dimanche 8 avril 2012

Fin du remboursement de l'homéopathie

La Sécurité Sociale est un secteur qui revient très régulièrement dans la liste des cibles prioritaires de reformes budgétaires. Au regard des restrictions mises en place, il est tout à fait normal de s’intéresser au plus près des lignes de budgets. Il n'est pas seulement question des remboursements, mais aussi du financement de la recherche scientifique, des impôts des grandes industries, et de la tenue budgétaire du secteur de la santé.

Ainsi, on peut se pencher sur le service médical rendu de chaque produit pharmaceutique, et dans le cadre d'une démarche validée scientifiquement de déterminer si un produit a un effet désirable suffisamment efficace. Tout comme régulièrement des médicaments sont supprimés ou remplacés par d'autres car ils deviennent obsolètes ou sont finalement examinés en profondeur, il n'y a pas de raison que l'homéopathie y échappe.

C'est pourquoi l’Académie nationale de médecine a demandé en 2004 le déremboursement des préparations homéopathiques en les classant comme appartenant à une « méthode obsolète » établie sur des « a priori conceptuels dénués de fondement scientifique » et compare l’homéopathie à « une doctrine à l’écart de tout progrès »[1].

Quant à lui, le KCE « recommande de réserver l’accès à cette pratique aux titulaires d’un diplôme de médecin » et conclu que « les traitements homéopathiques n’ayant pu démontrer de manière scientifique la moindre efficacité supérieure au placebo pour aucune indication médicale, il n’est pas recommandé de mettre leur remboursement à charge de l’assurance maladie obligatoire »[2].

Quand les chercheurs rient de l'homéopathie… :)

L'épistémologie médicale permet de construire un jugement neutre et objectif en se basant sur des faits sans a priori. Si les produits homéopathiques répondaient avec succès aux exigences de la médecine, très bien. Mais ce n'est pas le cas et ils doivent être traités pour ce qu'ils sont : du sucre. La simple croyance en un produit (qui relève d'un principe personnel comme toute croyance) ne peut se faire sans un regard critique dessus. On ne doit pas accorder une confiance aveugle à un produit juste parce qu'il est bien présenté, mais parce qu'il a démontré d'une façon suffisante et irréfutable son efficacité grâce à une méthodologie reconnue et validée[3]. Tous les médicaments et traitement doivent suivre ce même principe. L'homéopathie ne répond pas à ces critères.

Je propose l'arrêt du financement direct et indirect de l'homéopathie, et l’alignement de son taux de remboursement sur celui des placebos.

Naturellement, il ne s’agit pas d’interdire la production et la commercialisation des produits homéopathiques. Ils continueront d’être librement vendus en pharmacie — où des professionnels de la santé apportent conseils et recommandations — mais seront simplement remboursés au même titre qu’un produit classé comme placebo.

En France, les produits homéopathiques sont remboursés à hauteur de 30 %[4]. L’argent récupéré permettrait, au choix, de réduire le déficit de la Sécurité Sociale, d’améliorer l’accompagnement des malades dans les pathologies lourdes, de mieux rembourser des médicaments, etc.

Ce n'est pas un détail : les laboratoires pharmaceutiques obtiennent des crédits d'impôt, la Sécurité Sociale rembourse les produits homéopathiques, les visiteurs médicaux les recommandent aux médecins pour les prescrire aux patients. Il faut bien réaliser que chaque euro qui part dans l'homéopathie est un euro de moins pour la médecine sérieuse. La question qui oppose la recherche scientifique médicale et l'industrie de la santé est précisément cette question d'argent : est-ce justifié de financer, subventionner et rembourser les produits homéopathiques alors qu'il n'y a pas de validation reconnue par la communauté scientifique médicale ?

En l'état, les réflexions actuelles ne vont pas dans le sens de l'interdiction de l'homéopathie (tant qu'elle ne représente pas une pratique dangereuse et trompeuse), mais vers un arrêt de tout financement direct et indirect de la filière. La communauté scientifique s’accorde pour dire que l'effet des produits homéopathiques est le même que celui du placebo auquel ils étaient comparés : une amélioration de l’état d’un patient ne peut être spécifiquement reliée au traitement lui-même[5]. En matière de santé, il convient de s'en tenir à la raison et non à la passion.

Notes

[1] Maurice Guéniot, Faut-il continuer à rembourser les préparations homéopathiques ? Juin 2004

[2] KCE, État des lieux de l’homéopathie en Belgique. 2011

[3] CRIOC, Les médecines alternatives. 2012

[4] Assurance Maladie, Relevé et taux de remboursement

[5] Aijing Shang MD,Karin Huwiler-Müntener MD,Linda Nartey MD,Peter Jüni MD,Stephan Dörig,Jonathan AC Sterne PhD,Daniel Pewsner MD,Prof Matthias Egger MD, Are the clinical effects of homoeopathy placebo effects? Comparative study of placebo-controlled trials of homoeopathy and allopathy. The Lancet, 27 August 2005 (Vol. 366, Issue 9487, Pages 726-732). DOI: 10.1016/S0140-6736(05)67177-2

samedi 7 avril 2012

Décentralisation de l'État

Si 82% de la population française vie en dehors de l’île de France, l’intégralité des ministères et institutions nationales françaises s’y trouvent pourtant.

L’état a entrepris en 1982 de généraliser le processus de décentralisation industrielle entamée dans les années 1960[1][2], mais ce projet stagne[3][4] : les paroles ne sont pas suivies par des actes. Il y a eu certes quelques réalisations — telles des lois sur l’autonomie financière de collectivités territoriales, ou encore les IEP à Strasbourg, Reims et autres [5] — mais cela reste anecdotique au regard de la centralisation maintenue en place[6].

En m’appuyant sur ce constat de concentration des compétences et des idées, une idée que je soutiens est de fragmenter les petits cercles parisiens pour les enrichir d’idées et de techniques fraîches.

Le Parti Ꝓirate aime la répartition des pouvoirs et la lutte contre les monopoles, quels qu’ils soient. Permettre au reste de la France — en commençant par la métropole pour ensuite l’étendre à l’Outre-mer — d’accéder à la richesse et au dynamisme qu’apporte la présence d’un ministère ou d’une grande institution est une volonté naturelle.

Décentralisation et réforme des collectivités

Je propose de reprendre le travail de décentralisation en relocalisant les ministères en Province.

De nos jours, les communications sont aisées et permettent un réel travail qui implique des partenaires multiples; les entreprises françaises le font chaque jour. Les lignes TGV fournissent également des déplacement rapides et aisés, tout en permettant de travailler dans de bonnes conditions durant les trajets[7]. Il est tout à fait réalisable pour la France d’avoir, par exemple, le ministère de l’Éducation Nationale à Lille, le ministère de la Santé à Lyon, le ministère de la Pêche à Marseille, le ministère de la Justice à Bordeaux, etc. Les ministères qui assurent les fonctions critiques de l’état[8] — resteraient en revanche à Paris afin de maintenir les interactions fortes avec le gouvernement.



Les difficultés envisagées sont :

  • l’opposition d’élus et hauts fonctionnaires qui refuseraient de manquer une partie de la vie politique parisienne ;
  • l’impact sur la vie de famille des fonctionnaires, provoqué par les déménagements nécessaires.

Les gains réalisables sont :

  • des plus-value foncières : la vente de grands bâtiments en plein cœur de Paris permettra de financer l’achat de locaux neufs et adaptés dans des villes où le marché immobilier est plus abordable ;
  • le soutien aux entreprises de services locales : maintenance, entretien, etc. ;
  • la relance de la décentralisation. Elle stagne actuellement, le gouvernement doit donner l’exemple ;
  • le rapprochement des élus et administrations vers les citoyens.

On constate que les principaux points de blocage sont humains. Délicats, donc, mais pas insurmontables. La question est alors : oserons-nous finir la décentralisation ?

Notes

[1] Assemblée nationale, La décentralisation (1789 - 2010)

[2] Wikipédia, Décentralisation en France

[3] Line Arsenault, Les grandes étapes de la décentralisation en France. 2005

[4] Bernard Guesnier, Vingt cinq années de décentralisation en France : bilan et perspective pour l’action publique territoriale. 2008

[5] Wikipédia, Science Po

[6] Wikipédia, Gouvernement François Fillon (3)

[7] Bonus : lorsque les élus et hauts fonctionnaires se mettront à voyager régulièrement en TGV, on pourra être sûrs que la SNCF fera tout son possible pour que ses trains recommencent à circuler à l’heure…

[8] non pas que la recherche, l’industrie ou la culture ne soient pas vitales pour la France, mais vous comprenez ce que je veux dire, n’est-ce pas ?

vendredi 16 mars 2012

Participation au Printemps de l'entreprise

J'ai été invité à intervenir durant la 8e édition du Printemps de l'entreprise à Vannes. 200 organisateurs sur 6 mois (étudiants, chefs d'entreprise, enseignants)

Participants : surtout des étudiants, quelques enseignants et une pincée d'industriels. Fait intéressant : plusieurs enseignants étaient aussi des élus locaux.

Interventions

Conférence plénière : Des données ouvertes pour l'agglomération

Les principales questions et remarques ont porté sur l'impact des données ouvertes sur la société et l'entreprise : la visibilité de ce qui était auparavant dans l'ombre (mais accessible) inquiète parfois. Exemple : publication sur internet des évaluations des enseignants par les élèves, et moyennes des promotions. Problème d'image publique de l'université dans le cadre de l'autonomie des universités (contrainte d'attractivité vis à vis des étudiants).

Une autre remarque intéressante à concerné la notion de vie privée telle qu'elle existe auprès des adolescent actuels (partage massif au sein de petites communautés fermées); comment ces jeunes travailleurs pourront être intégrés demain en entreprise, où les pratiques actuelles sont complètement différentes.

@misc{Clauzel:2012:Donnees-ouvertes-pour-agglomeration,
        title = "Des données ouvertes pour l’agglomération",
        year = "2012",
        month = mar,
        day = 16,
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        keywords = "données ouvertes, Parti Pirate, Vannes, OpenData69",
        language = {french},
        abstract = "Introduction à discussion sur les données ouvertes locales. Présentation du domaine, de l'environnement local, des réalisations attendues",
}

Atelier : approfondissement par le concret des données ouvertes pour l'agglomération

J'ai ensuite animé un atelier portant sur le même thème, qui nous a permis d'approfondir les questions concrètes sur la mise en place des données ouvertes, avec principalement un angle social (perception réflexive des citoyens, changement de mentalité à apporter, culture de l'acceptation de l'échec, etc).

Avec un élu et des étudiants, nous avons explorer l'impact que pourrait avoir la mise en place des données ouvertes à Vannes, ainsi que dans la vie universitaire.

Le déplacement

Accueil très chaleureux des étudiants du département informatique de l'IUT de Vannes, avec accompagnement poussé. Un vrai bonheur de se faire ainsi prendre en charge après 7 heures de train.

Actuellement, le TGV 1e classe  c'est :

  • comme toujours, je suis le plus jeune et le seul en t-shirt (geek, en plus)
  • pas de prise de courant dans ce Lyon-Paris ! Vraiment très casse-pied, je suis obligé de tirer sur la batterie du portable. Ou de migrer vers le bar surchargé, car lui a des prises de courant
  • curieusement, le train est plein à craquer alors qu'on est dans le gras d'une semaine creuse. Beaucoup trop de personnes qui lisent un document identique, avec une bannière DRAFT, pour que ça soit une coïncidence ;)

Bonus

Par mégarde, je crois que j'ai provoqué la création de la 1e cellule locale en Bretagne du Parti Pirate. Même pas honte :)

Aussi, une excellente vidéo réalisée par les étudiants du DUT informatique de l'IUT de Vannes, à la façon Bref, sur la vie d'un étudiant.

lundi 20 février 2012

Interview pour Martin Bartoletti

Toujours suite au rassemblement contre ACTA à Lyon du samedi 11 février 2012, un nouvel article de presse apparaît. Il semblerait que j’ai donné plus d’interviews que je m’en souvienne :)

@article{Clauzel:2012:Le-Parti-Pirate-accoste-en-France,
	title = "Le Parti Pirate accoste en France",
	journal = {Les flibustiers de l'Actu},
	year = "2012",
	month = feb,
	day = 19,
	url = {https://damien.clauzel.eu/post/2012/02/20/Interview-pour-Martin-Bartoletti},
	author = "Clauzel, Damien and Bartoletti, Martin",
	keywords = "article, Lyon, Parti Pirate, ACTA, presse, manifestation",
	language = {french},
	abstract = "Flibustier : n.m Aventurier de l’une des associations de pirates qui, du 16ème au 18ème écumaient les côtes espagnoles en Amérique. (Je vous passe le mot « dévastaient » qui, présent dans la définition du Petit Robert nous desservirait légèrement). Comme vous pouvez le constater, flibustiers et pirates sont très proches. Il était donc impensable de ne pas consacrer quelques lignes à l’avènement de ce nouveau parti qu’est le Parti Pirate. Ne serait-ce pas rogner une part de nous-même ? Selon le dictionnaire en tout cas.",
}

lundi 13 février 2012

Interview sur ACTA

Le samedi 11 février 2012, je participais au rassemblement contre ACTA à Lyon.

J’ai donné plusieurs interviews à différents média à propos des dangers que représente ACTA, notamment :

  • Fouille des bagages par les agents des ayants-droit à la frontière, sur simple présomption de possession de copies d’œuvres sous copyright (art. 14 & 17)
  • Destruction des médicaments génériques à la frontière (art. 16 & 17)
  • Les fournisseurs d’accès à Internet seront « encouragés » à espionner tout ce que l’on fait sur internet (art. 27, alinéas 3 & 4)
  • Être traité comme un trafiquant de drogue, et sanctionné plus sévèrement qu’un violeur, pour avoir transporté une copie d’un film téléchargé (art. 24)
  • Le tout sous la coordination de comités réunissant États et ayants-droit qui auront le pouvoir de modifier le traité après coup : on leur signe une feuille blanche (art. 28, 36 & 42)

On va voir dans les prochain jours ce que ça donne, mais on peut déjà découvrir cette splendide interview réalisée par Andy Chiabrando.

@article{Clauzel:2012:Manifestation-anti-ACTA-a-Lyon-et-explications-de-Damien-CLAUZEL,
  title = {Manifestation anti-ACTA à Lyon et explications de Damien CLAUZEL},
  year = {2012},
  month = feb,
  day = 11,
  url = {https://damien.clauzel.eu/post/2012/02/13/Interview-sur-ACTA},
  author = {Clauzel, Damien and Chiabrando, Andy},
  keywords = {vidéo, Lyon, Parti Pirate, ACTA, presse, Rhône-Alpes, Anonymous, manifestation},
  language = {french},
  abstract = {Manifestation contre le traité ACTA du 11 février 2012 à Lyon et explications de Damien CLAUZEL, membre du Parti Pirate Rhône-Alpes dans la 6e circonscription du Rhône}
}

mercredi 25 janvier 2012

Interview pour Radio ISCPA : L'invité du 25

Radio ISCPA, la webradio des étudiants en troisième année de l'ISCPA Lyon en journalisme et communication m'a demandé de faire une courte intervention sur l'actualité; à savoir Anonymous, MegaUpload et HADOPI.

Anaïs Vendel reçoit Damien Clauzel, représentant du Parti Pirate dans le Rhône pour évoquer la guerre du Web et la politique numérique actuelle.

@article{Clauzel:2012:L-invite-du-25,
  title = {L’invité du 25},
  journal = {Radio ISCPA},
  year = {2012},
  month = jan,
  day = 25,
  url = {https://Damien.Clauzel.eu/post/2012/01/25/Interview-pour-Radio-ISCPA-:-L-invité-du-25},
  author = {Vendel, Anaïs and Clauzel, Damien},
  keywords = {article, culture, Lyon, ISCPA, partage, Parti Pirate, politique, radio, presse, MegaUpload, Anonymous, vie privée},
  language = {french},
  abstract = {Anaïs Vendel reçoit Damien Clauzel, représentant du Parti Pirate dans le Rhône pour évoquer la guerre du Web et la politique numérique actuelle.}
}

jeudi 12 janvier 2012

Interview pour Rue89Lyon : « Lyon est-elle fermée à l’ouverture des données publiques ? »

Je travail que je réalise sur les données ouvertes à Lyon, au sein du groupe OpenData69, commence à porter ses fruits. La presse reprend les interrogations que nous nous posons sur la démarche du Grand Lyon.

Numérique / La mise en ligne du site opendata.gouv a donné le ton pour 2012 : les institutions publiques sont invitées à « la transparence », en mettant en ligne l’ensemble de leurs données. Des collectifs se sont créés pour faire du lobbying auprès des autorités publiques. A Lyon, on s’éveille tout juste au principe, les volontés politiques sont encore discrètes. Un groupe indépendant, opendata69, tente toutefois de faire émerger le débat autour d’enjeux locaux majeurs de l’opendata, tels que les transports en commun.

@article{Clauzel:2011:Lyon-est-elle-fermee-a-l-ouverture-des-donnees-publiques,
  title = {Lyon est-elle fermée à l’ouverture des données publiques ?},
  journal = {Rue89Lyon},
  year = {2012},
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  url = {https://Damien.Clauzel.eu/post/2012/01/12/Interview-pour-Rue89Lyon-:-«-Lyon-est-elle-fermée-à-l’ouverture-des-données-publiques-»},
  author = {Clauzel, Damien and Daoud, Dalya and Vial, Philippe and Rabih, Samy and Vézine, Marion and Blachier, Romain},
  keywords = {article, élection, Lyon, Parti Pirate, données ouvertes, presse, Rhône-Alpes, OpenData69, Systral},
  language = {french},
  abstract = {Numérique / La mise en ligne du site opendata.gouv a donné le ton pour 2012 : les institutions publiques sont invitées à « la transparence », en mettant en ligne l’ensemble de leurs données. Des collectifs se sont créés pour faire du lobbying auprès des autorités publiques. A Lyon, on s’éveille tout juste au principe, les volontés politiques sont encore discrètes. Un groupe indépendant, opendata69, tente toutefois de faire émerger le débat autour d’enjeux locaux majeurs de l’opendata, tels que les transports en commun.}
}

mercredi 14 décembre 2011

Participation au forum 2011 des Interconnectés

Dans le cadre de mes activités politiques (Parti Pirate Rhône-Alpes et OpenData69) à Lyon, j'étais invité à intervenir au forum 2011 des Interconnectés.

Les exposants du salon :

  • des PME inconnues, qui proposent des clones d’outils existant déjà, avec une grosse surcouche de mercatique
  • ALDIL, présente car invitée chaque année par des relations « pour apporter un contre-point »
  • quelques grands institutionnels (régions)
  • des grands groupes industriels (CISCO, VMware, Orange…)

Les Interconnectés 2011

Atelier : Le pari de l'open-data: pourquoi ouvrir mes données ?

Animateur : M. Charles Nepote, la FING

Intervenants:

  • M. Frédéric Théodore, Communauté urbaine de Bordeaux
  • M. Romain Lacombe, ETALAB
  • Mme Claire Gallon, Directrice LiberTIC
  • Mme Karine Feige, Directrice du projet SITRA
  • M. Jean-Marie Bourgogne, Ville de Montpellier
  • M. Damien Clauzel, Parti Pirate Rhône-Alpes
  • Mme Bernadette Kessler, ville de Rennes
  • M. Mickaël Douchin, Gestionnaire de projet, entreprise réutilisatrice 3liz

J'étais invité à intervenir dans cet atelier sur les données ouvertes aux côtés d'élus, de groupement de citoyen et d'entrepreneur. Nous avons partagé notre expérience sur la mise en place et le travail avec les données ouvertes dans nos communes et agglomérations respectives.

Participants et public

  • Âge moyen d’un peu plus de 40 ans, avec un écart-type pas trop grand.
  • Surtout des hommes en costumes légers. Je crois bien être le seul participant en t-shirt, ou à avoir les cheveux longs.
  • Surtout des institutionnels et des représentants locaux de grands groupes dans les télécoms et l’informatique. Quasiment pas d’élus.
  • Les gens qui portent les plus beaux costumes sont sagement assis au premier rang, à porté des caméras de retransmission :)
  • La présence du Parti Pirate surprend mais est tout à fait comprise. Les gens ont presque tous une vague idée de qui nous sommes et de ce que nous faisons.
  • Très (trop) peu de personnes capable de répondre aux interrogations techniques concrètes (interconnexion des SI' etc)
  • Une pincée de SS2L, mais militantes
  • Quelques personnes techniques, qui semblent surtout accompagner les « responsables » ayant pouvoir de décision

Ma contribution au débat a porté sur le travail de sensibilisation que nous effectuons au PPRA, ainsi que la promotion du collectif naissant OpenData69.

Il en est ressorti que chaque situation locale présentée était fortement différente des autres de part la taille, la nature des données disponibles, les besoins des administrations et les attentes des citoyens.

Les institutionnels ont compris qu’il se passe quelque chose au niveau de l’innovation, que quelque chose nommé « données ouvertes » est mis en avant (sans comprendre précisément de quoi il s’agit) et qu’il faut s’y intéresser maintenant sous peine d’être largué.

Les institutions (collectivités, administrations) recherchent des interlocuteurs pour les guider sur les données ouvertes. Pas de compétence en interne, pas de référent étatique. Du coup, elles se copient les unes sur les autres pour cloner des initiatives ; problème : les terrains varient grandement et donc les initiatives ne prennent pas sans que les gens en comprennent la raison. Il y a donc un besoin de réflexion au niveau supérieur (via des chercheurs et des experts)

Les institutionnels sont bien souvent dépassés : ils viennent juste d’intégrer les pratique de la numérisation des données, et on leur demande de « tout casser pour faire des données ouvertes ». Ils manquent grandement de compétences informatique et ingénierie en interne. Ils sont très peu intéressés pour renforcer leurs effectifs à ce niveau car ils considèrent que ce n’est pas leur mission de « faire de l’informatique ».

Des gens parlent encore du « numérique » comme s’il s’agissait d’un domaine à part. Problème : notre société repose désormais sur internet, et est donc de facto numérique.

En réponse aux beaux discours des groupes industriels, les défenseurs du libre interrogent sur les conditions d’accès et de réutilisation aux données. Bottage en touche gêné, il est sous-entendu que les grands industriels préfèrent vendre les données publiques qu’ils produisent (WTF ?).

La dimension des données ouvertes qui revient le plus souvent est celle de la cartographie avec les SIG. OpenStreetMap apparaît comme la base standard pour construire des outils de présentation des données géolocalisées.

On repère très aisément deux catégories de participants : ceux qui savent ce qu’ils disent quand ils évoquent les données ouvertes car ils ont mis les mains dedans, et les gestionnaires qui parlent de « projets » et de « volonté » sans vraiment savoir ce que ça implique sur le terrain derrière.

Il n’y a pas de cadre général des données ouvertes en France : chaque terrain est différent : origine du projet, acteurs moteurs, communauté des utilisateurs et des réutilisateurs, etc.

Conférence plénière : Repenser le politique à l'heure du numérique: vers un gain démocratique ?

J'étais également invité à participer à la session plénière sur le thème « Repenser le politique à l'heure du numérique: vers un gain démocratique ? » aux côtés de plusieurs élus. De part la composition du panel, c'était LA session potentiellement la plus intéressante de la conférence, mais aussi la plus agitée[1].

Animateur : M. Patrice Carré, France Télécom Orange

Intervenants :

  • M. Dominique Cardon, sociologue et chercheur
  • M. Fabrice Dalongeville, vice-président de l'AMRF et maire d'Auger-Saint-Vincent
  • M. Daniel Nouaille, président de la Communauté de Communes du Val de Vienne
  • M. Benjamin Lancar, conseiller régional d'Ile-de-France
  • Mme Pascale Luciani-Boyer, maire-adjointe de Saint-Maur-des-Fossés et vice-présidente de l'association des maires d' Ile-de-France
  • M. Damien Clauzel, Parti Pirate Rhône-Alpes

L'idée était de discuter sur l'impact d'internet sur les pratiques démocratiques en France (prise de décision, retour des citoyens, etc.)

J'ai été très agréablement surpris par les positions de Benjamin Lancar[2], qui allait à l'encontre de celles défendues par les autres membres de son parti UMP. Il a fait un très joli plaidoyer en faveur de l'ouverture du travail des élus en direction des citoyens, et sur l'importance de la transparence et de l'application des prises de décision sur les sujets sensibles tels que l'attribution des logements sociaux. Sa proposition d'associer les citoyens aux commissions d'études des demandes est une idée que pourrait totalement défendre le Parti Pirate.

Ma principale contribution a été d'exposer la problématique de l'augmentation de l'envie de démocratie participative exprimée par les citoyens au travers d'internet.

Évolution de la pratique démocratique en France

Il y a un siècle de cela, le temps politique et la représentation du peuple n'était pas les mêmes qu'aujourd'hui. Les gens choisissaient un lettré — au sens premier du terme, car peu de gens savaient lire et écrire —et l'envoyaient à Paris pour les représenter. Le voyage était long (parfois plus d'une semaine) et les correspondances épistolaires rendaient les discussions assez longues.

Avance rapide en 2011. L'analphabétisme a presque disparu de France, les déplacements sont aisés et les communications instantanées. Les personnes échangent massivement sur les réseaux sociaux, commentent l'actualité et expriment leurs opinions. Tout naturellement, les critiques (bonnes ou mauvaises) de leurs élus font parti des sujets abordés.

La suite logique est pour les citoyens d'interpeller leurs élus au travers de ces outils informatiques. Là où avant les secrétariats et les portes fermées des bureaux isolaient les élus, ils se retrouvent désormais beaucoup plus proches des citoyens. Voire même trop proche d'après certains élus… Le reproche qu'ils font est de se sentir scrutés par les citoyens qu'ils représentent, l'un parle même « d'invitation forcée dans mon bureau pour regarder par dessus mon épaule ».

En exprimant un désir fort de s'impliquer dans la prise de décisions politiques, et d'une façon plus large d'avoir un impact sur leur vie quotidienne, les citoyens se réapproprient des sujets qu'ils avaient délaissés; ou même jamais abordé.

La démocratie liquide

J'introduis ensuite la notion de démocratie liquide, concept simple à comprendre. Il s'agit d'une technique de vote qui correspond aux caractéristiques suivantes :

  • délégation transitive des voix : un votant peut confier tout ou une partie des voix dont il est dépositaire à une ou plusieurs autres votants. Un votant à qui on confie des voix peut les exprimer ou les confier à un autre votant
  • contrôle des voix : à chaque instant, un votant peut savoir qui est détenteur de sa voix, et la récupérer s'il le souhaite. Il peut alors la confier de nouveau à un votant, ou la conserver pour l'exprimer
  • le vote se déroule durant une période déterminée, à l'issue de laquelle les voix sont figées et leurs détenteurs les expriment.

Le résultat est un système fluide où les voix circulent et s'accumulent après des personnes estimées les plus compétences ou représentatives parmi les votants. Les différentes méthodes habituelles de calculs peuvent être utilisées pour départager les choix : majorité absolue ou relative, méthode de Condorcet, proportionnelle, etc. La démocratie liquide est une technique de vote et non pas une méthode de calcul des voix.

La remise en question de la place de l'élu

La question que je pose au final est de déterminer quels sont désormais les places et rôles des élus dans une société où les citoyens leur reprennent une partie des responsabilités qu'ils leurs ont confié.

Le résultat fut épique : applaudissements de l'audience et outrage des élus du panel (surtout UMP, Lancar excepté car il se pose des questions similaires). Les réponses des élus ont fusé spontanément et dans le désordre. J'ai relevé entre autre :

  • Pascale Luciani-Boyer, élue UMP : « je crois au geste de mettre un bulletin dans l'urne. Pour moi c'est un geste important et vital dans notre société »
  • Daniel Nouaille : « oui mais là ce que vous proposez c'est l'anarchie ! Plus d'élus, tout le monde est chef et chacun se mêle de n'importe quoi ! »
  • un élu semblait un peu perdu, le regard fuyant, dépassé en prenant connaissance de cette question et surtout de la réaction de la salle.
  • Patrice Carré , l'animateur du panel et historien, était amusé par les réactions et partageait ce constat historique et social.

Apparemment j'ai touché un point sensible : le rôle et la porté de l'élu. Je l'explique entre autre par le fait que nombreux sont les élus qui ont choisi de faire carrière dans ce milieu, allant de mandat en mandat. Ils n'ont alors pas de « vrai métier » en dehors de celui d'être « élu ». D'où la peur engendrée par la remise en question de leur activité professionnelle. À mon sens, c'est là une partie du problème : être élu n'est pas un métier, et on ne peut donc pas y faire carrière. La société civile bénéficierait du renouvellement des personnes en charge de la piloter. Pour moi, quand un élu passe du siège de maire à celui de député, pour ensuite aller vers un siège de président de région, pour enfin redevenir maire, il ne s'agit pas d'un changement mais d'une relocalisation. La société ne bénéficie pas de l'apport de compétences et d'idées fraîches, et donc stagne.

Une autre partie du problème est qu'il n'y a pas de véritable statut juridique de l'élu, avec cotisation (chômage, retraite, etc) associées. Un élu qui arrive en fin de mandat se retrouve sans emploi, et ne peut donc compter que sur les particularités spécifiques prévues (identités de départ, caisse, etc) ou sur le soutien de son parti politique afin de leui procurer un autre mandat. Cette approche me déplait fortement car des groupes de personnes travaillent donc à maintenir leurs statuts, alors que leur principale activité doit être de travailler sur les tâches que leur a confié la société.

D'une façon générale, ce qui est ressorti de cette session est que les élus ne sont pas à l'aise avec les outils numériques et les pratiques sociales sur le net, ont peur et se sentent dépassés car en perte de contrôle.

Conclusion

Le bilan que je fais de cette journée de rencontres collectivités-entreprises est que les membres de la société civile sont très inégalement à l'aise avec les pratiques liées au numérique : valorisation des données, échanges sociaux de masse, gestion collective… Il y a (encore !) un gros travail d'information à faire sur l'impact du numérique dans la vie quotidienne. Si les collectivités locales ont pris en main leurs obligations légales, elles restent néanmoins en retrait pour accueillir les citoyens dans cette démarche d'ouverte et de collaboration.

Notes

[1] Heureusement, à part une Rageuse qui a interpellé une élue UMP sur les illuminations de Noël, ça s'est plutôt bien passé. Tendu car des positions surprenantes se sont révélées, mais correct.

[2] quel dommage que sur Twitter il soit aussi tête-à-claque, s'il faisait moins de communication politicienne, on découvrirait qu'il a des choses très intéressantes à dire.

dimanche 11 décembre 2011

Bilan de début de parcours sur la mise en place des données ouvertes à Lyon

Contexte

Dans le cadre de mes activités avec le Parti Ꝓirate Rhône-Alpes pour la mise en place globale des données ouvertes à Lyon, je suis amené à rencontrer de nombreux élus, gestionnaires de collectivités, et responsables d’entreprises.

Si la première étape (rassemblement de personnes au fait des problématiques et motivées pour y répondre) de la mise en place est réalisée depuis de nombreux mois, la seconde (amorçage avec quelques partenaires industriels et administrations choisis et réactifs) est fortement bloquée. Les suivantes (implications des citoyens, établissement d'un écosystème, etc.) sont quant à elles incertaines.

Je liste ici les principaux problèmes que nous rencontrons et je tente d’y répondre par des propositions.

Problèmes rencontrés

Entreprises

Les PME & PMI sont mal informées sur les données ouvertes. Bien souvent elles ne connaissent pas cette démarche ou en ont une vision incomplète.

Les entreprises expriment de nombreuses craintes sur la publication de leurs données : harcèlement de démarcheurs commerciaux, intérêt économique de réaliser cet investissement, perte de contrôle sur l'activité, etc.

Les entreprises qui assurent des missions de service public (comme les TCL) refusent d’ouvrir leurs données les plus basiques sur les services qu’elles fournissent aux citoyens, argumentant que cela ne fait pas parti de leur contrat passé avec la ville. Elles déclarent les commercialiser selon des engagements spécifiques (non-redistribution, etc.)

Administrations

Il y a une absence flagrante de responsables dans les administrations locales : la pratique des données ouvertes y est quasi inexistante ; il n'y a donc pas d’organisation. Personne ne possède l’attribution de piloter l'ouverture des données, donc personne ne prend en charge cette question ; les services se renvoient la balle en se déclarant incompétents.

Citoyens

Les citoyens qui désirent individuellement mettre en place des initiatives de données ouvertes n'ont pas accès aux données nécessaires. Les entreprises leur claquent la porte au nez, et les administrations les promènent de service en service pour finalement les ignorer.

Propositions pour soutenir le développement des données ouvertes à Lyon

Les administrations doivent être motrices de l’amorçage de l’environnement des données ouvertes. Ce ne seront ni les entreprises (par crainte) qui seront à Lyon le moteur initial des données ouvertes, ni les citoyens (tributaires des données captives).

La collecte, la diffusion et l'utilisation de données ouvertes sauvages[1] est une solution tout à fait envisageable auprès de certaines entreprises récalcitrantes qui remplissent des missions de service public. Cette approche permet de mettre directement les entreprises en face de la question des données ouvertes, et de les obliger à prendre en compte l'évolution de la société.

Dans les administrations, il est nécessaire d'attribuer visiblement la responsabilité de la mise en place et de la gestion des données ouvertes, et ce dans une approche transversale des différents services. Le point de blocage étant ici politique, il est nécessaire de le régler à ce niveau via des personnes (élus, hauts responsables…) pouvant prendre des décisions et mettre en œuvre la démarche des données ouvertes.

Note

[1] J’appelle « données ouvertes sauvages » des données légalement mises à la disposition du public, mais non destinées par leur propriétaire à être réutilisées dans un cadre plus vaste. Par exemple, il peut s'agir d'informations sur un réseau de transport public, collectées via une aspiration de site web suivi d'une extraction. De telles données sont actuellement dans le cadre gris de la loi : pas explicitement interdites, mais pas non plus encadrées. Exemple : Indian Rail Database

samedi 10 décembre 2011

Interview pour Justine Fontaine

Dans le cadre de mes activités sur les données ouvertes à Lyon avec le PPRA, Justine Fontaine m'a interrogé pour réaliser une interview.

@article{Clauzel:2011:Zen-attitude-au-Parti-Pirate-lyonnais,
  title = {Zen attitude au Parti Pirate lyonnais},
  year = {2011},
  month = dec,
  day = 9,
  url = {https://damien.clauzel.eu/post/2011/12/10/Interview-pour-Justine-Fontaine},
  author = {Clauzel, Damien and Fontaine, Justine},
  keywords = {article, élection, Lyon, Parti Pirate, politique, presse, Rhône-Alpes, données ouvertes, transport},
  language = {french},
  abstract = {Gwendoline Desliens et Damien Clauzel seront les deux candidats du Parti Pirate aux législatives dans le Rhône. Comment le « PP » se prépare-t-il à l’abordage de ses élections (perdues d’avance?).}
}

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