La Sécurité Sociale est un secteur qui revient très régulièrement dans la liste des cibles prioritaires de reformes budgétaires. Au regard des restrictions mises en place, il est tout à fait normal de s’intéresser au plus près des lignes de budgets. Il n'est pas seulement question des remboursements, mais aussi du financement de la recherche scientifique, des impôts des grandes industries, et de la tenue budgétaire du secteur de la santé.
Ainsi, on peut se pencher sur le service médical rendu de chaque produit pharmaceutique, et dans le cadre d'une démarche validée scientifiquement de déterminer si un produit a un effet désirable suffisamment efficace. Tout comme régulièrement des médicaments sont supprimés ou remplacés par d'autres car ils deviennent obsolètes ou sont finalement examinés en profondeur, il n'y a pas de raison que l'homéopathie y échappe.
C'est pourquoi l’Académie nationale de médecine a demandé en 2004 le déremboursement des préparations homéopathiques en les classant comme appartenant à une « méthode obsolète » établie sur des « a priori conceptuels dénués de fondement scientifique » et compare l’homéopathie à « une doctrine à l’écart de tout progrès »[1].
Quant à lui, le KCE « recommande de réserver l’accès à cette pratique aux titulaires d’un diplôme de médecin » et conclu que « les traitements homéopathiques n’ayant pu démontrer de manière scientifique la moindre efficacité supérieure au placebo pour aucune indication médicale, il n’est pas recommandé de mettre leur remboursement à charge de l’assurance maladie obligatoire »[2].
L'épistémologie médicale permet de construire un jugement neutre et objectif en se basant sur des faits sans a priori. Si les produits homéopathiques répondaient avec succès aux exigences de la médecine, très bien. Mais ce n'est pas le cas et ils doivent être traités pour ce qu'ils sont : du sucre. La simple croyance en un produit (qui relève d'un principe personnel comme toute croyance) ne peut se faire sans un regard critique dessus. On ne doit pas accorder une confiance aveugle à un produit juste parce qu'il est bien présenté, mais parce qu'il a démontré d'une façon suffisante et irréfutable son efficacité grâce à une méthodologie reconnue et validée[3]. Tous les médicaments et traitement doivent suivre ce même principe. L'homéopathie ne répond pas à ces critères.
Je propose l'arrêt du financement direct et indirect de l'homéopathie, et l’alignement de son taux de remboursement sur celui des placebos.
Naturellement, il ne s’agit pas d’interdire la production et la commercialisation des produits homéopathiques. Ils continueront d’être librement vendus en pharmacie — où des professionnels de la santé apportent conseils et recommandations — mais seront simplement remboursés au même titre qu’un produit classé comme placebo.
En France, les produits homéopathiques sont remboursés à hauteur de 30 %[4]. L’argent récupéré permettrait, au choix, de réduire le déficit de la Sécurité Sociale, d’améliorer l’accompagnement des malades dans les pathologies lourdes, de mieux rembourser des médicaments, etc.
Ce n'est pas un détail : les laboratoires pharmaceutiques obtiennent des crédits d'impôt, la Sécurité Sociale rembourse les produits homéopathiques, les visiteurs médicaux les recommandent aux médecins pour les prescrire aux patients. Il faut bien réaliser que chaque euro qui part dans l'homéopathie est un euro de moins pour la médecine sérieuse. La question qui oppose la recherche scientifique médicale et l'industrie de la santé est précisément cette question d'argent : est-ce justifié de financer, subventionner et rembourser les produits homéopathiques alors qu'il n'y a pas de validation reconnue par la communauté scientifique médicale ?
En l'état, les réflexions actuelles ne vont pas dans le sens de l'interdiction de l'homéopathie (tant qu'elle ne représente pas une pratique dangereuse et trompeuse), mais vers un arrêt de tout financement direct et indirect de la filière. La communauté scientifique s’accorde pour dire que l'effet des produits homéopathiques est le même que celui du placebo auquel ils étaient comparés : une amélioration de l’état d’un patient ne peut être spécifiquement reliée au traitement lui-même[5]. En matière de santé, il convient de s'en tenir à la raison et non à la passion.
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