L' « EDF Energy day » , 3e édition; avec un nom pareil on aurait pu se croire sur un n-ième casting d'une émission M6, mais en fait non. Cela se tenait à la grande halle de la Villette, le 22 octobre 2009.

Il se trouve que, par hasard, j'ai été invité à y participer. EDF prenant en charge tous les frais (train, restauration, métro), pourquoi dire non ? La présentation donne envie, mais la réalité était toute autre.

Vue générale

La journée, rapidement

RDV 6h00 à Perrache pour départ du train à 6h41, avec arrêt de 10 minutes à Part-Dieu; on quitte donc Lyon vers 7 heures du matin. EDF prend de la marge, mais quand même, j'aurais préféré dormir une heure de plus. Et pas de wifi dans le TGV Lyon Paris, c'est quand même la loose.

Point très appréciable : des hôtesses engagées par EDF pour nous attendre au départ et à l'arrivée du train. Même en le voulant, impossible de se perdre. EDF a mis les petits plats dans les grands.

Nous sommes environ 5O étudiants de Lyon pour arriver, whoua, tout pleins à la Villette. À vue de nez, je dirais qu'il y a eu 5000 visiteurs sur la journée. C'est un beau score, au regard du public visé (jeunes hauts diplômés dans les sciences ultra-dures).

De Lyon, il y avait surtout des gens de l'INSA et de Centrale (des ingénieurs, donc, et pas énormément de doctorants). Dans l'ensemble, l'âge moyen était d'environ 25 ans avec un écart-type de deux ans.

Comparons le contenu de la brochure avec la réalité

Ingénieurs et techniciens, étudiants ou jeunes diplômés cette journée est la vôtre. C’est une occasion unique de découvrir concrètement les réalités d’un grand groupe, d’échanger avec 300 experts, d’appréhender toute la richesse et la diversité de nos 240 métiers et les perspectives de carrières que nous proposons.

Bon, ok, d'accord. Des choses concrètes, beaucoup d'experts, et un appel ciblé sur les hautes qualifications techniques. En plus c'est tous frais payés, alors hop, dans le train.

Energy Day, c’est une journée durant laquelle vous composez votre propre programme :

Des espaces de rencontre : pour échanger librement sur l’ensemble de nos métiers techniques, dans tous nos domaines d’interventions : nucléaire, hydraulique, thermique, IT, réseau, énergies renouvelables, R&D, gaz, optimisation et trading.

EDf avait installé des jolis petits stands aux couleurs thématiques dans la halle, avec à chaque fois une borne à eau, des brochures (partout les mêmes), et des petits pchit de solution hydro-alcooliques pour lutter contre le méchant virus H1N1.

Les 300 experts, en revanche, on les a cherché. Chaque stand (nucléaire, R&D, thermique, informatique & télécom, énergies nouvelles, groupe international et sais plus quoi) avait deux ou trois personnes de permanence chargées de sauter sur les gens qui passent pour engager la conversation et leur refiler les brochures.

Stand R&D

Ces personnes, toutes employées d'EDF dans leur pôle respectif, avaient été clairement briefées pour répondre de façon unique à certaines requêtes : qui contacter pour avoir des information sur le recrutement, (im)possibilité de refiler son CV, comment (ne pas) garder contact avec la personne, etc. En revanche elles étaient ouvertes pour parler de leur métier au quotidien.

Bon, on va dire que pour les gens (des futurs cadres supérieurs, quand même) n'ayant aucune idée de ce qu'est un responsable télécom ou un directeur des procédés, c'était intéressant. Mais sinon, à part tailler la bavette, bof.

Des forums : pour une présentation et un dialogue en aparté sur nos projets.

Il s'agissait en fait, pour chaque stand, d'organiser 3 petites présentations tournantes sur une des thématiques du pôle. Par exemple, l'implantation d'hydrauliennes au nord de l'Écosse. L'intervenant était un acteur direct sur ces projets, à chaque fois clairement compétent du point de vue technique et avec un bon contact. Les SVP étaient propres et bien faits, et le discours huilé avec de la graisse de silicone qualité militaire & espace. Rien à redire.

Des conférences : pour découvrir nos grands enjeux et la contribution de nos équipes pour changer l’énergie ensemble.

Pour les gens cherchant à passer la journée au chaud, EDF organisait des conférences sur des thèmes comme « c'est nous les plus écolo », « j'aime la jeunesse », « l'énergie est un secteur d'avenir », « pourquoi on est les meilleurs ». Du pur blabla commercial présentant l'entreprise. intérêt zéro, on apprend la même chose sur internet.

Des entretiens d’orientation professionnelle : nos consultants en recrutement et nos équipes sont présents pour vous orienter dans votre projet professionnel et vous faire découvrir nos offres de stages.

Aaaaaa, voilà la partie intéressante ! Celle qu'attendent tous les étudiants : les chasseurs de tête ! Grosse, mais alors grosse déception là-dessus : EDF avait simplement mis en place des bornes multimédias sur lesquelles les gens pouvaient consulter les postes ouverts d'EDF, et se renseigner sur les stages. Autrement dit, zou, un aller direct sur le site web d'EDF. Les personnes en charge de cette partie du programme étaient de simples hôtesses sans rôle particulier, si ce n'est de distribuer des brochures. Youpi, les gens ont ralés sec.

Il faut les comprendre, les étudiants. Beaucoup s'étaient mis sur leur 31 en pensant pouvoir rencontrer des recruteurs, glisser des CV ou des cartes de visites. Je ne comptais même plus le nombre d'étudiants que j'avais croisé dans le train ou les toilettes, une housse de veste à épaulettes sur l'épaule et des chaussures vernies à la main. Et bien non, raté.

Les seules « consultants en recrutement » que j'ai croisé faisait des enquêtes d'opinion pour déterminer quelle image les jeunes diplômés avaient d'EDF.

Une table ronde : réunissant des personnalités d’EDF et de la société civile, qui vous permet de mieux connaître les enjeux énergétiques liés au développement durable.

Blablabla et re-blabla. Prenez 3 commerciaux et 2 publicitaires, mettez-les autour d'une table et laissez-les faire leur promo; rien d'intéressant ici.

Energy Day est une journée dont l’ambition est de vous dévoiler le quotidien de nos collaborateurs et vous donner envie de rejoindre celles et ceux qui agissent pour des énergies efficaces et peu émettrices de CO2.

Ah ça, la réduction du CO2, on l'a bien sentie dans les discours. Ça et le coup de l'entreprise aux valeurs humaines, c'était impossible de les manquer; on y avait droit dans tous les discours. Ça fait du volume, mais ça ne renseigne personne.

Ce que je retiens de ma participation au EDF Energy day ?

Rien. Si si, honnêtement, rien.

  • toute les informations données sur l'entreprise sont accessibles sur le net
  • pas de rencontre avec les recruteurs
  • les présentations techniques sont intéressantes, mais ne justifient clairement pas le déplacement
  • les discussions avec le personnel sont... des discussions avec le personnel. EDF est une multinationale qui fait de l'énergie; une fois qu'on a dit ça, ensuite c'est comme partout.

Telle que je la vois, cette journée était surtout une occasion pour EDF de se faire de la comm' facile et sans risque. J'y vois 2 objectifs :

  1. rappeler aux jeunes diplômés qu'EDF recrute. Ça peut paraitre bête, mais il ne faut pas oublier que comme tous les grands groupes EDF souffre du départ à la retraite des baby-boomers. Elle cherche donc à tour de bras des personnes pour remplacer, parfois au pied levé, ses cadres supérieurs et intermédiaires. D'où l'intérêt d'investir dans le chatoyant pour attirer les futurs diplômés; ce n'est pas pour rien que la prise en charge des frais de la journée était assujettie à l'envoi d'un CV...
  2. rassurer les investisseurs sur le fait qu'EDF a un fort potentiel de croissance. En effet, EDF doit déployer actuellement des gros projets sur des périodes de 25 ans (EPR, hydraulique, etc). Cela implique une grosse levée de fond (par emprunt, titres et capitalisation) qui nécessite une image dynamique. Comme les jeunes cadres sont autant d'investisseurs potentiels, ce n'est pas négligeable (vous voulez de la doc sur les emprunts que réalise EDF ? j'en ai :), et cela donne des billes pour négocier avec les instituts financiers.

D'ailleurs, je me demande si EDF n'avait pas piqué les restes du matériel publicitaire de France Télécom, car je pourrais résumer la journée en un seul mot : orange. De l'orange partout : en jus au repas (pas de vin ni de café ! Les enfoirés, ils veulent me tuer ou quoi ?), sur les affiches et les affiches, dans les logo.. partout. Alors que pour moi, EDF c'est du bleu, avec un peu de blanc et du rouge. Allez comprendre.

Les EDF Energy days sont donc un évènement à complètement éviter pour nous : rien en terme de rencontres utiles, de débouchés ou autre. C'est juste une (belle) opération de comm'.