Imaginé et conçu par des fondateurs de The Pirate Bay (qui habituellement savent ce qu'ils font), Flattr se décrit comme le premier système social de micropaiement; son but étant d'aider les gens à partager non seulement du contenu, mais également de l'argent.
L'idée principale est de favoriser la rémunération de la création, en prenant en compte deux aspects fondamentaux :
- le mode opératoire doit être le plus simple possible, pour éviter les barrières;
- les utilisateurs doivent avoir une vision et un contrôle clairs de leurs finances.
Le fonctionnement de Flattr est simple, souple et précis.
Mise en place
Pour commencer, l'utilisateur crée un compte sur Flattr. Ce compte est associé à deux cagnottes :
- une cagnotte pour les revenus, provenant des flatteries des autres membres de Flattr;
- une cagnotte pour les flatteries, afin de soutenir et remercier les personnes créant des contenus.
Choix des montants
Une fois le compte créé, l'utilisateur alimente sa cagnotte « flatteries » avec la somme de son choix (via PayPal).
L'utilisateur peut alors fixer combien il va consacrer par mois à flatter les gens : 2€, 5€, 10€ ou 20€. Ce montant, fixe, sera réparti entre les différentes flatteries distribuées. Il ne sera jamais dépensé plus ou moins, le contrôle du budget est donc précis.
Création de contenu
L'utilisateur peut maintenant associer un bouton Flattr à ses créations[1]. Concrètement, il s'agit d'ajouter un fragment HTML à une page où se trouve l'œuvre créé par l'utilisateur : billet de blog, musique, film, dessin, photo, etc.
Le bouton Flattr permet aux visiteur, en cliquant dessus, de distribuer une flatterie.
En associant l'œuvre à un bouton Flattr, l'utilisateur spécifie également sur Flattr plusieurs métadonnées : mots-clés, type de ressources, etc. Cela permet de rechercher aisément du contenu valorisable. Il existe également des API pour enregistrer automatiquement des ressources sur Flattr, ce qui limite les manipulations répétitives.
Flatter et soutenir la création d'œuvres numériques
L'utilisateur peut désormais distribuer des flatteries aux créateurs, selon un modèle transparent et strictement contrôlé.
La valeur d'une flatterie est calculée en fin de mois par la formule suivante. Elle est dérivée du montant consacré à flatter et du nombre de flatteries distribuées au cours du mois.
Montant consacré à flatter / nombre de flatteries distribuées = valeur d'une flatterie
Exemple pour un mois : montant de 2€, 8 flatteries distribuées.
2€ / 8 = 0.25€
L'utilisateur peut ainsi librement flatter autant que bon lui semble, sans se préoccuper d'avoir à surveiller son budget; celui-ci étant fixé en début de mois. Cette approche permet d'abaisser au maximum la barrière à la rémunération, puisqu'une flatterie distribuée ne coute rien (le montant étant prépayé).
Percevoir des revenus
Les flatteries reçues chaque mois sont accumulées dans la cagnotte « revenus ». L'utilisateur à la possibilité de les reverser dans sa cagnotte « flatteries », ou bien de les transférer sur son compte PayPal pour sortir l'argent de Flattr.
La perception de revenus importants se fait sur le volume de flatteries reçues. Cela oblige un créateur à fortement assurer la promotion de ses œuvres pour dégager des revenus importants, mais cet aspect n'est actuellement pas ciblé par Flattr qui met en avant l'approche sociale du système : l'argent, tout comme les œuvres, doit circuler.
Réflexions sur le modèle Flattr
En pleine période HADOPI, avec la question centrale de la rémunération de la création, Flattr se positionne comme une solution extrêmement intéressante. Il permet non seulement de définir mensuellement la somme qui sera consacrée à soutenir les auteurs (comme une sorte de licence globale :), mais aussi de court-circuiter les intermédiaires (majors, distributeurs et revendeurs) qui sont à l'origine du prix élevé des œuvres numériques. La mise en relation directe de l'artiste avec ses « consommateurs » permet, au travers du mécanisme transparent qu'est Flattr, de répondre aux besoins des créateurs émergents et indépendants.
Note
[1] comme le bouton en bas de ce billet
9 réactions
1 De Ludo - 02/05/2010, 20:19
Le concept est évidemment intéressant mais est-ce qu'il prendra partout ? Quand tu vois que les soit-disant "fans" de musique trouvent qu'un abonnement mensuel de 9€ sur Spotify (qui couvre en gros 90% de leurs besoins) est cher, je ne suis pas certain que ces gens, qui se plaignent des prix excessifs de la culture, soient prêts à donner 2€ / mois via Flattr...
2 De Ludo - 02/05/2010, 20:21
Une petite flatterie pour la peine ;)
3 De Damien Clauzel - 03/05/2010, 11:20
Flattr en actuellement en phase de lancement, il est encore très tôt pour se faire un avis sur son adoption par le grand public.
Mais ce qui est sur, c'est qu'il répond à un des besoins de l'évolution de l'économie numérique, en simplifiant la rémunération de la création. Dans le cadre d'HADOPI, c'est un élément très intéressant. Surtout qu'il est proposé par un pirate :)
Sur le papier, le concept tient la route, mais c'est vrai qu'il y a un seuil critique d'utilisateurs à atteindre pour que le système fonctionne.
Il faut voir également quels modèles de répartition de flatteries vont suivre les utilisateurs : se focaliser sur les créateurs visibles ou monsieur tout le monde, favoriser les artistes (auto) déclarés ou le travail personnel, etc. L'usage est vraiment à construire.
4 De La Moule - 19/10/2010, 11:10
Un bon article qui explique très clairement le fonctionnement de ce système révolutionnaire.
"L'usage est vraiment à construire."
A mon avis, il n'y a pas un usage unique de Flattr, mais autant d'usages que d'utilisateurs. Un peu comme pour l'argent, finalement...
Pour le moment, il est majoritairement adopté par des blogs (avec une forte concentration de sympathisants du parti pirate et dans le domaine High tech) et par quelques créateurs amateurs qui comme moi espère financer un peu leur passion grâce à ce système (mais pour le moment, tous ceux avec qui je suis en contact en sont loin...)
Bonne continuation
5 De Damien Clauzel - 19/10/2010, 21:05
Ce sont surtout les allemands qui sont les grands utilisateurs de Flattr; le système perçant doucement en France.
L'utilisation de Flattr pour des contenus en français est actuellement tiré par les libristes et des blogueurs en vue du secteurs des NTIC. À l'opposé, en Allemagne, de grands quotidiens nationaux ont adopté cet outil de rémunération.
La visibilité est donc vraiment différente.
6 De Ploum - 16/11/2010, 12:26
Très bonne présentation, merci à toi.
Cependant, j'ai deux bémols par rapport à l'utilisation de Flattr : les 10% et la centralisation excessive.
Cela ne m'empèche pas d'aimer beaucoup le principe de Flattr pour le moment mais je lorgne très fort vers l'extérieur (par exemple les bitcoins) :
http://ploum.net/post/Monnaie-de-ge...
7 De Félix - 31/05/2012, 17:21
Bonjour,
Flattr semble en effet être un système très prometteur. J’ai également trouvé une autre solution qui semble très convaincante : Virgopass http://www.virgopass.fr/. Jetez-y un œil !
8 De Damien Clauzel - 02/06/2012, 21:52
@Félix : VirgoPass — pour ce que j'en vois — est un outil de paiement alors que Flattr est outil de don.
En outre, il s'appuie sur la téléphonie, alors que Flattr repose uniquement sur le web. Flattr inclue également un système de badge qui permet d'indiquer le nombre de dons reçus, ce que ne propose pas VirgoPass.
Un des fondements de Flattr est l'aspect social : l'argent reçu est facilement réinjectable dans le circuit.
Bref, pas la même chose, mais je garde VirgoPass sous le coude pour le tester un jour ;) Merci !
9 De Stickers - 09/10/2012, 23:48
Avec quel script as tu monté ce site ?