Régulièrement, des étudiants me demandent comment va se passer pour eux l'insertion dans le monde professionnel, à la fin de leurs études. Ma réponse habituelle est « ça dépend », car de nombreux facteurs entrent en jeu : domaines de compétences, technologies actuelles, tendances stratégiques, secteurs ciblés, etc. Mais il est possible d'identifier des éléments universels.
Définir un positionnement
Je recommande vivement à mes élèves de disposer de deux axes forts avec quelques à-côtés. L'idée est de ne pas être un spécialiste poussé dans une seule technologie (qui sera obsolète en cinq ans), mais de se positionner comme un expert de son domaine, avec des compétences d'ouverture.
Le positionnement permet à un recruteur de cerner aisément le profil de l'informaticien, ce qui n'est pas rien quand il s'agit de décrypter des acronymes barbares. Ainsi, on peut songer aux domaines suivants :
- développement : planification, cahier des charges, génie logiciel, programmation, déboguage
- base de données : conception, utilisation, optimisation
- modélisation : collecte d'informations, analyse, transfert vers l'applicatif, adaptation, validation
- réseau & télécommunication : technologie, topologie, routage, conception, déploiement, liaison
- humain & social : interaction homme-machine, ergonomie, enseignement, handicap
- management : conception de projet, conduite de projet, comptabilité, gestion d'entreprise, veille
Maitriser la base
Quelque soit sa spécialité, un informaticien doit être capable de maitriser plusieurs fondamentaux qui sont requis partout :
- un langage de programmation moderne : objective-c, java, ruby… Le but est d'être en mesure de développer du début à la fin une application graphique.
- une technologie web actuelle : service web, AJAX, RIA. Le web est de nos jours une plate-forme incontournable.
- administrer un système d'exploitation : et ce correctement ! Que ce soit un système UNIX ou Windows, vous devez être capable de gérer complètement votre machine principale.
- connaitre les principaux algorithmes : tri, recherche, parcours, etc. Si ça fait parti de la grande littérature, vous devez avoir une idée de ce que c'est et de comment l'utiliser.
Être familier avec l'inévitable
Qu'on les apprécie ou non, certaines choses sont inévitables : les examens de fin d'année, la visite annuelle chez le dentiste, et :
- la ligne de commande sur les systèmes UNIX : vous serez nécessairement amené un jour à travailler à distance sur un serveur. Que ce soit pour réparer un site web, déployer une application ou encore partager des fichiers, vous ne pouvez échapper à la ligne de commande des systèmes UNIX (MacOS, GNU/linux, *BSD, etc)
- la conception de sites web simples, à la main et avec un framework (Drupal, SPIP, Dotclear, WordPress, etc) : mettre en place et maintenir un site web est une activité récurrente : informer ses clients, communiquer sur un évènement, ou encore soutenir un projet. Ne pas être capable de faire une page web, c'est comme ne pas savoir nager lors d'une sortie à la piscine : autant rester chez soi.
- la recherche d'information : développez votre google-fu. Car ce qui compte n'est pas de disposer de l'information, mais de savoir se la procurer.
À faire absolument
- créer son profile dans les réseaux sociaux du moment : LinkedIn, FaceBook, twitter…
- préparer, et maintenir à jour, plusieurs CV : orientés compétences, réalisations
- déployer, et maintenir à jour, un site web personnel : le but est d'exister sur internet Informations standards, liens vers CV, publications, projets passés et actuels, profiles de plate-formes sociales…
- participer à un projet de logiciel libre : permet de se faire de l'expérience, et démontre sa capacité à travailler en autonomie, en équipe et à distance
2 réactions
1 De Cassandre - 30/09/2009, 00:20
Je suis globalement d'accord avec toi. Cependant, je mettrais un bémol sur l'inscription sur les réseaux sociaux : Facebook, Twitter ou autres Viadéo/linkedln qui sont bien sympa, mais il faut faire extrêmement attention à l'image qu'on veut véhiculer. D'où le fait que j'utilise globalement un pseudo pour laisser mes traces sur la toile plutôt que mon vrai nom, au moins un éventuel employeur ne tombera pas sur mon blog perso avec tout ce que ça peut impliquer de "négatif" ou de "positif", mais comme on ne sait jamais à l'avance...
Et c'est le soucis... un blog, c'est facile à maîtriser, donc pourquoi pas. En faire un comme le tiens est parfaitement adapté, rien à redire.
Mais Facebook.... à moins d'ouvrir un compte exclusivement pro, c'est difficile de maintenir une certaine cohésion, je le vois bien, je me suis fait "piégée" (avec mon consentement) et j'ai mes collègues qui sont aussi mes amis. Il faut donc faire attention à quoi poster quand.
Imaginons que tu prennes une pause sur ton temps de travail, et que tu joue à une petite application sur Facebook (et dieu sait s'il y en a, c'est *la* raison pour laquelle je reste inscrite, des jeux gratuis pas trop ch... et même amusants et presque à être "dépendante" ^^" mais bon, j'exagère :) ), avec le système de publication quasi automatique (il faut bien penser à enlever les autorisations à publier sans avoir à cliquer sur "ok") et bien on peut se retrouver avec quelque chose comme "X vient de battre son record au jeu Y" et comme l'heure est indiquée... si c'est en milieu d'après midi, bonjour le sérieux.
Idem avec les questionnaires "quizz" auxquels on est tenté de répondre... les résultats, parfois douteux, peuvent donner une fausse image de soi, ou du moins une image qui peut ne pas plaire à tous le monde (ok, de toute façon, on ne peut pas plaire à tous le monde :) ) mais, je dirais que l'information qui est communiquée, si on joue vraiment le jeu du profil public accessible par tous, est à double tranchant si on ne le maîtrise pas complétement.
Je ne sais pas si je suis très claire... là, j'ai trop sommeil pour être vraiment concise ^^"
D'ailleurs hop.. au dodo ! ^^
2 De Damien Clauzel - 01/10/2009, 17:35
Oui, tout à fait : il faut bien distinguer l'utilisation des plate-formes sociales dans un cadre professionnel (présence, valorisation, communication et autres) de l'utilisation qui en est faite dans le cadre privé (famille, amis, etc). L'approche traditionnelle est d'utiliser systématiquement un nom de plume pour l'usage privé, et de ne pas établir de liens entre les différents profils pour laisser transparaitre que les 2 personnes ne sont qu'une.
La prise en compte de la vie privée sur internet est désormais au programme des écoles, collèges, lycées et universités. L'accent est mis sur différents aspects (échanges poussés avec des personnes inconnus, diffusion de données personnelles, vie sociale, etc) selon les âges, mais normalement les élèves sont régulièrement sensibilisés et éduqués sur cette question. Ensuite, en tiennent-il compte ? Pas toujours malheureusement.
J'utilise ce SVP (Prendre conscience de sa trace sur internet) comme support de cours, afin de lancer des discussions. Il est adapté pour les niveaux lycée et université.