liés au développement durable.

Blablabla et re-blabla. Prenez 3 commerciaux et 2 publicitaires, mettez-les autour d'une table et laissez-les faire leur promo; rien d'intéressant ici.

Energy Day est une journée dont l’ambition est de vous dévoiler le quotidien de nos collaborateurs et vous donner envie de rejoindre celles et ceux qui agissent pour des énergies efficaces et peu émettrices de CO2.

Ah ça, la réduction du CO2, on l'a bien sentie dans les discours. Ça et le coup de l'entreprise aux valeurs humaines, c'était impossible de les manquer; on y avait droit dans tous les discours. Ça fait du volume, mais ça ne renseigne personne.

Ce que je retiens de ma participation au EDF Energy day ?

Rien. Si si, honnêtement, rien.

  • toute les informations données sur l'entreprise sont accessibles sur le net
  • pas de rencontre avec les recruteurs
  • les présentations techniques sont intéressantes, mais ne justifient clairement pas le déplacement
  • les discussions avec le personnel sont... des discussions avec le personnel. EDF est une multinationale qui fait de l'énergie; une fois qu'on a dit ça, ensuite c'est comme partout.

Telle que je la vois, cette journée était surtout une occasion pour EDF de se faire de la comm' facile et sans risque. J'y vois 2 objectifs :

  1. rappeler aux jeunes diplômés qu'EDF recrute. Ça peut paraitre bête, mais il ne faut pas oublier que comme tous les grands groupes EDF souffre du départ à la retraite des baby-boomers. Elle cherche donc à tour de bras des personnes pour remplacer, parfois au pied levé, ses cadres supérieurs et intermédiaires. D'où l'intérêt d'investir dans le chatoyant pour attirer les futurs diplômés; ce n'est pas pour rien que la prise en charge des frais de la journée était assujettie à l'envoi d'un CV...
  2. rassurer les investisseurs sur le fait qu'EDF a un fort potentiel de croissance. En effet, EDF doit déployer actuellement des gros projets sur des périodes de 25 ans (EPR, hydraulique, etc). Cela implique une grosse levée de fond (par emprunt, titres et capitalisation) qui nécessite une image dynamique. Comme les jeunes cadres sont autant d'investisseurs potentiels, ce n'est pas négligeable (vous voulez de la doc sur les emprunts que réalise EDF ? j'en ai :), et cela donne des billes pour négocier avec les instituts financiers.

D'ailleurs, je me demande si EDF n'avait pas piqué les restes du matériel publicitaire de France Télécom, car je pourrais résumer la journée en un seul mot : orange. De l'orange partout : en jus au repas (pas de vin ni de café ! Les enfoirés, ils veulent me tuer ou quoi ?), sur les affiches et les affiches, dans les logo.. partout. Alors que pour moi, EDF c'est du bleu, avec un peu de blanc et du rouge. Allez comprendre.

Les EDF Energy days sont donc un évènement à complètement éviter pour nous : rien en terme de rencontres utiles, de débouchés ou autre. C'est juste une (belle) opération de comm'.

lundi 28 septembre 2009

Étudiants en informatique, préparez votre entrée sur le marché du travail

Régulièrement, des étudiants me demandent comment va se passer pour eux l'insertion dans le monde professionnel, à la fin de leurs études. Ma réponse habituelle est « ça dépend », car de nombreux facteurs entrent en jeu : domaines de compétences, technologies actuelles, tendances stratégiques, secteurs ciblés, etc. Mais il est possible d'identifier des éléments universels.

Définir un positionnement

Je recommande vivement à mes élèves de disposer de deux axes forts avec quelques à-côtés. L'idée est de ne pas être un spécialiste poussé dans une seule technologie (qui sera obsolète en cinq ans), mais de se positionner comme un expert de son domaine, avec des compétences d'ouverture.

Le positionnement permet à un recruteur de cerner aisément le profil de l'informaticien, ce qui n'est pas rien quand il s'agit de décrypter des acronymes barbares. Ainsi, on peut songer aux domaines suivants :

  • développement : planification, cahier des charges, génie logiciel, programmation, déboguage
  • base de données : conception, utilisation, optimisation
  • modélisation : collecte d'informations, analyse, transfert vers l'applicatif, adaptation, validation
  • réseau & télécommunication : technologie, topologie, routage, conception, déploiement, liaison
  • humain & social : interaction homme-machine, ergonomie, enseignement, handicap
  • management : conception de projet, conduite de projet, comptabilité, gestion d'entreprise, veille

Maitriser la base

Quelque soit sa spécialité, un informaticien doit être capable de maitriser plusieurs fondamentaux qui sont requis partout :

  • un langage de programmation moderne : objective-c, java, ruby… Le but est d'être en mesure de développer du début à la fin une application graphique.
  • une technologie web actuelle : service web, AJAX, RIA. Le web est de nos jours une plate-forme incontournable.
  • administrer un système d'exploitation : et ce correctement ! Que ce soit un système UNIX ou Windows, vous devez être capable de gérer complètement votre machine principale.
  • connaitre les principaux algorithmes : tri, recherche, parcours, etc. Si ça fait parti de la grande littérature, vous devez avoir une idée de ce que c'est et de comment l'utiliser.

Être familier avec l'inévitable

Qu'on les apprécie ou non, certaines choses sont inévitables : les examens de fin d'année, la visite annuelle chez le dentiste, et :

  • la ligne de commande sur les systèmes UNIX : vous serez nécessairement amené un jour à travailler à distance sur un serveur. Que ce soit pour réparer un site web, déployer une application ou encore partager des fichiers, vous ne pouvez échapper à la ligne de commande des systèmes UNIX (MacOS, GNU/linux, *BSD, etc)
  • la conception de sites web simples, à la main et avec un framework (Drupal, SPIP, Dotclear, WordPress, etc) : mettre en place et maintenir un site web est une activité récurrente : informer ses clients, communiquer sur un évènement, ou encore soutenir un projet. Ne pas être capable de faire une page web, c'est comme ne pas savoir nager lors d'une sortie à la piscine : autant rester chez soi.
  • la recherche d'information : développez votre google-fu. Car ce qui compte n'est pas de disposer de l'information, mais de savoir se la procurer.

À faire absolument

  • créer son profile dans les réseaux sociaux du moment : LinkedIn, FaceBook, twitter
  • préparer, et maintenir à jour, plusieurs CV : orientés compétences, réalisations
  • déployer, et maintenir à jour, un site web personnel : le but est d'exister sur internet Informations standards, liens vers CV, publications, projets passés et actuels, profiles de plate-formes sociales…
  • participer à un projet de logiciel libre : permet de se faire de l'expérience, et démontre sa capacité à travailler en autonomie, en équipe et à distance

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