On croyait cette époque dépassée, mais il reste encore manifestement des Décideurs Pressés Idiots pour maintenir les anciennes pratiques de la publication et du partage des savoirs.
Thierry Crouzet a publié un joli billet, très simple, mais qui frappe juste. Et comme — lui — il a compris comment fonctionne désormais la culture, il l’a publié sous la licence libre CC by-nc-sa. Je le reprends car c’est un texte dont la porté est plus large que ce cas du Parisien, malheureusement applicable à de nombreuses situations. Abuser du droit (d’auteur, ou des marques, ou autre) pour bloquer des publications et renforcer son identité n’est pas acceptable, surtout quand on est un organe de presse.
À titre personnel, je n’ai absolument rien à reprocher à Google dans cette histoire : il fourni un excellent service en indexant le web, pour proposer gratuitement des outils de recherche. Si problème il y a, il est dans l’importance que lui accordent les acteurs du net; plutôt que de chercher à s’opposer à lui, il est bien plus intéressant de construire quelque chose d’autre correspondant mieux à ses propres valeurs et intérêts. C’est là encore une question d’évolution qu’il faut intégrer.
Quand un journal attaque une blogueuse parisienne pour contrefaçon, juste parce qu’elle est Parisienne, parce qu’elle a nommé son blog The Parisienne[1], c’est tous les blogueurs qui sont attaqués.
On ne nous aime pas, ni dans la presse ni dans l’édition, parce que nous réinventons une parole libre, une parole vraie, une parole qui va là où nul autre n’irait si nous n’étions pas là, une parole qui n’implique aucune prise de bénéfice ni aucune recherche d’intérêt.
Comme nous captons une part d’audience non négligeable, nous impliquons un manque à gagner et nous faire taire s’impose désormais. Le temps du copain-copain et de la complémentarité est-il derrière nous ?
Facile de nous faire chuter. La tactique est éprouvée. Beaucoup de blogs ont déjà fermé après des attaques en diffamation. D’autres résistent. Pensez à Christophe Grébert avec MonPuteaux.com. On ne compte plus les procès pour lui.
Nous sommes des cibles vulnérables. Nous ne gagnons pas d’argent avec nos médias et ceux qui en gagnent encore un peu usent de leurs dernières ressources pour essayer de nous abattre. Dans l’attaque menée par Le Parisien contre The Parisienne, on peut aussi entendre un cri au secours, un cri de désespoir d’une profession encore prestigieuse qui a beaucoup de mal à se réinventer à côté de nous.
Tout ce que va gagner Le Parisien, c’est de perdre encore des lecteurs, et de jeter le discrédit sur ce qui pourrait encore être sauvé, de son côté.
Je me demande si cette attaque stupide ne cache pas quelque chose d’encore plus grave : à cause de la toute-puissance de Google, les acteurs du web se battent sur les mots, sur les adjectifs, sur les consonances pour attraper les internautes. Voilà où La Parisienne doit faire mal au Parisien. Impuissant à endiguer l’hémorragie ouverte dans les kiosques, le journal n’a d’autre voie de salut que le Net, où les gens ne vont pas à lui naturellement, mais grâce à Google. Et voilà où La Parisienne leur nuit peut-être. Je ne fais qu’une hypothèse, qui si elle s’avère juste, risque d’éclabousser plus d’un blogueur.
Je crois malheureusement que si Le Parisien ne retire pas sa plainte nous serons collectivement forcés d’appeler au boycott. Assez terrible de constater que de nombreux politiciens, médias, entrepreneurs n’ont pas encore mesuré la puissance du Net et se prennent les pieds dans son tapis. Réveillez-vous, vous n’êtes plus des intouchables.
Note
[1] antémémoire du billet par Google, car les internets sont résilients
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